Linion Pep Morisien a tenu sa première conférence de presse le vendredi 25 mars 2022 au Caudan Arts Centre, à Port-Louis. Outre l’actualité, ce nouveau parti politique a parlé de sa vision, de son ambition et de ses objectifs.
« La nation mauricienne doit être gagnante dans toutes les décisions prises par son gouvernement. Elle ne peut pas attendre des semaines ou des mois avant qu’une solution soit trouvée quand il y a une urgence. » Propos tenus par Bruneau Laurette durant le point de presse de Linion Pep Morisien (LPM) le vendredi 25 mars 2022. Il reproche au gouvernement de ne pas tout mettre en œuvre pour le bien-être de la nation.
« Il y a une tension palpable au sein de la population. La vie de chaque Mauricienne et de chaque Mauricien n’a pas de prix. Il faut investir dans le peuple. Il n’y a pas de ministre, de cabinet, de berline et de garde du corps sans le peuple mauricien », a-t-il dit.
La nouvelle formation politique qu’est LPM, née de la fusion de plusieurs formations politiques et lancée lundi, veut plus de justice sociale, d’équité et de droiture. « Nous serons intraitables face à la corruption », a prévenu Dev Sunnasy.
Raouf Khodabocus a, pour sa part, indiqué qu’une des priorités de LPM est le bien-être de la population. « Ce n’est plus possible que la population se lève en étant stressée. Nous interpellerons les ministres concernés dans quelques jours afin qu’ils enlèvent le fardeau des épaules de la population une fois pour toutes. C’est la première fois depuis l’indépendance que les Mauriciens subissent autant de misère », a-t-il expliqué.
Dev Sunnasy a précisé que LPM prendra une série d’initiatives pour contribuer à l’avancement de la société mauricienne. Le parti compte prendre une part active. Même s’il est composé d’extraparlementaires, des questions ont été envoyées aux députés du gouvernement et de l’opposition dans le cadre de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale ce mardi.
« Dans le modèle mauricien de démocratie représentative, les élus sont supposés prendre les questions des mandants pour les porter au Parlement. Nous avons écouté la société civile et nous avons décidé de communiquer les questions aux parlementaires. Nous verrons bien si des réponses sont fournies », a lancé Dev Sunnasy. Il tient le gouvernement pour responsable de la situation économique. « Le budget est simplement un exercice comptable. Très peu de propositions se transforment en réalité. »
Rama Valayden s’est appesanti sur l’ambition de LPM. « Nous voulons prendre le pouvoir pour un vrai changement et être une alternative honnête. Je ne suis pas intéressé à entrer dans un cabinet pour apporter des changements cosmétiques. Nous tiendrons des réunions dans les quatre coins du pays. Nous avons la volonté de travailler pour les élections municipales. »
Il a soutenu que le parti a déjà sa constitution et que la direction sera collégiale. Un document de propositions a déjà été préparé. Il sera débattu et amélioré si besoin est. Un code de conduite a également été élaboré. « Le système doit changer. Si nous voulons changer notre Constitution, il faut de vrais débats », a renchéri Rama Valayden.
De son côté, Jean-Claude Barbier a déclaré que le parti a établi une confiance avec la population. « Les gens voient quelque chose de bien et de nouveau. »
« Avek lepep pou lepep »
Dans un document de 35 pages, LPM, qui regroupe notamment Jean-Claude Barbier, José Moirt, Bruneau Laurette, Dev Sunnasy et Rama Valayden, explique sa vision. D’abord, sa devise est la suivante : « Avek lepep pou lepep. »
Puis elle dit ceci : « L’état de notre République démocratique demande un changement profond, un ‘U-Turn’, afin de rétablir la confiance dans nos institutions et y mettre des hommes et des femmes dont les compétences seront indiscutables tout en s’assurant qu’il y a une redevabilité permanente. »
L’objectif : en « finir avec le népotisme, les proches du pouvoir qui sont nommés dans des postes à responsabilités sans méritocratie. Notre démocratie demande une mise à jour, un toilettage… pour braver les 50 prochaines années avec confiance, pour une jeunesse lassée et dégoutée qui s’intéresse de moins en moins à la vie politique. »
LPM accuse les partis traditionnels de ne pas vouloir faire évoluer le système politique tant sur le plan constitutionnel qu’au niveau du fonctionnement de l’Assemblée nationale, ou encore en ce qui concerne le financement des partis politiques.
