Une réplique de la marche du 29 août 2020 ? Certains diraient que non, mais au sein des partis politiques organisateurs, on explique que la présence de politiciens mainstream a découragé pas mal de personnes. Cependant, bon nombre de Mauriciens étaient présents pour réclamer le départ du gouvernement.
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La foule a occupé une partie de la rue Desforges et s’est étendue devant la municipalité et jusqu’à la Place d’Armes. Certains en ont profité pour faire la fête en dansant au rythme des diverses musiques. Puis, la marche a débuté vers 14h20, après les discours du Leader de l’opposition, le Dr Arvin Boolell et Bruneau Laurette.
Nando Bodha a fait son apparition dans la foule devant la municipalité de Port-Louis avant la marche. Il est apparu aux côtés d’Ashok Jugnauth. Puis, il a donné l’accolade à certains manifestants et s’est livré à des séances de photos. Derrière lui, il y avait des pancartes parlant de l’affaire Angus Road. L’ancien ministre s’est ensuite frayé un chemin dans la foule avant de se placer derrière le leader du Mouvement Militant Mauricien (MMM) Paul Bérenger pour marcher jusqu’à la Place d’Armes. Cependant, Nando Bodha a quitté la manifestation vers 15 h 40, escorté par ses proches collaborateurs, et s’est dirigé vers sa voiture. Il a été suivi par Roshi Bhadain et n’a pas voulu faire de déclaration.
Bruneau Laurette : « Prosenn demars nou pou al reklam depar Jangi »
Dans son discours, samedi 13 février, Bruneau Laurette s’est félicité de l’affluence des citoyens à la marche vers l’Hôtel du gouvernement. Il a fait ressortir que le but avoué de cette série de rassemblements est de pousser le gouvernement de Pravind Jugnauth vers la porte de sortie. « Lavenir dan zott lame... Lame dan lame mett gouvernman deor ».
L’activiste a affirmé que la manifestation traduit la colère du people. Il a déclaré que Yogida Sawmynaden n’a pas le droit moral de toucher le salaire d’un élu.
Bruneau Laurette estime qu’il faut en finir avec la « politique copain copine ». Déplorant ce qu’il décrit comme des traitements de faveur dans certains services, il a mentionné des contrats controversés, alloués par le gouvernement. Il a aussi fait allusion au dossier Agalega : « Tir nou drwa dan nou pei, finn ler pour fer referandom », plaidant pour que le peuple doit être consulté sur cette question. Il a remercié les leaders politiques pour leur contribution à cette manifestation.
Arvin Boolell : « Nous voulons retrouver la justice et les valeurs républicaines »
Le mot d’ordre dans le camp de l’opposition et la force citoyenne : faire partir le gouvernement. « Il faut une symbiose entre l’opposition parlementaire et extraparlementaire ainsi que la force citoyenne. C’est la seule façon de pousser ce gouvernement vers la porte de sortie », a déclaré Arvin Boolell. Il était le seul, hormis Bruneau Laurette, à pouvoir prendre la parole avant et après la tenue de la marche pacifique le samedi 13 février 2021. Décision qui avait été prise au préalable pour éviter tout dérapage.
Le leader de l’opposition a ensuite avancé qu’une « culture d’immoralité » règnerait au pays. « Nous devons dire non, non et non ! Nous voulons retrouver la justice, les valeurs républicaines, la méritocratie, la transparence et la bonne gouvernance. Nous voulons que tout le monde soit uni. L’île Maurice a de la place pour tous », a-t-il martelé.
