
Le Fonds monétaire international a toujours été en faveur de l’indépendance de la Banque de Maurice. Il soutient donc les plans des autorités mauriciennes visant à supprimer progressivement la participation de celle-ci dans la Mauritius Investment Corporation.
Depuis plusieurs années, le Fonds Monétaire international (FMI) incite les autorités mauriciennes à préserver l’indépendance de la Banque de Maurice. Les administrateurs du FMI ont évoqué le sujet dans différents rapports de l’Article IV. Ils proposent de réfléchir à la possibilité d’éliminer graduellement la participation de la banque centrale dans la Mauritius Investment Corporation (MIC). À titre d’exemple, l’article IV de 2022 sous la direction de Cemile Sancak recommandait que la Banque de Maurice (BoM) se désengage de l’actionnariat de la MIC. Ce souhait pourrait être exaucé sous le nouveau régime.
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Une mission du Fonds monétaire international (FMI) dirigée par Mariana Colacelli était de passage à Maurice du 31 mars au 11 avril 2025 pour mener les consultations au titre de l’article IV. Mariana Colacelli a animé une conférence de presse à cet effet le 11 avril au Hennessy Park Hotel. Elle a fait observer que le regard du FMI sur la MIC n’a pas changé. « La MIC a été mise en place durant la pandémie. Le FMI avait dès lors souligné le risque par rapport à la manière dont cet organisme a été structuré. Nous avons conseillé à la Banque de Maurice de réduire sa participation de la BoM dans la Mauritius Investment Corporation. Nous soutenons les plans des autorités d’aller dans cette direction », a fait ressortir Mariana Colacelli.
Le FMI note que depuis 2023, l’orientation de la politique monétaire est devenue moins accommodante et l’inflation a diminué pour atteindre la fourchette cible de la BoM. Selon l’organisme, la Banque centrale devrait rester prête à resserrer davantage l’orientation de la politique monétaire si les pressions inflationnistes devaient se raviver. « La mise en œuvre du cadre de politique monétaire doit être renforcée et l’indépendance de la BoM doit être préservée. La conservation des réserves de change renforcera la résistance de l’économie face aux chocs extérieurs », a argué la chef de mission.
Le FMI concède que le niveau de la dette est très critique
L’orientation de la politique budgétaire pour l’exercice 2024/25 devrait être expansionniste, comme ce fut le cas lors de l’exercice 2023/24. Le déficit budgétaire primaire est en passe de se creuser pour atteindre 6,6 % du PIB, hors dons. La dette publique devrait s’élever à près de 90 % du PIB à la fin juin 2025. « Notre évaluation de la dette comprend une analyse comparative de ce que nous considérons comme soutenable d’un point de vue fiscal. La dette comprend certaines échéances et certains taux d’intérêt. 90 % des personnes interrogées estiment qu’il est nécessaire de reconstituer la marge de manœuvre budgétaire pour soutenir l’économie. Le pourcentage en termes du PIB est très critique. Une évaluation plus détaillée concernant les 90 % sera publiée dans notre rapport de juin », a indiqué la chef de mission.
Que suggère le FMI ? L’institution recommande la mise en œuvre d’un plan ambitieux d’assainissement budgétaire à moyen terme, favorable à la croissance, à partir de l’exercice 2025/26. C’est important afin d’aider à reconstituer la marge de manœuvre budgétaire et de soutenir la viabilité des finances publiques. Il est nécessaire d’augmenter les recettes fiscales et de réduire les dépenses courantes tout en protégeant les plus vulnérables et en renforçant la gouvernance budgétaire. « Nous discutons avec le gouvernement et il y a différentes façons de procéder. Il existe un pilier de revenu. Pour y parvenir, il faut augmenter les recettes fiscales. Un deuxième pilier consiste à contenir les dépenses courantes. Un troisième pilier consiste à améliorer la gouvernance fiscale », a-t-elle ajouté.
Réformes structurelles
L’avancement des réformes structurelles visant à favoriser la compétitivité extérieure et la croissance tirée par le secteur privé tout en renforçant la résilience climatique réduira les déséquilibres extérieurs. Les réformes clés amélioreront la gouvernance, maintiendront la conformité avec les normes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, stimuleront la compétitivité du secteur privé et amélioreront l’offre de main-d’œuvre et les compétences.
Vers une inflation contenue en 2025
L’inflation globale devrait rester contenue en 2025. C’est l’avis du FMI. Après avoir atteint 7 % en 2023, l’inflation a diminué à 3,6 % l’année suivante. En mars 2025, l’inflation se chiffrait à 2,5 %. Ce taux est dans la fourchette cible de la Banque de Maurice (BoM) qui est de 2 à 5 %. Le taux a bénéficié de la baisse des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie et de la réduction des droits d’accise sur les carburants.
Croissance de 3 % cette année
Le PIB réel a connu une croissance robuste de 4,7 % en 2024. Celle-ci a été positivement influencée par les services, la construction et le tourisme. Les perspectives de croissance sont favorables, soutenues par le secteur des services. Cependant, le FMI table sur un taux de croissance de 3 % cette année pour Maurice. Ces prévisions devraient être impactées par l’affaiblissement de la demande extérieure, du ralentissement de l’activité touristique et de la grave sécheresse.
« Une détérioration de la croissance mondiale et une plus grande incertitude sur les marchés commerciaux et financiers pourraient freiner la croissance. Des retards dans le recalibrage du dosage des politiques macroéconomiques pourraient conduire à un ajustement désordonné. Des événements climatiques extrêmes pourraient endommager les infrastructures et l’agriculture, affaiblissant le tourisme et la croissance », évoque cependant Mariana Colacelli.
Les discussions sur les politiques, selon elle, se sont concentrées sur le recalibrage du dosage des politiques macroéconomiques. L’objectif est de reconstituer l’espace budgétaire, le renforcement du cadre de la politique monétaire et le maintien de la stabilité financière.
State of the economy
Les représentants du FMI ont lu le rapport qui s’intitule ‘State of the economy’ publié par les autorités mauriciennes au début de leur mandat. Le FMI en a discuté avec elles. Celles-ci ont partagé des données pour permettre de concilier les chiffres révisés et les méthodologies. « Nous avons parlé d’un délai concernant le cadre pour les standards de données. Nous essayons de voir comment aider le gouvernement à mettre en place de meilleures pratiques », a avancé Mariana Colacelli.
Le FMI reconnait l’effort du pays pour améliorer la précision et la transparence des données économiques. « Nous accueillons l’approche du gouvernement. L’intégrité des statistiques est fondamentale pour des décisions politiques. »
Elle a dit :
- « Le déficit du compte courant extérieur devrait se creuser en 2024 »
- « Le FMI évalue comment les annonces du président Trump vont affecter l’économie mondiale. Les projections économiques mondiales du FMI seront présentées plus tard durant le mois d’avril ».
En chiffres
Les réserves de change : 8,4 milliards de dollars à la fin de l’année 2024.

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