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Madhubala Madhub-Dassyne : «les cas Dantier et Lagesse référés à un laboratoire à Bordeaux»

Gowmatee Madhubala Madhub-Dassyne est la directrice du Forensic Science Laboratory.

Gowmatee Madhubala Madhub-Dassyne, la directrice du Forensic Science Laboratory, a révélé en cour que le laboratoire a fait appel à l’expertise française, notamment dans l’affaire Vanessa Lagesse.

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L’expertise française avait été sollicitée pour des cas non élucidés suite à une entraide judiciaire entre les gouvernements français et mauricien. C’est ce qu’a déclaré la directrice du Forensic Science Laboratory (FSL), Gowmatee Madhubala Madhub-Dassyne, le mercredi 5 juin 2024, en cour d’assises. Deux cas avaient été référés au laboratoire médicolégal de Bordeaux, notamment le cas de Nadine Dantier et de Vanessa Lagesse. 

D’emblée, la directrice de FSL a expliqué que la DNA Identification Act avait été adoptée en 2009. Ce n’est qu’en 2011 que le FSL a été accrédité. 

Ainsi suite à l’entraide judiciaire, Mlle Goodur, ancien officier du FSL, avait en juin 2001 transporté un lot de pièces à conviction contenant un drap de couleur marron et des « controlled blood samples » de neuf personnes à un laboratoire médicolégal à Bordeaux (voir encadré). Elle les a ensuite récupérés, le 12 juin 2009 et ramenés à Maurice. 

Le témoin a aussi relaté son implication dans le cadre de cette affaire. Elle s’était rendue à Grand-Baie, le 10 mars 2001, pour un constat de visu. Elle avait examiné des pièces à conviction recueillies par la police scientifique et rédigé plusieurs rapports. (Voir encadré)

D’autre part, elle a affirmé que les cheveux relevés dans la main de la victime ainsi que dans la salle de bains étaient les siennes. Et que le sang retrouvé dans la maison de la défunte serait aussi la sienne, notamment du groupe O. 

Le 2 avril 2001, Madhubala Madhub-Dassyne s’est à nouveau rendue au domicile de Vanessa Lagesse. Elle avait effectué des prélèvements dans la salle de bains ainsi que dans des tuyaux de décharge. Pour elle, « it yielded into inconclusive results ». 

Le 21 mai 2001, elle a personnellement remis des échantillons et des pièces à conviction au Forensic Science Services à Huntington en Angleterre à des fins d’expertise. Notamment quelques « controlled blood samples », des échantillons de poils pubiens, cils et sourcils de la victime ainsi que six prélèvements intimes de Vanessa Lagesse. 

D’autre part, les vêtements de Bernard Maigrot et de Josiane et Maurice Tostée avaient été sujets à un examen. Les bottes et chaussettes de l’homme d’affaires avaient aussi été analysées. Cependant, soutient la directrice du FSL, « it did not reveal any trace of forensic value ». Celle-ci a aussi déclaré qu’une analyse pour la présence de sperme dans les parties intimes de la défunte « did not reveal any specimen of evidence ». 

À la reprise de l’audience dans l’après-midi, la directrice du FSL, Madhubala Madhub-Dassyne, est retournée à la barre. Elle a affirmé que Mlle Goodur a récupéré les pièces à conviction de Bordeaux, France, et est rentrée au pays le 30 juillet 2010. Le témoin a ensuite été confronté à un avis de réception du laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux.

Selon le document, les articles listés sont une corde en nylon bleue, partiellement utilisée et un échantillon de sang de Bernard Maigrot portant la mention « entièrement utilisé » à côté de l’inscription : « état du scellé ». 

Par ailleurs, la directrice du FSL a souligné avoir « personnellement » recueilli 29 pièces à conviction du bureau de liaison du FSL, pour se rendre en France. Elle a quitté le pays le 3 octobre 2010 et elle était de retour avec les pièces à conviction le 8 octobre 2010 et elle les a remis au FSL. 

Sept rapports du FSL produits en Cour 

D’autre part, la directrice du FSL a produit sept rapports rédigés suite à l’analyse de plusieurs pièces à conviction. L’ancien chef du département médico-légal, le Dr Satish Boolell, avait réclamé un examen des échantillons de sang et de cheveux de neuf personnes. Ces dernières se sont volontairement soumises à cet examen. 

