Les femmes mariées vous le diront : l’un des bonheurs indissociables du fait d’être en couple et de fonder une famille, c’est d’avoir une maison pour soi. Malheureusement, ce bonheur n’est pas à la portée de tout le monde. Récit.
Publicité
Prenons le cas de Leena. Cette habitante d’Amaury, âgée de 47 ans, s’est remariée il y a 20 ans. Depuis, elle et son mari vivent dans une seule chambre, allouée par ses beaux-parents. Vingt ans passés dans une seule pièce alors qu’ils ont aujourd’hui deux enfants âgés respectivement de 10 et 8 ans. Et l’un des enfants est une fille, l’aînée ! Quelle intimité ?
Leena explique qu’elle et les enfants dorment sur un lit alors que le père se couche sur un matelas posé à même le sol. Nul besoin de vous faire une description de la chambre, avec le tout entassé dedans. Ce qui est encore plus affreux, c’est que même la cuisson des repas de la famille se fait dans la même pièce.
Une femme mariée a besoin d’espace. Le mari, quand il rentre à la maison après une dure journée, a besoin d’un coin pour se reposer un peu. Les enfants, eux aussi, ont besoin d’espace, pour apprendre, pour jouer, pour leur épanouissement. D’autant qu’il y a une fille de 10 ans qui grandit, qui a besoin d’intimité.
Qu’est-ce qui explique que Leena et sa famille se sont retrouvées dans cette situation ? Est-ce uniquement dû à la misère ? Leena raconte que son mariage avec Sailesh n’a pas été bien vu et que son mari a payé les pots cassés. Il n’a pas eu ce qu’il était censé recevoir, même si rien n’est obligatoire. Il a demandé de l’aide à qui pouvait l’aider, mais il ne l’a pas obtenue.
Sa fille souffre pour elle
Sailesh, qui a le même âge que sa femme, travaille dans l’hôtellerie. Le salaire qu’il perçoit est insuffisant pour voir plus grand. Quant à Leena, elle gagne quelques sous en effectuant la cuisson de « roti » pour des marchands. Mais ce n’est pas un travail permanent, elle le fait seulement quand on fait appel à elle. À l’heure où nous écrivons ces lignes, elle est à la maison avec ses enfants, sans travail.
Comme mentionné plus haut, c’est le deuxième mariage de Leena, qui est originaire de L’Espérance-Trébuchet. Lors de sa première union, elle est devenue mère à l’âge de 20 ans. Elle a eu une fille. Celle-ci est aujourd’hui mariée et vit dans le même village qu’elle, mais à une bonne distance. Elle a beaucoup de peine pour sa mère. Et aussi pour sa demi-sœur et son demi-frère. De même que pour son beau-père. « Je n’arrive pas à supporter qu’ils vivent dans ces conditions. Je ne dirais pas que je suis beaucoup mieux lotie que ma mère mais son cas est vraiment difficile. Je sais qu’elle a entamé des démarches pour avoir un logement NHDC depuis… 10 ans. J’aurais tant aimé qu’elle dispose d’une maison à elle », déclare Neha.
Une conversation avec Leena et Sailesh permet d’apprendre que le couple a Rs 165 000 sur son compte PEL.
À l’école sur le lit
Des fois, Leena prend ses deux enfants et se rend chez Neha. Celle-ci gagne sa vie en confectionnant des « poutou ». Ce gâteau, d’antan si prisé, a commencé à se faire rare à partir des années 90 jusqu’à presque complètement disparaître. On est heureux qu’une jeune femme comme Neha perpétue une tradition apportée il y a des siècles par les travailleurs migrants indiens. « C’est ma belle-mère qui m’a légué cet héritage ancestral », dit-elle avec fierté. Tous les jours, Neha quitte la maison le matin pour aller vendre ses « poutou » comme d’autres gâteaux préparés par sa belle-mère et elle-même. Quelqu’un a mis à sa disposition un coin pour vendre ses gâteaux et elle reste sur place jusqu’à assez tard. Actuellement, son mari, qui n’a pas de travail, l’accompagne. Le couple a une fille qui passe ses journées chez une tante, enseignante.
Pour revenir à Leena, on se demande comment font ses deux enfants pour suivre les cours qui, en cette période d’épidémie, sont diffusés sur la MBC. Ont-ils un téléviseur dans la chambre ? La réponse est oui. C’est même touchant de voir frère et sœur côte à côte sur le lit en train de suivre les classes. Mais le manque d’espace est dérangeant.
Pour tout dire, la vie n’a pas été tendre envers Leena. Orpheline, son premier mariage a été un échec. Si elle a par la suite refait sa vie, elle et son mari l’ont durement payé. Toutefois, les rayons de soleil sont pour tout le monde. Pour Leena aussi.
Logements sociaux : 35 000 demandeurs
L’information a été fournie en cette première semaine de décembre 2021 par Soonil Anuth, Administrative Manager de la National Housing Development Company : valeur du jour, il y aurait quelque 35 000 demandeurs pour des logements sociaux. Il explique que le temps d’attente moyen pour devenir propriétaire d’une maison de la NHDC est de 10 ans. La dernière mise à jour a révélé que plusieurs personnes attendent depuis 15 ans. « La raison principale est que la demande excède de loin l’offre, malgré le fait que 15 223 maisons ont été construites et livrées depuis la création de la NHDC en juillet 1991 », avance l’Administrative Manager.
En septembre dernier, lors de son passage sur Radio Plus, Soonil Anuth avait déclaré que le programme de logement continuait et que jusqu’en 2024, à peu près 3 000 maisons seraient livrées. Entre maintenant et juin 2023, 1 420 logements sociaux seront livrés. Une partie l’est déjà : 125 à Gros-Cailloux en octobre dernier, 656 à Dagotière en novembre, 300 à Marc-Tabac en novembre toujours et 56 pour la deuxième phase à Baie-du-Tombeau. En juin 2022, 282 logements seront livrés à Wooton.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !