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Mauritian Wildlife Foundation : L’Île aux Aigrettes ou l’Arche de Noé 

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Pour les voir en action sur leur lieu de travail hors du commun, il faut parcourir moins d’un kilomètre en mer. Au quotidien, leur journée commence à six heures. Ils sont une dizaine de conservateurs de la Mauritian Wildlife Foundation qui se dévouent à restaurer la faune et la flore de cette île en calcaire corallien située dans la baie de Mahébourg.   

Laksha Domah, biologiste de conservation sur l’Île aux Aigrettes.
Laksha Domah, biologiste de conservation sur l’Île aux Aigrettes.

Biologiste de la conservation pour la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) depuis un an, Laksha Domah est originaire de Coromandel. Âgée de 24 ans, elle vit sur l’Île aux Aigrettes du lundi au vendredi. Ce n’est que le samedi matin qu’elle regagne la terre ferme, histoire de passer un moment en famille.

Après ses études à l’Université de Maurice, Laksha Domah opte pour être volontaire à la MWF. Après deux mois d’essai, cette ancienne élève du collège Dr Maurice Curé est embauchée pour travailler à plein temps sur le Passerine Project visant à conserver le Mauritius Fody. Ce dernier est un petit oiseau chanteur endémique, autrefois très commun dans les forêts de Maurice. 

Ses parents sont réticents à l’idée qu’elle habite l’Île aux Aigrettes. Elle réussit à les convaincre et s’adapte à sa nouvelle vie au cœur de la nature. Cela même si elle se fait piquer par des guêpes. 

Walk on the Wild Side… Cette inscription, qui figure sur le t-shirt de Laksha, traduit parfaitement le quotidien de la biologiste. Chaque matin, à 6 h15, elle enfile des chaussures de trekking pour se rendre aux feeding stations afin de nourrir les Mauritius Olive White-Eye. Ces derniers sont, eux, les moins connus. Ils sont les plus petits des oiseaux chanteurs mauriciens se trouvant dans les forêts du Parc National des Gorges de la Rivière Noire. L’International Union for Conservation of Nature (IUCN) les considère comme étant en danger critique d’extinction.

Pour nourrir les Olive White Eye, Laksha place un bol de fruits et suppléments de nourriture. Ces oiseaux ne manqueront pas de venir en manger à leur passage dans les environs. On attend patiemment leur arrivée pour voir s’ils ont vraiment des lunettes blanches. Laksha éclate de rire, car elle sait qu’on ne les trouvera pas à cette heure.

Direction ensuite le main aviary du Mauritius Fody pour un aperçu du marquage d’oiseau en conservation.  Laksha tire sur une corde. On croirait voir Tarzan à l’œuvre dans une brousse. Elle jette un rapide coup d’œil pour trouver ce bel oiseau dont le plumage rouge vif de la tête à la poitrine fait son charme, tout en surveillant son prédateur : le Bulbul. Ce dernier est un oiseau de préoccupation mineure, accusé d’être un danger pour les Mauritius Fodies. Mais aucun Bulbul n’est visible  à l’horizon…

Perte de biodiversité

La biologiste explique qu’avec l’importante perte de biodiversité, la conservation des populations devient un enjeu majeur pour la survie des espèces. Les techniques de capture-marquage-recapture (CMR) et les modèles mathématiques associés ont un rôle prépondérant dans la mise en place d’une politique de préservation à long terme des populations, des communautés et des écosystèmes. Ces méthodes permettent d’estimer le nombre d’individus dans une population, et, ainsi, d’interpréter le taux de reproduction, de survie et la dynamique de cette population, entre autres. Le marquage en conservation revêt donc toute son importance, puisqu’il renseigne sur l’état d’une population et permet ainsi l’identification de populations en déclin et d’espèces en danger. À noter, toutefois, que les différentes stratégies de CMR varient selon le contexte de conservation. 

Laksha consacre également beaucoup de temps à l’observation des Mauritius Fodies. Dans son petit carnet, elle note tout les détails qui lui permettront de compiler des données lorsqu’elle retournera à son poste de travail. Là, ses collègues en font de même. Le maître mot sur l’île pour l’équipe de la MWF : teamwork.

Les efforts de conservation du Mauritius Fody ont commencé à la fin des années 90.  Sur l’Île aux Aigrettes, la MWF contrôle les prédateurs afin de maintenir un habitat natif aux espèces endémiques en danger. Cela, tout en créant de nouvelles sous-populations pour assurer leur survie future. 

Le sauvetage des poussins, des nids pour l’élevage manuel et la réintroduction ultérieure ont commencé en 2002 et en 2003. Les premiers lâchers du Mauritius Fody ont été effectués sur l’Île aux Aigrettes. Cette réintroduction a été un grand succès et les oiseaux se reproduisaient déjà en 2004. En mai 2009, le statut du Mauritius Fody sur la liste rouge de l’IUCN a été revu, passant de « critique » à « en danger ». Bien que ce soit une étape positive, les conservateurs de la MWF multiplient leurs efforts pour augmenter le nombre d’oiseaux. 

Désormais, l’île en est à sa « capacité de charge » pour cette espèce et fournit des informations utiles pour la planification de futures « translocations ». Laksha,  quant à elle, continue inlassablement son travail sur l’Île aux Aigrettes.
 

 

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