Le « State of Economy » a révélé une situation économique précaire avec plusieurs organismes parapublics croulant sous des dettes massives. Megh Pillay appelle à leur réintégration comme véritables garants des intérêts nationaux, loin de tout pouvoir centralisé. Pour lui, il est impératif qu’ils soient indépendants pour éviter la captation de l’État ayant marqué la dernière décennie.
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Le gouvernement a brossé un sombre tableau de la situation économique. Le « State of Economy », récemment rendu public, révèle que plusieurs organismes parapublics se trouvent en difficulté avec des dettes se chiffrant en milliards de roupies. Quel chemin doit-on emprunter ? Quelles réformes sont nécessaires ? Jusqu’à quel point faut-il injecter de l’argent pour redresser ces entités ?
Ces questions dominent le débat alors que Megh Pillay, ancien directeur d’Air Mauritius, de la State Trading Corporation et de Mauritius Telecom, analyse la crise institutionnelle qui frappe Maurice. « Il est temps de rétablir des institutions véritablement indépendantes, au service du peuple », dit-il.
« Il est crucial que les institutions publiques reprennent leur rôle initial de garant des intérêts nationaux, plutôt que de devenir des outils de pouvoir centralisé », plaide-t-il. Selon lui, bien que la défaite électorale du 10 novembre ait marqué un tournant, il reste encore beaucoup à faire pour sortir du système de népotisme et de captation de l’État instauré au cours de la dernière décennie.
Népotisme
« En dix ans, les Jugnauth ont établi un système où les intérêts personnels ont pris le contrôle des processus décisionnels », déclare-t-il. Pour lui, la crise actuelle découle d’un système de népotisme systématique instauré sous le règne des Jugnauth, menaçant l’intégrité même des institutions publiques et privées du pays.
Il met en évidence la crise de captation de l’État qui a permis l’instauration d’une gouvernance de complaisance. Il évoque des exemples de corruption systémique, comme les achats massifs de médicaments et d’équipements en « Emergency Procurement », réalisés sans respect des normes légales et sans contrôle du Directeur de l’Audit. « Le refus de se soumettre à un audit montre à quel point ce système était déconnecté de toute forme de responsabilité », regrette-t-il.
Mainmise
Megh Pillay met également en lumière l’emprise exercée sur les organismes parapublics, les régulateurs et les forces de l’ordre sous le gouvernement Jugnauth. « Les institutions doivent être indépendantes et responsables, mais sous les Jugnauth, elles sont devenues des instruments de pouvoir entre les mains de quelques individus », explique-t-il.
Des nominations politiques stratégiques au sein des conseils d’administration ont permis aux fidèles du pouvoir de prendre des décisions, compromettant ainsi l’indépendance de ces institutions. Par exemple, la nomination de personnes proches du pouvoir à des postes-clés, comme celui de Commissaire de police, a sapé la transparence et l’impartialité des régulateurs.
« Moustass Leaks »
Les « Moustass Leaks » ont révélé l’existence d’un cabinet ministériel parallèle, surnommé « lakwizinn », exerçant une influence directe sur la gestion de l’État. « Ces fuites ont montré l’omniprésence des agents du couple Jugnauth dans les institutions publiques, les médias et les entreprises privées », commente Megh Pillay. Il souligne la domination de ce système qui privait la population de son droit à l’information et à une gouvernance transparente : « Cela a choqué la population, qui s’est enfin libérée du joug de ce système. »
Contrôle et décisions imposées
Megh Pillay ajoute que le modèle de gouvernance instauré par les Jugnauth reposait sur une série de nominations politiques stratégiques au sein des conseils d’administration. « Des décisions ont été prises par des comités restreints et informels, où seuls des fidèles du pouvoir pouvaient trancher », souligne-t-il. Système qui a toutefois conduit à une mauvaise gestion dans plusieurs entreprises publiques, dont Air Mauritius, qui peine à se relever après des pertes massives, et ce malgré des injections de fonds publics.
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