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Mare-Chicose : bien plus qu’une décharge, un modèle de gestion durable

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Que deviennent les déchets ménagers après qu’ils ont été ramassés par les éboueurs ? Un parcours complexe commence et ils aboutissent à Mare-Chicose. Ce site d’enfouissement est bien plus qu’une simple décharge. Une gestion environnementale avancée avec des technologies innovantes en faveur du développement durable s’opère en ce lieu. Elle limite l’empreinte écologique des déchets. Incursion dans cette installation stratégique à Maurice.

Le site d’enfouissement de Mare-Chicose est souvent au cœur des débats environnementaux à Maurice. C’est la seule décharge de l’île depuis 1997. Et le site a longtemps été perçu comme une menace écologique en raison de son taux de remplissage accéléré. C’est aussi à cause de l’absence de solutions alternatives efficaces pour le traitement des déchets. Avec une production quotidienne d’environ 1 800 à 2 000 tonnes de déchets pour une population d’environ 1,3 million d’habitants, la saturation du site semble inévitable. Approximativement 50 000 tonnes de déchets y sont traitées tous les mois.

Face à cette crise imminente, les autorités ont décidé de prendre le taureau par les cornes. En juillet 2024, un contrat de dix ans a été renouvelé en faveur du consortium Sotravic/Strata, chargé de la gestion et de l’exploitation de Mare-Chicose. Cette reconduction, bien que controversée, s’inscrit dans une volonté de modernisation du site. Le consortium a ainsi introduit des équipements de pointe, notamment un compacteur de déchets BOMAG BC au coût de Rs 39 millions, permettant une meilleure optimisation des espaces et une gestion plus efficace des détritus enfouis quotidiennement.

Anoop Parackal Ravi, Project Manager de Sotravic et Mohammed Butler, Head of Operation.
Anoop Parackal Ravi, Project Manager de Sotravic et Mohammed Butler, Head of Operation.

Mais Mare-Chicose n’est pas à l’abri des incidents. En début d’année, le site a été la proie des flammes, ravivant les inquiétudes sur la sécurité des infrastructures et les risques pour la santé publique. Pendant plusieurs semaines, les pompiers et les autorités compétentes ont dû redoubler d’efforts pour maîtriser l’incendie. Cet exercice a été suivi de près par le ministre de l’Environnement, Rajesh Bhagwan. L’incendie a mis en avant l’urgence d’une politique plus stricte en matière de gestion et de prévention des risques liés aux déchets.

« Après l’incendie en janvier, nous avons mis au point un système réactif qui marche très bien. Les incendies arrivent souvent dans les décharges et désormais, lorsqu’il y a un risque, nos excavateurs ainsi que nos citernes à eau sont toujours en mode veille pour agir immédiatement. Sotravic, ce n’est pas juste la gestion des déchets, c’est de l’ingénierie collaborative », explique Anoop Parackal Ravi, Project Manager de Sotravic.

Aujourd’hui, Mare-Chicose est à la croisée des chemins. Fréquemment critiqué pour sa mauvaise gestion par le passé, il incarne dorénavant un défi majeur pour Maurice. Il est vital de conjuguer développement durable, innovations technologiques et impératifs environnementaux. La mise en place d’une stratégie de recyclage à grande échelle et l’exploration d’alternatives comme la valorisation énergétique des déchets seront cruciales pour que cette infrastructure ne devienne pas, dans les années à venir, une bombe écologique.

Anoop Parackal Ravi fait ressortir que la gestion des déchets requiert une approche stratégique et globale à long terme. « Nous avons adopté une approche structurée et organisée pour la gestion du projet. Nous avons un contrat de dix ans et nous mobilisons les ressources en fonction des besoins. Comme vous avez pu le constater, l’activité y est intense sur le site. Et malgré l’apparente effervescence, tout est parfaitement coordonné. »

À ce jour, Sotravic a déjà investi dans de nouveaux équipements, notamment des compacteurs et des excavatrices. Et la compagnie compte acquérir d’autres machines essentielles. « En attendant leur livraison, nous avons pris des dispositions en collaborant avec des entreprises spécialisées et des sous-traitants afin de garantir la continuité des opérations », indique Mohammed Butler, chargé des opérations à Sotravic.