De mars à juin 2001 : Neuf personnes se sont soumises à un prélèvement pour des analyses. Elles sont Julien Dominique Millien, Elizabeth Hennesch, Vikram Goodye, Miriam Soringe, Elizabeth Maigrot, Maurice Tostée, Bernard Maigrot, Josiane Marie Noëlle Tostée et Marie Arthur Louis Langlois. 

  • 7 avril 2001 : rapport des prélèvements d’ongles 
  • 27 juin 2001 : rapport des échantillons de cheveux
  • 27Juin 2001 : rapport suite à une analyse des « swabs » vaginale, anale et buccale de la victime et un examen des pièces à conviction
  • 9 août 2001 : rapport concernant l’examen de quatre véhicules
  • 9 août 2001 : rapport d’un réexamen de la résidence de la défunte
  • 10 septembre 2001 : rapport suite à l’analyse des pièces à conviction 
  • 17 mai 2002 : rapport sur l’analyse d’une paire de pantalon de femme et d’une paire de chaussures

Une analyse du FSL menée en 2011 au cœur des débats

Des débats sont prévus ce jeudi 6 juin 2024, sur la légitimité du témoignage de la directrice du FSL, Madhubala Madhub-Dassyne, concernant une expérience menée en 2011 dans l’affaire Vanessa Lagesse. 

C’était suite à une objection de Me Gavin Glover, avocat de Bernard Maigrot, à une question posée au témoin par la représentante de la poursuite, Me Darshana Gayan, Senior Assistant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP). La question était ainsi : « Au cours de l’enquête, on vous a demandé de mener une expérimentation en 2011… ». Me Gavin Glover s’est opposé à la démarche. Le jury a été prié de se retirer, de même que le témoin. 

Me Gavin Glover a soutenu que la défense objecte à tout témoignage de ce témoin par rapport à toute expérimentation menée en 2011. Car, selon le Senior Counsel, la poursuite a failli à divulguer « cet épisode » avant le début du procès. Cela va « à l’encontre des règles sur la divulgation des éléments à charge et est aussi en violation des droits du prévenu à un procès équitable », dit-il. 

La représentante de la poursuite, Me Darshana Gayan, a requis alors que la cour procède à un « voir-dire » dans l’affaire, en l’absence des jurés. La représentante du DPP a soutenu qu’un dossier complet a été communiqué à la défense dans l’affaire. La directrice du FSL a ainsi été rappelée à la barre. La poursuite a alors demandé au témoin quels documents elle avait en sa possession en relation avec cette expérimentation. « On m’a envoyé un protocole de dépôt de cellules sur un drap et des études du lavage sur des cellules présentes sur un drap », a répondu le témoin.

Toutefois, Me Gavin Glover s’est demandé : « Où est-ce que cela nous mène ? Je n’ai aucune idée de quoi il s’agit et nous sommes dans le noir complet par rapport à cette expérimentation ». L’avocat de Bernard Maigrot a alors invité la cour à débattre de la question.

Trois dates arrêtées pour le témoignage du professeur Christian Doutremepuich

Les autorités françaises ont consenti à la requête des autorités mauriciennes. Ainsi, le professeur Christian Doutremepuich, de Bordeaux, va témoigner par visioconférence au procès de Bernard Maigrot. Cela concerne les rapports d’expertise ADN du témoin dans le meurtre de Vanessa Lagesse. C’est ce qui ressort des documents communiqués aux avocats de l’homme d’affaires et ceux de la poursuite par Me Kristyven Andy Putchay, Senior State Counsel du bureau de l’Attorney General. 

Après avoir examiné les documents, Me Gavin Glover, avocat de Bernard Maigrot, a toutefois voulu connaître les modalités autour de ce témoignage à venir. Où sera le témoin lors de son audition ? Va-t-il prêter serment avant de témoigner ? La procédure se déroulera-t-elle devant un juge ou un procureur ? Autant d’éléments que souhaite connaître la défense. Le juge Luchmyparsad Aujayeb a enjoint Me Kristyven Andy Putchay de faire le nécessaire pour que l’exercice puisse se faire dans les règles. Trois dates ont été arrêtées pour recueillir le témoignage du professeur, soit les 10, 11 et 14 juin 2024.

  • LDMG

 

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