Commentant l’affaire Panama Papers, Kamal Hawabhay, président de l’Association of Trust and Management Companies, s’élève contre les « conclusions farfelues » qui sont tirées sur Maurice.
Dans cet entretien, il explique les raisons pour lesquelles le pays a si mauvaise presse tout en souhaitant des développements positifs sur le traité Inde-Maurice.
Après le ‘Offshore Leaks’ ou encore le ‘SwissLeaks’, c’est maintenant au tour de ‘Panama Papers’ de venir éclabousser la juridiction mauricienne. Quel regard portez-vous sur toute cette affaire ?
Que trois/quatre compagnies aient choisi Maurice pour se relocaliser sur les 25 000 sociétés citées dans les Panama Papers constitue vraiment une goutte d’eau. De plus, il n’y a rien d’illégal à cela. D’ailleurs, il n’y a aucune information qui indique qu’il y a eu maldonne. Il y a beaucoup de conclusions farfelues et des commentaires basés sur pas grand-chose qui ressortent de cette affaire. Maurice est et demeure une juridiction complètement transparente. Les informations sur les bénéficiaires immédiats et ultimes de ces compagnies sont connues par les autorités. S’agissant des noms des Mauriciens qui ont été cités dans cette affaire, beaucoup agissent comme directeurs des sociétés qui se trouvent dans des juridictions internationales incluant le Panama. Ils ne font que leur travail. Là encore, il n’y a aucune information qu’il y a eu maldonne.
Pourtant, selon le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), Maurice a un ‘Third Highest Level of Secrecy’ au même titre que la Suisse, les îles Caïman ou encore le Panama… Vos commentaires ?
Une fois encore, c’est de la désinformation pure et simple. Ce n’est pas parce que des informations ne sont pas connues du grand public que les autorités mauriciennes n’en ont pas connaissance. D’autre part, ces informations peuvent être obtenues par des autorités compétentes internationales à travers des procédures qui existent déjà.
Dans quelle mesure l’image du pays prend-t-elle un coup avec les Panama Papers ? Et quelles sont les possibles répercussions auxquelles il faudra s’attendre ?
Ne sachant pas comment fonctionne le secteur, beaucoup de gens tirent des conclusions hâtives et sans fondements. Que le nom de Maurice soit associé avec les Panama Papers ne peut qu’éclabousser notre image. Si après enquête, on voit qu’il y a eu maldonne, les personnes citées dans l’affaire devront s’expliquer. Toutefois, on ne peut pas venir éclabousser l’ensemble d’une juridiction à cause de quelques pommes pourries, s’il y en a vraiment.
Même si Maurice a tout le temps revendiqué son statut de juridiction transparente, l’étiquette « paradis fiscal » lui colle constamment à la peau et refait surface à chaque scandale impliquant l’offshore. D’où nous vient cette mauvaise presse ?
D’abord, par la malhonnêteté de certaines organisations internationales telles que leTax Justice Network, qui se croit permis de tirer des conclusions sans savoir comment fonctionne notre juridiction. À titre d’exemple, le Tax Justice Network a pour habitude d’arguer que les identités des investisseurs qui se servent de Maurice ne sont pas connues. C’est totalement faux ! Deuxièmement, il y a aussi des campagnes d’attaques et de désinformation de la part de nos compétiteurs qui osent même nous traiter de « devil ». En troisième lieu, il y a certains journalistes de la presse internationale qui ne connaissent rien à notre juridiction, mais qui se permettent de publier des informations complètement fausses. Il y a aussi le fait que, pendant un bon bout de temps, Maurice n’a pas réagi face aux critiques sur sa juridiction. Nous espérons que la Financial Services Promotion Agency (FSPA) donnera la réplique face à ces attaques injustifiées.
Comment se porte le secteur du ‘global business’, qui semble n’avoir aucun répit ?
Mi-figue, mi-raisin ! Le secteur est à la croisée des chemins. Nous sommes actuellement dans l’attente en ce qu’il s’agit du traité Inde-Maurice. Toute cette incertitude fait du tort à la juridiction. D’ailleurs, ces derniers temps, les investisseurs se tournent vers Singapour plutôt que Maurice. D’autre part, les nouveaux clients tardent à concrétiser leur décision pour venir à Maurice.
Le secteur est également affecté, vu qu’il dépend des pays africains. Or, leurs économies ne sont plus aussi reluisantes qu’auparavant. À titre d’exemple, le Nigeria souffre de la baisse considérable des prix du pétrole ou encore le Kenya est affecté par des attaques terroristes.
L’intention de Barclays Plc de se désengager de l’Afrique n’arrange en rien les choses. Nous espérons que le gouvernement viendra avec une direction claire et nette par rapport au traité Inde-Maurice et à la situation en Afrique, tout en prenant en considération les recommandations des opérateurs du privé.
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