Le ‘lixiviat’ : le jus des décompositions est capté dans un puit. Il est ensuite traité.
Le ‘lixiviat’ : le jus des décompositions est capté dans un puit. Il est ensuite traité. 

Actuellement, Sotravic dispose de deux compacteurs de base, deux bulldozers, huit excavatrices, dix camions-citernes pour le transport du lixiviat, une chargeuse sur pneus, trois camions triples à benne ainsi que des foreuses pour les études géotechniques.

Des monticules de déchets.
Des monticules de déchets.

Pour Anoop Parackal Ravi, l’avenir ne s’arrête pas là. Sotravic fera très prochainement l’acquisition d’autres équipements afin que la gestion des déchets se fasse de façon plus respectueuse de l’environnement. 
« Notre plan de développement ne s’arrête pas là. Nous prévoyons l’acquisition de deux excavatrices supplémentaires d’ici à la fin avril, ainsi que deux bulldozers supplémentaires d’ici à la fin de juin. Un autre compacteur de base viendra s’ajouter à notre flotte d’ici à la fin d’août et trois nouveaux camions-citernes seront disponibles dès la fin de juin. »

Des études sont en cours pour voir si l’autre partie de la montagne pourra être utilisée comme site d’enfouissement.
Des études sont en cours pour voir si l’autre partie de la montagne pourra être utilisée comme site d’enfouissement.

Cependant, au-delà des investissements matériels, la question centrale reste la hausse constante du volume des déchets. 494 073 tonnes de déchets ont été enfouies en 2022. Ce chiffre a grimpé à 541 141 tonnes en 2023, soit une augmentation de 9,5 %. Cette tendance alarmante soulève une problématique majeure : la nécessité d’une réduction à la source et d’un changement des habitudes de consommation. Car la solution ne réside pas uniquement dans une meilleure gestion des déchets, mais aussi dans une approche plus responsable de leur production. C’est le défi que Maurice doit surmonter.

Comment sont gérés les déchets à leur arrivée au centre d’enfouissement ?

Le centre d’enfouissement de Mare-Chicose est le principal site de traitement des déchets solides à Maurice. Voici comment les déchets y sont gérés.

  • Collecte et transport : les déchets ménagers et industriels sont collectés à travers l’île par les autorités municipales et les entreprises privées avant d’être transportés vers Mare-Chicose.
  • Pesée et inspection : à Mare-Chicose, les camions passent sur une balance qui enregistre la quantité de déchets. Un contrôle est effectué pour s’assurer qu’aucun déchet interdit (toxique, médical, industriel non conforme) n’y est déversé.
  • Enfouissement : les déchets sont ensuite déposés dans des cellules spécialement conçues avec une géomembrane pour empêcher la contamination du sol et des nappes phréatiques. Toutes les couches de déchets sont recouvertes régulièrement de terre pour limiter les odeurs et la prolifération d’insectes et de rats. Mare-Chicose compte neuf cellules d’enfouissement et trois autres seront prochainement ajoutées au site.
  • Gestion des lixiviats : un système de drainage collecte le jus de décomposition (lixiviat), qui est ensuite traité avant d’être rejeté dans l’environnement pour éviter toute pollution.
  • Récupération du biogaz : les déchets en décomposition produisent du méthane. Un système de captage est en place pour récupérer ce biogaz, qui peut être utilisé comme source d’énergie.
  • Surveillance environnementale : des contrôles réguliers sont effectués pour surveiller l’impact du site sur l’environnement, notamment la qualité de l’air, de l’eau et du sol.
 

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