Interview

Lindley Couronne directeur de DISMOI : «DIS-MOI animera un séminaire à Madagascar en mars prochain»

Lindley Couronne

Le directeur du Secrétariat régional de DIS-MOI, Lindley Couronne, était à Madagascar récemment pour observer le déroulement du 2e tour de l’élection présidentielle  et préparer avec l’équipe DIS-MOI Madagascar le séminaire de formation qui aura lieu en mars prochain. Il nous livre ses impressions à cet égard et sur l’évolution de l’organisation internationale non gouvernementale.

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Comment se porte DIS-MOI en ce début d’année ?
Très bien merci. Pour être honnête, ça bouge de tous les côtés. Nous sommes en attente de fonds pour réellement démarrer les bureaux de DIS-MOI Mada et DIS-MOI Comores. Quant à DIS-MOI Maurice, elle se lancera cette année dans deux nouveaux gros projets : le projet pro Bono qui proposera un service légal aux citoyens n’ayant pas de moyens ; et le projet de personnes à handicap qui sera chapeauté par Jean François Favory. Nous démarrons aussi les démarches pour former des citoyens seychellois aux droits humains.

Des activités aussi diverses demandent une coordination et une organisation rigoureuses ?
Vous avez raison. Cela demande d’abord des professionnels dévolus et méthodiques. Cependant, notre Secrétariat régional demande encore à être consolidé, car il centralisera toutes les activités de la région sud-ouest océan Indien. Notre projet ‘Mapping out DIS-MOI in the south west Indian ocean’ en tient compte justement.

Comment s’est passé votre mission d’observation à Madagascar lors du 2e tour de l’élection présidentielle ?
D’abord, je précise que j’y étais pour les élections du second tour entre les candidats Andry Rajoelina et Marc Ravolamanana. Je précise aussi que le gros du travail a été effectué par le leader de DIS-MOI Mada Rado Harintsoa Rakotosamimanana, Peacebuilder - Conflict Transformer. J’ai accompagné Rado dans des  bureaux de vote et j’ai pu constater que les Malgaches accomplissaient leur devoir de citoyen dans l’ordre et le calme. J’y ai rencontré d’autres observateurs internationaux dont Jean Claude de L’Estrac, délégué par la Commission de l’Océan Indien.

La Campagne électorale des deux candidats au deuxième tour de la présidentielle  et leurs prestations au stade de Mahamasina à Antananarivo étaient une expérience à vivre. Je dois dire que j’avais quelques appréhensions par rapport aux réactions post résultats, mais Marc Ravalomanana a accepté sa défaite dans un esprit démocratique et c’est une bonne chose pour le pays.

Et quid des autres objectifs de votre mission?
Je devais m’assurer de l’engagement et de la cohérence de l’équipe DIS-MOI Mada sur place. Ce qui a été fait. Nous avons une équipe homogène, Rado le leader, Elina est une juriste responsable des droits des personnes âgées et Benji travaillera avec sa communauté Mandrosek dans un programme d’éducation aux droits humains. Auparavant Ny Onja, la responsable du dossier Madagascar au Secrétariat régional et moi-même irons former 50 défenseurs des droits humains à Antananarivo en mars, des citoyens qui seront appelés a être des membres actifs de DIS-MOI Mada. Ce projet, nous le rappelons, forme partie du projet d’éduction citoyenne en ligne financé par le gouvernement australien.

N’y a t il pas de risques qu’avec toutes ces structures DIS-MOI rencontre des problèmes ?
Connaissez-vous des organisations sans problèmes ? Il nous faudra, comme je l’ai dit, consolider le secrétariat, centraliser et améliorer notre développement organisationnel. Il nous faudra aussi travailler selon des paramètres précis. Justement notre Conseil d’administration présidé par Me Roshan Rajroop et notre équipe légale travaille sur une Charte commune pour toutes les structures DIS-MOI. C’est un gros travail, mais on ne peut construire un projet ambitieux sans mettre des garde-fous, anticiper les problèmes et y trouver des solutions.

Une question personnelle : quels sont vos sentiments par rapport à Madagascar?
D’abord, beaucoup d’admiration pour ce peuple vivant dans des conditions extrêmement difficiles et qui vit avec courage et fierté. Ensuite, une grande incompréhension, bordée de colère, de voir qu’un pays aussi riche en ressources naturelles en est encore à un tel stade primaire de développement. Là-dessus, les politiciens malgaches de tous bords portent une énorme responsabilité de cette situation.

Mais ne reste-t-il que ce cliché pour cette Grande île?
Non justement, parce que Madagascar est bien plus que cela. Tenez, je vais vous confier une chose personnelle. J’ai visité Madagascar plusieurs fois, tant en mission pour Amnesty International, pour DIS-MOI ou en tant que touriste, mais je ne suis jamais allé à Akamasoa voir les villages du père Pedro. J’y suis allé cette fois et ce fut mon coup de coeur.

Pourquoi?
J’éprouve une admiration sans bornes pour ce prêtre qui est arrivé dans ce pays, a vu une grande misère et a décidé d’être solidaire, pas intellectuellement comme beaucoup d’entre nous. Non, solidaire dans l’action en choisissant de travailler avec les ‘damnés de la terre’, qui fouillent les immondices et recyclent les objets récupérés pour survivre. Il a cheminé avec eux et le résultat est impressionnant : trois villages agréables de 25 000 habitants construits ! 14 000 enfants scolarisés et qui reçoivent à déjeuner quotidiennement. J’avais quasiment les larmes aux yeux, surtout quand je suis allé à cet endroit initial (qui existe encore et où certains villageois travaillent) où le père Pedro s’est retroussé les manches et a travaillé comme eux pendant des mois pour se faire respecter. Un lieu puant, pollué, un enfer sur terre que ce prêtre a transformé avec un amour sans faille pour ces citoyens démunis. DIS-MOI réfléchit actuellement aux possibilités de travailler avec le père Pedro.

 

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