Noémie Barragan : la passion des animaux

« Cheval vaut plus que richesse. » Ce proverbe espagnol semble bien décrire ce que représentent les chevaux pour Noémie Barragan, âgée de 26 ans et originaire de Paris.
Noémie, avec la collaboration de son équipe, s’occupe de dix chevaux dans une propriété privée à Belle-Mare, baptisée l’Arche de Noé. Noé est le dimunitif de Noémie et rappelle le personnage biblique, sauveur des espèces.

Elle a toujours été passionnée par les animaux et a eu la chance de grandir parmi eux, où elle se sent aimée et protégée. C’est avec enthousiasme qu’elle nous emmène voir ses chevaux. Et elle nous fait visiter sa magnifique maison coloniale, datant de deux siècles, qui semblait endormie dans son écrin de verdure. Bien maquillée et très chic, elle n’a pas peur de se salir les mains en nous présentant ses chevaux, qu’elle appelle ses bébés. Les pieds dans la boue et ne se souciant guère à maintenir son apparence, elle nous parle, toute en caressant ses chevaux.

« Les chevaux m’ont toujours fascinée, car nous avons presque oublié combien il était un animal grand, puissant et intelligent. Il accepte sur son dos un autre animal tellement plus faible, nous, les humains. J’ai eu la chance en France de gérer et de posséder trois écuries. Cela exige beaucoup de temps et de patience. Tous ceux qui ont des animaux savent combien il est compliqué de planifier des vacances ou des week-ends en amoureux. Cela m’a valu des ruptures dans ma vie personnelle ».

Amour

Cependant, les hasards de la vie ont fait qu’elle rencontre l’homme avec qui elle vit actuellement, alors qu’il cherchait une écurie pour un de ses chevaux. « Le destin parfois a du bon », dit-elle en regardant son compagnon, Philippe, qui lui aussi adore les animaux.

D’ailleurs, nous retrouvons plusieurs animaux chez eux, dont un perroquet, qui semble avoir une place importante dans leur vie. Il y a aussi des chiens, des chats, des tortues, une chèvre et un bouc, qui suit Noémie à longueur de journée. « Il y a trois ans, je rencontre Philippe à Maurice et c’est le coup de foudre, autant pour lui, que pour le pays. La gentillesse des habitants, leur accueil, la beauté des paysages, le climat tropical et tempéré m’ont conquise », raconte-t-elle.

« Enfant, j’étais si timide que je me réfugiais auprès de mes animaux. Je leur parlais de mes problèmes, de ma journée et j’aimais prendre soin d’eux. Je voulais le meilleur pour eux et tout mon argent de poche y passait. Je ne pensais qu’à leur bonheur. Un dicton apache résume bien le mode de pensée quand on a des chevaux. « Le cheval ne nous appartient pas. La seule chose que nous possédons, c’est le devoir de nous en occuper correctement », ajoute-t-elle.

C’est en 2016 que leur aventure commence à Maurice quand ils débarquent pour étudier en profondeur les possibilités d’accueil. Ils prennent contact avec les différents ministères et rencontrent les professionnels de la filière équine pour organiser l’arrivée des dix chevaux.

Ces derniers viennent de pays différents, dont la France, le Maroc, le Portugal, les États-Unis, la Hollande et l’Angleterre. Ils sont de races et de robes complètement différentes, du mini, qui toise 80 cm, au géant de 1 m 89 au garrot. Ayant une expérience dans le cinéma, tout en gérant les écuries, Noémie Barragan avait deux vies complètement opposées, une très showbiz et jet-set, et l’autre très proche de la nature.

« Imaginez l’aventure. Nous allions faire traverser la planète à nos trois chiens, un chat, un perroquet ara ararauna et dix chevaux. C’était une mission quasi impossible. D’ailleurs, pour une femme, c’est encore plus difficile de gérer une telle affaire.

Nous avons fait travailler des artisans étrangers indiens pour dessiner les portes de box. Alors que pour les chevaux, nous avons fait participer la population locale, en particulier en cherchant des palefreniers confirmés ou à former.

Nos journées sont bien remplies. On commence tôt le matin et on finit tard le soir, mais avec l’immense plaisir de voir nos animaux heureux dans ce cadre. Tous nos animaux vivent en semi-liberté, dorment et mangent dans leur box, pour les chevaux. Tous nos animaux vivent en parfaite harmonie, y compris ceux adoptés ici », indique-t-elle.

Elle ajoute qu’actuellement les chevaux sont loués à des plateaux de tournage ou pour les mariages, mais notre interlocutrice a d’autres projets. Elle aimerait développer des spectacles équestres pour les hôtels, des locations d’animaux pour des tournages cinématographiques, des animations de poneys pour les kids club des hôtels, des stages d’entreprises.

« Il est impossible de mentir face au cheval, puisqu’il nous renvoie généralement notre propre ressenti, voire des émotions dont on n’a pas toujours conscience. J’aimerais trouver des partenaires pour créer une sorte de village racontant l’histoire de Maurice avec des spectacles à cheval comme dans certains parcs d’attractions à thème en Europe, qui attirent des milliers de personnes partout dans le monde et font participer les habitants locaux pour de nombreux métiers du spectacle », fait-elle ressortir.

Elle est aussi très attachée aux enfants et en attendant de connaître le bonheur d’être maman, elle s’entoure de beaucoup d’enfants, dont des orphelins, qui découvrent la joie d’apprendre l’équitation.

Pour elle, peu importe si on a du style, une réputation ou de l’argent, si on n’a pas un bon cœur, on ne vaut rien. « D’ailleurs, j’estime que quand on fait du bien autour de soi, il ne peut nous arriver que de bonnes choses. Un proverbe antique le dit dans d’autres termes : ‘lance ton pain à la surface de l’eau et il te reviendra dans bien des jours’. C’est une joie d’observer le côté bénéfique sur les enfants, les personnes âgées, les handicapés ou tout simplement les personnes dépressives. L’équitation et l’équithérapie devraient être plus accessibles à tout le monde. »

Par ailleurs, elle précise que l’équitation demeure un sport très bénéfique pour le développement psychomoteur de l’enfant. L’équitation permet aussi de développer le sens de la responsabilité, du respect, tout en apportant à l’enfant une plus grande confiance en lui.

« Encore mieux qu’un psychologue, passe du temps avec un cheval et il te dira qui tu es. Il saura révéler tes qualités, soulignera tes défauts, te formera à toutes les épreuves de la vie et t’apportera du soutien, exactement lorsque tu en auras besoin. Souvent, il est plus facile de communiquer avec les animaux qu’avec les humains.

Beaucoup d’amis ont appelé le domaine L’arche de Noé, car j’ai récupéré et soigné physiquement et psychologiquement beaucoup d’animaux de plusieurs espèces. D’ailleurs, on ne choisit pas un animal, c’est lui qui nous choisit ».