Vivre à la lueur d’une bougie, récolter l’eau de pluie parce que l’eau potable est un luxe… Cela paraît un peu absurde en 2019 dans un pays en développement comme Maurice. Sauf que c’est loin d’être une fable. C’est la triste réalité d’une famille de Résidence Atlee qui espère, croit, rêve et aspire à un meilleur lendemain…
Rose-Mary Frivolle, une habitante de Résidence Atlee, vit sur un terrain de l’État depuis 2006. Même si elle est dans l’illégalité, elle a tenté par tous les moyens de régulariser sa situation, comme certaines familles vivant dans les environs l’ont fait.
La famille Frivolle vit dans une pauvreté extrême. Ne sachant plus où aller, Rose-Mary, âgée de 57 ans, mère de trois enfants et grand-mère d’une petite fille de sept ans, a décidé de se tourner vers la rédaction. Ne détenant aucun contrat pour le terrain qu’elle squatte, Rose-Mary ne peut rien faire. Elle ne peut pas obtenir de l’eau ni de l’électricité puisque ce fameux contrat est indispensable.
De plus, pour les mêmes raisons, elle ne peut même pas s’enregistrer à la National Empowerment Foundation (NEF) pour bénéficier d’une aide. « Je suis venue vivre ici en 2006. Auparavant j’habitais avec ma mère mais à un moment donné, elle m’a demandé de quitter les lieux. J’ai dû trouver une maison en location. Le loyer était trop élevé pour nous. Il a fallu quitter les lieux une nouvelle fois. Mon fils, qui est âgé de 21 ans aujourd’hui, était encore petit. Nous avons trouvé un terrain et avec l’aide de mon père, d’un frère et de deux habitants, nous avons construit une maison de deux pièces en tôle », explique Rose-Mary.
Sans emploi
La famille n’a jamais pu vivre décemment. « Nous n’avons ni eau ni électricité. Nous utilisons l’eau des gouttières pour boire et l’eau de la rivière derrière notre maison pour le bain », raconte Rose-Mary avec peine. Chez la famille Frivolle, il n’y a pas de toilettes, on doit se rendre chez un autre membre de la famille qui habite un peu plus loin. « Avant nou ti pe alim lalamp avek de lwil pou trouve. Aster enn vwazin donn nou ene ralonz pou lalimier me mo alim zis enn glob. »
En ce moment, Rose-Mary ne travaille pas. Elle était employée dans un hôtel mais elle a dû arrêter depuis peu parce que la situation devenait compliquée. « À présent je n’ai pas d’emploi. Je me rends sur des dépotoirs pour récupérer des bouteilles en plastique ou des métaux que je revends à quelqu’un. La somme d’argent que je reçois me permet de me débrouiller pendant quelques jours », dit-elle.
Nous utilisons l’eau des gouttières pour boire et l’eau de la rivière derrière notre maison pour le bain.»
Francesca, 35 ans, la fille aînée de la quinquagénaire, recherche un emploi alors que les deux autres enfants, Ismaël et Jessica, sont respectivement maçon et helper. C’est avec ces maigres revenus que vit la famille. L’époux de Rose-Mary est, quant à lui, mort noyé à Blue-Bay lors d’une sortie entre amis. Rajeekah, âgée de sept ans seulement et scolarisée dans un établissement de la localité, fait le va-et-vient entre son domicile et celui de son arrière-grand-mère, c’est-à-dire la mère de Rose-Mary, pour essayer d’avoir un semblant de vie normale.
C’est un long combat que mène Rose-Mary depuis septembre 2006. Elle s’est rendue à maintes reprises au ministère du Logement et des Terres pour obtenir un contrat. « Mes efforts n’ont jamais abouti. Lorsque je me rends au siège du ministère, je ne reçois jamais d’informations précises. On me demande de revenir une prochaine fois. Le mois dernier, je me suis une nouvelle fois rendue au ministère. Ils m’ont dit que je n’obtiendrai pas de papier et qu’ils procéderont à la destruction de ma maison. Mo espere enn zour nou pou ena enn lavi kouma tou fami », espère Rose-Mary.
« Bann zanfan demann mwa kifer mo lakaz tol »
La petite Rajeekah mène elle aussi une vie compliquée malgré son jeune âge. Ses camarades de classe la bombardent de questions. « Bann zanfan demann mwa kifer mo lakaz tol. Mo dir zot mo pa kapav fer nanye. Mo lakaz koumsa. Ena fwa zot riy mwa. Mo rev se gagn enn lakaz beton kot ena tou ladan… »
Aussitôt reçu à la rédaction, le cas a été référé à l’attachée de presse du ministère du Logement et des Terres, Reema Meetoo. Intervenant sur les ondes le mercredi 24 juillet, elle explique qu’il y a plusieurs personnes dans le même cas. « Il faudrait savoir si Rose-Mary s’est enregistrée au Social Register Mauritius, sous l’égide du ministère de l’Intégration sociale, parce que nous avons appris qu’elle souhaite construire une maison sur ce terrain. En s’enregistrant, elle pourra bénéficier de facilités. Selon les lois et mesures mises en place par le ministère du Logement et des Terres, nous ne pourrons pas régulariser tous les squatters. Les dossiers seront traités au cas par cas. Je demanderai à Rose-Mary de se rendre au siège du ministère afin de voir ce qui peut être fait », explique Reema Meetoo.
Elle a aussi informé que des officiers du ministère se rendraient sur place pour faire un constat. Une trentaine de minutes plus tard, une équipe d’arpenteurs et d’inspecteurs du ministère est arrivée sur place pour prendre des mesures et faire un constat.
Toute aide est la bienvenue
Ceux qui souhaitent aider la famille Frivolle, de quelque manière que ce soit, en leur offrant des vivres, des vêtements ou d’autres matériels, sont priés de la contacter au 5485 0334 ou au 5712 3397.
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