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Les oiseaux, indicateurs de l’écosystème de Maurice

Les oiseaux de Maurice , Rodrigues et des îles environnantes Les oiseaux de Maurice , Rodrigues et des îles environnantes

Le paysage littéraire mauricien  vient de s’enrichir davantage, avec la parution de Birds of Mauritius, Rodrigues & Islets, 3e ouvrage de l’ornithologue, Narainsamy Ramen.

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Plus qu’un beau livre, cet ouvrage recense tous les oiseaux endémiques, océaniques, migrateurs et exotiques de Maurice, Rodrigues, incluant l’île Coco, l’île Ronde et les îlots, ainsi qu’une sélection d’oiseaux non-endémiques, résidents, migrateurs et des espèces dites ‘vagabondes’.

C’est un livre exceptionnel, en raison de son contenu, de l’abondance de ses illustrations et ses informations et, surtout loin de l’image terrorisante renvoyée par le célèbre film  d’Alfred Hitchcock « les oiseaux ». Photographe chevronné, Narainsamy Ramen a lui-même saisi au vol ou en pose, les oiseaux dont il brosse le portrait. Puis, il a su contextualiser l’évolution de chaque espèce, en remontant l’histoire de Maurice, pour démontrer que l’industrie de la canne à sucre, souvent décrite en phrases grandiloquentes, a contribué à la disparition de certaines espèces endémiques.

« La culture de la canne était uniquement destinée à la production du rhum. Mais dès 1820, elle devenait la principale activité agricole de l’île et amenait ainsi les établissements sucriers à exiger d’importantes étendues de terre. Ajoutée à une demande accrue de la production de bois pour divers usages, la déforestation était alors inévitable. Après l’abolition de l’esclavage en 1835, les Britanniques, pour maintenir l’activité des sucreries, optèrent pour l’importation de la main-d’œuvre engagée de l’Inde. Le développement  de l’industrie sucrière n’était pas sans conséquence néfaste sur les ressources naturelles de l’ile. Les réserves forestières, qui servent d’habitat aux oiseaux, subirent d’énormes dégâts. L’avifaune était fortement compromise avec plusieurs espèces constamment menacées. Dans les années 30, l’usage d’insecticides, rendu obligatoire par les campagnes d’éradication du paludisme, aggrava davantage la situation des espèces d’oiseaux ainsi que leur habitat. » L’auteur rapporte même un massacre de perroquets en captivité durant l’occupation française.

Diversité des organismes vivants

La lecture de ce magnifique ouvrage permet de se rendre compte de la diversité des organismes vivants, dont les oiseaux, à Maurice. Des petits moineaux qui peuplent nos cours, aux poules d’eau perchées sur les branches des arbres aux abords des cours d’eau, aux perruches vivant dans les creux d’arbres, à plus de dix mètres, les oiseaux de Maurice, Rodrigues et autres îles environnantes remplissent tous des fonctions précises dans notre vie quotidienne. « L’absence de la moindre petite particule vivante peut  à la longue perturber toute la structure, car l’équilibre naturel en dépend, » fait observer Narainsamy Ramen, avant de préciser : « Les oiseau servent à contrôler les insectes nuisibles dans les jardins ; ils empêchent la germination des mauvaises herbes en consommant les graines (…). Les fleurs présentent une forme qui permet aux oiseaux d’accéder au nectar ainsi que l’odeur et la couleur qui font succomber certaines espèces.  Chaque plante renferme du pollen quand les oiseaux viennent s’y nourrir. »

La chauve-souris

Même la chauve-souris, si injustement détestée en cette période et associée aux vampires, contribue à l’équilibre de notre écosystème. « Les chauves-souris sont des animaux utiles sans lesquels les forêts tropicales humides n’existeraient pas. Elles servent à maîtriser les populations d’insectes ravageurs et contribuent à la pollinisation des fleurs et la dissémination des graines. Ces mammifères  contribuent à la bonne santé de l’écosystème », fait valoir l’auteur.

Dans leur grande majorité, les oiseaux de notre région se nourrissent d’insectes, de vers et de grains, tandis que les oiseaux marins, eux, se nourrissent de crabes, de petits mollusques et vers marins.

Véritable passionné de la nature et pétri d’une véritable sensibilité pour l’espèce volante, Narainsamy Ramen fait observer que « pour beaucoup, observer et écouter les oiseaux est une source de plaisir immense, de plénitude et d’inspiration (…) les oiseaux sont d’excellents indicateurs naturels de notre écosystème, leur disparition d’une zone peut signaler la dégradation d’un écosystème. Il y a donc un besoin urgent de protéger nos forêts, d'éradiquer les prédateurs exotiques et de mettre en œuvre des politiques de gestion intensive. »

Birds of Mauritius, Rodrigues & Islets, de Narainsamy Ramen
Pout tout contact, écrire à birdmanofmu@gmail.com

 

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