La population en déclin : Maurice intègre la liste des pays à croissance démographique négative 

• Une 31e place au classement

Dans un monde où la croissance démographique mondiale s’établit à 1 % en 2024, selon les données de la Banque mondiale, une quarantaine de pays et territoires enregistrent un déclin de leur population. Parmi eux figure Maurice, dont le taux de croissance annuel s’établit à -0,12 %, plaçant l’île 31e des pays à plus fortes contractions démographiques au niveau planétaire.

Les données, basées sur les estimations de la Banque mondiale pour 2024, mettent en lumière les disparités démographiques à l’échelle globale. À la tête de ce classement des pays avec la plus forte décroissance figurent des entités marquées par des facteurs structurels exacerbés : le Kosovo, première avec un effondrement de -9,69 %, talonné par Saint-Martin (-5,17 %) et les îles Marshall (-3,35 %). Ces territoires, souvent petits et vulnérables aux migrations ou aux chocs économiques, illustrent les extrêmes d’une tendance plus large. Viennent ensuite des nations d’Europe de l’Est comme la Moldavie (-2,83 %) ou la Macédoine du Nord (-1,97 %), où la faible natalité et l’émigration vers l’Union européenne pèsent lourdement sur les dynamiques locales.

Maurice, avec ses 1,26 million d’habitants estimés en 2024, s’inscrit dans cette dynamique de contraction modérée, aux côtés de géants comme la Chine (-0,12 %) ou la Grèce (-0,16 %), voire le Népal (-0,15%). Ce taux négatif, bien que marginal, marque un tournant pour l’île, qui affichait encore une croissance positive de 0,7 % en 2023.

Les causes en sont multiples et interconnectées : une fécondité en baisse – tombée à 1,4 enfant par femme selon les projections onusiennes récentes –, un vieillissement accéléré de la population (plus de 13 % des Mauriciens ont plus de 65 ans) et une émigration qualifiée vers l’Australie, le Canada ou l’Europe, attirant les jeunes talents en quête d’opportunités. Ceci contribue à un déséquilibre entre naissances et départs.

En comparaison avec la région, la situation mauricienne tranche nettement. Alors que l’Afrique subsaharienne connaît une croissance démographique vigoureuse – autour de 2,5 % en moyenne –, Maurice partage avec d’autres îles de l’océan Indien, comme les Seychelles ou les Comores, une trajectoire de stabilisation voir de déclin. Ce contraste souligne les effets d’un développement socio-économique réussi : l’espérance de vie à la naissance, qui avoisine les 75 ans, et un accès généralisé à l’éducation et à la contraception ont freiné l’expansion démographique. Conséquence directe de ce « succès » : une main-d’œuvre en rétrécissement menace la compétitivité des secteurs phares comme le tourisme et les services financiers, tandis que la pression sur les systèmes de retraite et de santé publique s’intensifie.