
Best Construct Ltd, une société de construction qui vivait surtout des contrats publics, traverse ses derniers mois, voire semaines, d’existence. Placée sous administration volontaire il y a environ deux mois, l’entreprise accumule des dettes substantielles, environ Rs 800 millions, dont Rs 180 millions dues à la Mauritius Investment Corporation (MIC), et voit ses actifs mis en vente pour tenter de rembourser ses créanciers.
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Cette situation soulève des interrogations sur la générosité de la MIC en faveur d’une entreprise qui était déjà en difficulté au moment de recevoir le soutien de la MIC, dont le seul actionnaire est la Banque
de Maurice.
Fondée le 6 mai 2002 et domiciliée au 3e étage des Galeries Evershine, à Rose-Hill, Best Construct Ltd a longtemps dépendu des marchés publics pour son activité. Selon ses comptes pour l’exercice clos le 30 juin 2022, la société affichait un chiffre d’affaires de Rs 59,1 millions. Mais des coûts de production de Rs 69 millions, des frais administratifs de Rs 27,8 millions et des charges financières de Rs 30,4 millions ont conduit à une perte nette de Rs 68,1 millions.
Ses actifs non courants, incluant biens immobiliers, usines et équipements, s’élevaient à Rs 73,9 millions, tandis que ses actifs courants totalisaient Rs 456,9 millions. Les passifs globaux atteignaient
Rs 591 millions, illustrant une situation de surendettement. Toutefois, cela ne l’empêchera pas de percevoir Rs 150 millions de la MIC durant l’année financière 2022-23.
Désigné comme « Receiver » de la compagnie, Gerald Lincoln, Managing Partner chez EY Ltd, confirme le financement obtenu par Best Construct de la part de la MIC. « Elle n’a jamais fait de remboursement à la MIC. Avec les intérêts, elle doit maintenant Rs 180 millions à la MIC », explique-t-il. Cette dette s’inscrit dans un endettement total estimé à Rs 800 millions. Parmi les litiges en cours, un différend avec la Central Water Authority (CWA) porte sur plus de Rs 200 millions et fait l’objet d’un arbitrage.
La CWA, principal client de Best Construct, avait attribué à l’entreprise, en 2017, un contrat majeur pour le remplacement de 91 kilomètres de tuyaux usés, d’une valeur de plus de Rs 840 millions. Les travaux concernaient les régions de Rose-Hill, Quatre-Bornes, Trianon et l’Est de l’île. Cependant, entre mai et octobre 2021, ces contrats ont été résiliés par la CWA en raison de manquements observés dans l’avancement des chantiers.
La vente des actifs, en cours sous la supervision de Gerald Lincoln, vise à rembourser les créanciers. Néanmoins, il apparaît plus que probable que la MIC ne récupère qu’une partie de sa mise, voire rien du tout.
Une question centrale émerge : comment une entreprise en situation précaire a-t-elle pu obtenir un tel financement de la MIC ? Les administrateurs de la MIC devront probablement y répondre si une enquête est initiée. Quant aux employés, Gerald Lincoln indique qu’ils avaient été licenciés avant même le placement sous administration judiciaire, marquant la fin opérationnelle de l’entreprise bien avant les procédures formelles.

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