Ce que réclame la force citoyenne ? « Davantage de dialogue avec la classe politique. Il faut des consultations. Aucune décision ne doit être prise de manière unilatérale », a expliqué Arvin Boolell. Pour lui, « lorsque les citoyens revendiquent leurs droits, les politiciens doivent se courber ». Il a affirmé qu’il « n’y avait ni couleur politique, ni religion ». Il a fait ressortir que c’est la République de Maurice qui a été mise en avant. « Nous avons marché indépendamment de nos idées et de nos affinités politiques. »
Navin Ramgoolam : « Ena bann evenman ki baskil bann destin »
Pour le leader du Parti travailliste, le Dr Navin Ramgoolam, la marche est un succès. Il estime qu’il s’agit du type d’évènement qui fait basculer le destin d’un pays. « Morisien fin plin ek sa gouvernman, ki bizin ale. Ena bann evenman ki baskil ban destin ».
Il s’est dit satisfait que les partis de l’opposition parlementaire et extraparlementaire aient réussi leur pari. « Nous avions lancé un appel aux Mauriciens pour qu’ils se mettent debout pour réclamer le départ du gouvernement Jugnauth », a-t-il rappelé.
Roshi Bhadain : « Les jours de Pravind Jugnauth comme Premier ministre sont comptés »
Le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, affirme que cette marche signifie le début de la fin pour Pravind Jugnauth au pouvoir. « Les jours de Pravind Jugnauth comme Premier ministre sont comptés ». Il a déclaré encore que « Pravind Jugnauth bizin lev pake ale ». Quant à Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ, il a affirmé que les gens n’étaient pas venus « akoz Ramgoolam, Bérenger, Duval ou Bhadain » mais pour « enn nouvo Moris ».
Sit-in avorté au milieu de la Place d’Armes
Une fois les discours d’Arvin Boolell et de Bruneau Laurette terminés, ce dernier a demandé aux participants s’ils étaient fatigués. « Non ! », ont-ils scandé. « Moi je suis fatigué, alors je vais m’asseoir et je vous invite à en faire de même », a répondu l’activiste. Chose promise, chose due, il s’est faufilé dans la foule au milieu de la Place d’Armes et il s’est assis. Ensuite, il a invité les manifestants à faire de même. Certains ont suivi le mouvement, tout comme Arvin Boolell qui est venu s’asseoir à côté de lui.
« Ce sit-in signifie que nous ne pouvons pas accepter un gouvernement qui fait fi des valeurs démocratiques et qui bafoue la démocratie. […] Ce que le peuple aujourd’hui a démontré, c’est que le droit des citoyens est un droit moral, un droit légal et une force divine. L’arme des citoyens est la manifestation pour revaloriser la démocratie et redonner au pays ses lettres de noblesse », déclare le leader de l’Opposition au Dimanche l’Hebdo.
Cependant, au lieu d’encourager les manifestants à s’asseoir, ce début de sit-in a plutôt attisé leur curiosité. Ils étaient plus nombreux à venir s’enquérir de la situation qu’à s’asseoir, pensant que Bruneau Laurette faisait un malaise.
Légères tensions et petit incendie en fin de cortège
Alors que la foule commençait à peine à se disperser en fin de cortège, la police a tenté d’accélérer l’évacuation de la Place d’Armes. Cela n’a guère plu aux plus motivés des manifestants. « Police complice ! Police complice ! », ont alors scandé certains manifestants. D’autres ont décidé de mettre le feu à un faux cercueil arborant l’inscription « 11 MSM » juste devant le Parlement. L’incendie a très vite été maitrisé par un fonctionnaire avec un extincteur de la Governement House. Il a fallu l’intervention de Bruneau Laurette pour calmer les esprits. « Nous gagnerons ce combat pacifiquement », a-t-il lancé.
La tour de l’horloge municipale envahie
Il est environ 13h30 et la foule s’amasse devant la municipalité de Port-Louis. Certains manifestants cherchent un point en hauteur pour prendre des photos et faire des vidéos de la foule. Quoi de mieux pour cela, que la tour de l’horloge municipale qui trône sur le parvis de la mairie ? Son escalier en colimaçon est rapidement envahi par de nombreuses personnes. Mais, après quelques minutes, la police demande aux manifestants de l’évacuer craignant une chute, car l’édifice ne dispose pas de barrière de sécurité.
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