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À l’US-Africa Business Summit : le ministre Ameer Meea plaide pour une prorogation de l’AGOA

De gauche à droite, Troy Fitrell (Responsable principal du Bureau des Affaires africaines au Département d’État), Mrs C. Hamilton, représentante adjointe au commerce des États-Unis pour l’Afrique, le ministre Aadil Ameer Meea et le Secrétaire Foreign Affairs, Roy Bissoondoyal.

Alors que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) arrive à expiration en septembre 2025, Maurice intensifie ses efforts diplomatiques pour préserver son accès préférentiel au marché américain. À travers une mission de haut niveau menée en Angola et en Namibie, le ministre Aadil Ameer Meea a porté la voix d’une île vulnérable mais résolue à se repositionner dans les chaînes de valeur mondiales.

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Au cœur du 17e sommet du U.S.-Africa Business Summit tenu à Luanda du 22 au 25 juin 2025, le sort incertain de l’AGOA a dominé les préoccupations des pays africains exportateurs. Pour Maurice, l’enjeu est vital : le ministre de l’Industrie, des PME et des coopératives, Aadil Ameer Meea, a affirmé que près de 13 % de nos exportations, en particulier dans le secteur textile-habillement, transitent vers les États-Unis sous les préférences tarifaires offertes par ce régime. L’expiration programmée de ce dispositif de libre accès, sans renouvellement clair, a-t-il déclaré, menace directement plus de 10 000 emplois et l’ensemble d’un écosystème économique bâti depuis deux décennies.

Face à ce contexte alarmant, le ministre Aadil Ameer Meea a mené une offensive diplomatique ciblée. Il a enchaîné les rencontres avec des hauts responsables américains, dont l’ambassadeur Troy Fitrell (Département d’État) et Constance Hamilton (USTR), pour plaider en faveur d’une prorogation transitoire du régime. Objectif : éviter une rupture brutale, maintenir la visibilité des opérateurs et permettre la conception d’un nouveau cadre commercial plus équilibré.

Plaidoyer pour un rééquilibrage commercial

Outre la défense d’un accès sans droits de douane, le ministre Ameer Meea a proposé une approche plus coopérative, allant jusqu’à identifier une série de produits américains que le pays serait prêt à importer. Des discussions privées ont été engagées entre importateurs mauriciens et fournisseurs américains, en dépit des contraintes logistiques liées au fret maritime.

Le ministre a insisté sur la nécessité d'une réponse rapide de la part du U.S. Trade Representative, alors que la période de grâce de 90 jours octroyée à Maurice s’achève le 9 juillet. En l’absence de prolongement ou d’adaptation rapide, les effets seront immédiats : baisse des commandes, fragilisation des chaînes de production, perte de compétitivité face aux concurrents asiatiques, et incertitudes pour les investissements.

Vers une refondation du partenariat commercial ?

Mais au-delà de la simple prorogation, Aadil Ameer Meea a invité les États-Unis à engager une réflexion sur la refonte globale de leurs relations commerciales avec l’Afrique subsaharienne. Il a proposé un nouveau cadre qui intégrerait des mécanismes de réciprocité, une stimulation accrue des investissements et un ancrage dans les chaînes de valeur régionales – notamment entre Maurice, Madagascar et d’autres partenaires de la SADC.

En cas d’échec du renouvellement ou d’une adaptation de l’AGOA, Maurice n’écarte pas l’option d’un accord bilatéral ciblé, ce qui représenterait un tournant stratégique dans sa diplomatie économique.

Transformation numérique et durabilité

En marge du sommet angolais, le ministre a rencontré Florizelle Liser, présidente-directrice générale du Corporate Council on Africa (CCA), pour évoquer les perspectives d’une coopération renforcée dans les technologies de rupture, dont l’intelligence artificielle et les infrastructures durables. Maurice y a présenté son ambition de devenir un hub de la finance verte et de la transformation numérique dans l’océan Indien.

Ce positionnement s’est également illustré quelques jours plus tôt en Namibie, où Aadil Ameer Meea représentait Maurice au Commonwealth Business Summit et à la réunion des ministres du Commerce du Commonwealth. Son plaidoyer y a porté sur la digitalisation inclusive comme levier de croissance et de résilience pour les pays insulaires. Le ministre a également mis en avant la transition énergétique verte de Maurice, appuyée par de nouveaux projets d’énergies renouvelables.

Consolidation des alliances stratégiques

Lors de sa tournée, plusieurs rencontres bilatérales ont eu lieu avec des personnalités clés du Commonwealth, dont sa nouvelle Secrétaire générale, Shirley Ayorkor Botchwey, ainsi que des représentants australiens et singapouriens. Ces échanges ont permis d’explorer des pistes concrètes de collaboration dans les domaines du commerce, du numérique, des investissements durables et de la formation. Maurice cherche ainsi à élargir sa base de partenariats stratégiques tout en renforçant sa résilience économique. À travers cette diplomatie économique multidimensionnelle, l’île entend peser davantage sur les décisions internationales affectant ses intérêts vitaux.

Soulignons que le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful, n’a pas pu assister à l’U.S.-Africa Business Summit en compagnie du ministre Aadil Ameer Meea en raison du décès de son beau-père, Kailash Purryag. Les Affaires étrangères étaient toutefois présentes par le Secretary Foreign Affairs, Roy Bissoondoyal.

Une offensive diplomatique décisive

La double mission angolaise et namibienne du ministre Aadil Ameer Meea incarne la nouvelle posture proactive de Maurice sur la scène économique internationale. Elle témoigne d’une volonté affirmée de défendre ses acquis, d’influencer les futurs cadres commerciaux et d’inscrire son développement dans les logiques globales d’innovation, de durabilité et de compétitivité.

Alors que l’avenir de l’AGOA se joue dans les couloirs de Washington, les jours à venir seront cruciaux. Un signal fort des États-Unis est attendu. Pour Maurice, il en va non seulement d’un partenariat économique, mais d’un enjeu de souveraineté et de survie commerciale.

 

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