Arrêté le 19 août 2022 par la Special Striking Team, l’avocat Akil Bissessur a vu l’accusation provisoire de possession de drogue synthétique dont il faisait l’objet être rayée par le tribunal de Bambous, le 28 mars 2023. L’homme de loi estime que sa réputation a été « salie pour toujours » et entend demander réparation en justice.
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C’est une décision de justice à laquelle il fallait s’attendre, selon Akil Bissessur. Le Quatrebornais, âgé de 40 ans, dit n’avoir jamais douté de l’issue de cette affaire. « Je n’avais pas peur de ce qu’allait conclure la cour, mais je craignais qu’il puisse m’arriver quelque chose quand j’étais enfermé », dit-il. L’avocat, qui compte 13 ans au barreau mauricien, a passé 18 jours en détention préventive. Il avait été arrêté au domicile de sa compagne, Doomila Devi Moheeputh, une Marketing Executive de 46 ans, à Palma, le 19 août 2022.
Selon la police, de la drogue synthétique d’une valeur de Rs 260 000 a été retrouvée dans la maison en question. L’avocat a, toutefois, donné une autre version. Ceci dans le cadre de sa motion visant à faire rayer l’accusation provisoire retenue contre lui. Selon Akil Bissessur, son arrestation cacherait une « manœuvre politique ». Il affirme que la drogue a été « planted » chez sa compagne. Il a d’ailleurs relaté, en cour de Bambous, qu’après son arrestation au domicile de sa petite amie, il a été conduit par la police à sa résidence à Dreamton Park, Quatre-Bornes.
En route, il dit avoir averti les policiers que sa maison est sous surveillance caméra, connectée au Cloud. Sur ce, le cortège de police s’est arrêté près d’une boutique. Il dit avoir alors aperçu et entendu l’assistant surintendant de police Ashik Jagai dire : « Nou pe al laba mem la, madam. »
L’avocat ajoute que ce jour-là, les policiers étaient à la recherche du dossier d’un de ses clients. Dossier qui contiendrait des éléments dommageables pour la femme d’une personnalité politique et qui aurait trait à une affaire de mœurs.
Contre-attaque
Le tribunal de Bambous a principalement considéré le fait que la police a failli à enquêter sur la version donnée par l’avocat. Cela, d’autant plus que les résultats d’analyse confirment l’absence de preuves ADN ou d’empreintes pouvant lier le couple à la drogue. Que compte-t-il faire maintenant ?
« L’État devra me payer des dommages. C’est navrant que ce soit le contribuable qui risque d’en faire les frais, car les policiers que je citerai ne mettront pas la main à la poche. J’ai perdu la quasi-totalité de mes clients. Mon nom a été terni. Ma famille a vécu un calvaire », dit-il.
Aujourd’hui, l’avocat dit étudier la possibilité de déposer une plainte en réclamation pour dommages de Rs 500 millions pour arrestation arbitraire. Toutefois, il compte dans un premier temps réclamer Rs 150 millions pour la fuite des vidéos et images intimes de son couple. Celles-ci se trouvaient, selon lui, sur le portable de sa compagne, qui était en possession de la police lorsqu’il y a eu fuite.
Il compte également poursuivre le Premier ministre Pravind Jugnauth en diffamation. Cela, dit-il, pour les propos de ce dernier lors du congrès du Mouvement socialiste militant au Plaza, à Rose-Hill, quelques jours après son arrestation. Le Premier ministre avait notamment déclaré : « Li (Akil Bissessur) ti lor nou radar… »
S’agissant des montants astronomiques qu’il entend réclamer, l’avocat met en avant un manque à gagner sur le plan professionnel. « Je gagnais ma vie correctement. Avant, je touchais 1 500 USD par mois d’une importante firme à l’étranger. J’ai aussi une fois obtenu 120 000 USD rien que pour une injonction. Croyez-vous que j’aurais pu défendre des clients ici à Maurice gratuitement si je n’avais pas ce genre de revenu ? » déclare Me Akil Bissessur.
Sa compagne devra encore patienter
Si Akil Bissessur a été fixé sur sa demande visant à rayer l’accusation provisoire retenue contre lui, en revanche sa compagne Doomila Devi Moheeputh devra encore patienter jusqu’au 19 avril 2023. Date à laquelle le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) est appelé à faire part de sa position sur la demande de la jeune femme pour être, elle aussi, relaxée dans cette affaire. Interpellée le 19 août 2022, Doomila Devi Moheeputh a obtenu la liberté sous caution le 7 septembre 2022.
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