Une autre de ses ambitions est d’en finir avec la déclaration ethnique des candidats et le Best Loser System. LPM estime qu’il est temps d’en « finir avec l’impunité pour quiconque aura fauté ». Pour lui, il faut revoir les structures et les lois envers lesquelles politiciens et officiers de la fonction publique doivent être redevables.
« Le fonctionnement de la police, de l’Icac ainsi que de la FIU seront revus afin de réinstaurer la confiance de la population et des investisseurs. L’état de droit devra primer et le judiciaire devra être réformé en gardant en tête que tout citoyen sera égal devant la loi et que ‘justice delayed is justice denied’. » Le montant élevé des frais de justice et des procès devra aussi être revu à la baisse.
LPM explique que « le bonheur est possible » si on y travaille avec sérieux, sans poursuivre des objectifs personnels. « Est-ce si compliqué d’organiser une société de 1,3 million sur une petite surface ? En rééquilibrant nos efforts, en protégeant les plus vulnérables, en faisant une discrimination positive dans différents secteurs, oui, le bonheur est possible », peut-on lire dans le document.
Actions prioritaires
Pour « jeter les fondations d’une société de bien-être », LPM a défini plusieurs actions prioritaires.
1. Un rééquilibrage de notre économie
2. La création de nouveaux piliers économiques (océan, carrefour universitaire)
3. Un travail avec un salaire décent
4. La bonne gouvernance et la prise en compte du capital humain
5. Des solutions pour lutter contre le changement climatique
6. Davantage de justice sociale en protégeant les plus vulnérables
7. Un new Green Deal à tous les niveaux
8. Une nouvelle Constitution pour le pays
9. Combattre la corruption et les conflits d’intérêts
10. Mettre fin à la politique des petits copains
11. Instaurer la méritocratie et bannir le népotisme
12. Construire une société transparente où les institutions auront des comptes à rendre
13. Assurer et construire l’avenir de notre jeunesse qui n’a plus confiance dans ses dirigeants
14. Combattre les inégalités et la pauvreté
15. Faire en sorte que « les réformes démocratiques et économiques se fassent avec le peuple et pour le peuple »
Combat anticorruption
LPM propose la création d’une cour anticorruption qui fonctionnera sous le modèle comprenant un « juge d’instruction et une police judiciaire afin de donner plus d’indépendance aux institutions d’enquêtes et de poursuites ».
Il compte établir un modèle similaire à une commission d’enquête permanente sur la corruption, le blanchiment et les conflits d’intérêts. Une nouvelle loi sur le fonctionnement de la police est proposée. Pour ce qui est des élus, des cadres et des hauts fonctionnaires, l’application des lois sera « doublée ». Il est également proposé d’accroître les moyens du bureau de l’Audit qui devra rendre public un rapport deux fois par an et de lui conférer le pouvoir d’ouvrir des enquêtes, entre autres.
Un « open government »
LPM prône le concept d’« open government ». Comment ? Il propose « un plan de transformation gouvernemental afin d’optimiser la productivité de manière transparente et la création d’une structure super-collaborative dans l’intérêt du public en général ».
Le parti estime que les fonctionnaires devraient avoir le droit de travailler dans la sérénité, sans le stress des interférences ou des représailles de la part de ministres, de conseillers ou de nominés politiques. LPM est aussi d’avis que la gestion des finances publiques se doit d’être accessible à tous, transparente et en temps réel.
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