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Journée mondiale des enseignants - Jacques Malié : «L’enseignant doit toujours se réinventer»

Jacques Malié estime que l’enseignant doit se réinventer.

La Covid-19 a démontré que l’enseignement doit innover. Il ne se limite pas à une salle de classe, avec un enseignant et des élèves. Du préscolaire au tertiaire, tous les enseignants ont dû faire preuve de créativité dans l’intérêt des élèves. En cette journée mondiale des enseignants, la réflexion a pour thème : « Enseignants : leaders en temps de crise et façonneurs d’avenir ».

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Depuis 1994, la journée du 5 octobre est dédiée aux enseignants par l’UNESCO. Ils doivent réinventer leur pédagogie, afin qu’aucun élève ne soit pénalisé. 

Le pédagogue Jacques Malié croit fermement que l’enseignant doit se réinventer pour s’adapter aux nombreux changements. Ceux-ci sont académiques et il y a aussi le programme scolaire qui est évolutif. « Les récents évènements avec le confinement et la fermeture des établissements scolaires ont certainement encouragé de nombreux enseignants, mêmes les plus expérimentés, à revoir leur copie et à s’adapter aux exigences du temps présent. »

Aujourd’hui, c’est une pédagogie centrée sur l’apprenant qui est décrit comme « constructive learning ». L’enseignant devient une personne-ressource. Il diagnostique les besoins de l’élève, lui fournit les documents et exercices adaptés et l’accompagne dans un parcours individualisé pour réussir.

La responsabilité d’un enseignant est multiple aujourd’hui. « Être prof demande de se réinventer tous les jours. Aujourd’hui la pédagogie n’est pas limitée à la transmission de connaissances à l’enfant. Mais c’est également être à son écoute et le soutenir. Nous sommes souvent dans le rôle d’un père ou d’une mère, d’un ami, d’un psy ou tout simplement d’une personne qui vient en aide », explique Kristen Nallan. 

Au collège Cosmopilitan (Girls), comme ailleurs, plusieurs plateformes ont été constituées pour venir en aide aux élèves. « Les enseignants sont formés à relever les défis. Comme nous préparons les élèves à relever ceux de demain. »

Jacques Malié ajoute que devenir enseignant requiert de nombreuses qualités. « L’enseignant n’est pas le seul récipiendaire du savoir. Il ne le détient pas et il est souvent dans le rôle d’un apprenant. Il inspire le respect, mais pour cela, il doit respecter l’autre, l’élève en premier. Plus difficile encore, il doit être un “role model”, car les jeunes prennent acte de son comportement, de ses moindres gestes. Comment imposer une discipline de vie, si on n’est soi-même pas discipliné ? »

En chiffres

Primaire 

Année  Nombre d’enseignants 
2020 8816
2019 8564
2018 8564
2017 7778

 

Secondaire 

2020 9624
2019 8813
2018 8589
2017 8222

 

Dr Om Nath Varma : «Nous mettons davantage l’accent sur la formation à distance…»

omLa formation est en élément important dans la vie d’un enseignant. Le directeur du Mauritius Institute of Education, le Dr Om Nath Varma, met l’accent sur la formation à distance qui est privilégiée. 

Quel constat faites-vous de la situation dans les écoles depuis la reprise ?
Croyez-vous que la responsabilité se situe uniquement au niveau des enseignants ? Nous avons remarqué un relâchement au niveau de certains élèves. L’enseignant doit ainsi comprendre que les élèves ne sont pas habitués au rythme actuel. Avec quelque 22 semaines de travail, nous devons recadrer les travaux en fonction des exigences du jour. Il est un fait que beaucoup d’élèves se sentent plus libres croyant qu’ils ont du temps. Il y a plus de temps pour étudier et il semble qu’il y a une catégorie d’élèves qui ne prend pas avantage de l’occasion offerte.

Est-ce que le Mauritius Institute of Education (MIE) a revu ses formations pour être à la hauteur de la demande avec la Covid-19 ?
Notre formation a été revue avec la Covid-19, pour permettre une flexibilité en incorporant plus de formation à distance. Nous comptons promouvoir plus d’autonomie chez les apprenants. Nous mettons davantage l’accent sur la formation à distance pour Maurice et Rodrigues, avec des formateurs sur place à Rodrigues. Nous disposons aussi d’un programme de formation à temps partiel pour les formateurs, afin de bien les épauler.

Plus que jamais, la technologie joue un grand rôle avec les changements actuels. Que faites-vous pour que les élèves ne soient pas des perdants ?
Nous misons sur les outils informatiques qui vont améliorer les qualités et responsabiliser les formateurs et apprenants. Je pense sincèrement que la Covid-19 a forcé les gens à se défaire des mauvaises habitudes. À s’interroger davantage, à apporter des changements, certes par obligation, mais qu’on aurait dû faire bien avant pour le bien-être du pays.

Toutefois, je dois aussi faire ressortir que beaucoup n’ont pas su se défaire des vieilles habitudes et des façons traditionnelles de faire les choses. Nous ne prenons pas toujours avantage des outils et soutiens disponibles. Certains courent toujours vers les leçons particulières qui sont bénéfiques que pour une poignée qui savent en tirer avantage.

Le système éducatif doit être amélioré pour réduire le taux d’échec

Le système éducatif doit être amélioré pour ne plus produire un taux d’échec élevé au primaire. Le métier d’enseignant est devenu plus difficile ajoute Bhojeparsad Jhugdamby, en cette Journée des enseignants ce lundi 5 octobre.

« Le métier d’enseignant n’est pas comme les autres et à sa particularité. C’est aussi un métier noble qui attire toujours les jeunes même si les conditions de travail sont devenues difficiles avec l’évolution de la société, la mondialisation et l’instantanéité du partage des informations. » Tel est l’avis de Bhojeparsad Jhugdamby, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE). 

Pour lui, il suffit de regarder le comportement et la façon de s’habiller de la jeunesse pour s’en rendre compte. Mais cela n’a pas rebuté des jeunes à s’intéresser au métier. Et leurs ainés n’ont pas baisser les bras. De nombreux jeunes ont choisi de faire carrière, explique notre interlocuteur qui compte quarante années d’expérience. « On l’a dans la peau, c’est une vocation », dit-il.

Selon lui le système éducatif à Maurice doit être revu. « Celui que nous avons date de 1957. Il apporte globalement le même taux d’échec chaque année qui tourne autour de 30 % au niveau du primaire », ajoute-t-il. Il affirme ainsi que lors des rencontres du syndicat, il y a des réflexions qui sont faites ainsi que des propositions, afin d’améliorer la situation. 

Dans le cadre de la Journée des enseignants, l’UPSEE a invité ses membres à une journée familiale au Domaine de Gros-Cailloux pour donner une dimension sociale et conviviale à cette journée. « Nous avons choisi ce lieu, afin que tout le monde puisse apprendre à mieux se connaître et à partager un moment de détente en famille », indique le président du syndicat.

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