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Marche vers Gaza : trois Mauriciens face au mur de l’indifférence

Fin juin, trois membres de Lalit – Alain Ah-Vee, Ragni Kistnasamy et Aly Korimbokus – ont rejoint un convoi pas comme les autres. Direction Gaza. Objectif : briser le silence. À l’appel de l’ONG américaine Code Pink, plus de 4 000 militants venus de 80 pays se sont réunis dans le désert égyptien pour une mobilisation mondiale : la Global March to Gaza.

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Le trio mauricien n’est pas étranger à ce type de mobilisation. « Le parti Lalit a toujours défendu les droits humains. Quand Code Pink nous a invités, il n’était pas question d’hésiter », raconte Alain Ah-Vee, militant historique du parti.

Le point de départ est donné depuis Arish, une ville au nord du Sinaï. Pendant trois jours, sous un soleil implacable, les marcheurs avancent, pas après pas, vers Rafah – frontière sud de Gaza, verrouillée par l’armée israélienne. Tentes, vivres, eau potable… La logistique est militaire. La détermination, elle, est humaine. « Il fallait tenir. Malgré la chaleur, malgré l’épuisement. C’est une marche de solidarité, pas un acte symbolique », insiste Alain.

Mais au terme de cette traversée éprouvante, la frontière reste fermée. Comme des dizaines de camions humanitaires – chargés de nourriture, de médicaments, de vêtements et de carburant – les marcheurs sont stoppés net. Par l’armée israélienne, appuyée, selon eux, par les autorités égyptiennes.

Alain Ah-Vee parle d’une famine délibérée (voir aussi en page 51). Il ne mâche pas ses mots : « Ce blocus n’est pas un hasard. C’est une stratégie assumée. Et elle est soutenue, indirectement ou non, par plusieurs gouvernements, dont l’Égypte. » Il pointe également du doigt l’inaction, voire la complicité, d’alliés occidentaux. Pour lui, les camions bloqués sont le symbole d’un monde qui regarde ailleurs. Pendant ce temps, d’autres convois – notamment des bus algériens, tunisiens et mauritaniens, surnommés Sumud (résistance, en arabe) – sont arrêtés par les forces libyennes. 

Ce que Ragni Kistnasamy a vu sur place, elle n’est pas prête de l’oublier. Militante aguerrie, mais bouleversée, elle témoigne : « On tuait des enfants. Des femmes affamées attendaient de l’aide alimentaire. Et on leur tirait dessus. »

Elle refuse que ce qu’elle a vu soit oublié. « Les bombardements continuent. Les camions d’aide s’entassent, pendant qu’Israël impose sa propre structure : la Gaza Humanitarian Foundation, financée par les États-Unis », dénonce-t-elle.

Elle parle aussi d’un contexte de peur extrême. « Les soldats israéliens tirent à vue. Ils empêchent toute approche. Même l’aide médicale n’est pas tolérée. »

Un effort global, une voix commune

La marche de juin n’était qu’un maillon d’une mobilisation plus large. À l’échelle planétaire, le mouvement Going in Person to Gaza s’est déployé sur trois fronts : un convoi terrestre (Sumud) depuis le Maghreb, la Freedom Flotilla, avec notamment l’activiste Greta Thunberg à bord du Madleen, et la Global March elle-même, à laquelle Lalit a pris part. À Maurice, une vingtaine d’organisations syndicales et civiles ont soutenu cette initiative. Le but : rendre audible la voix des militants, relayer leurs récits, et dénoncer un système qui laisse mourir dans l’ombre.

Dans une newsletter datée du 3 juillet, Lalit résume l’objectif de cette mobilisation : « Briser le silence international et alerter le monde. Dire, avec force, que ce qui se passe à Gaza n’est pas une crise humanitaire accidentelle. C’est un choix politique. »

 

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