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Harcèlement scolaire - Dr Mahend Gungapersad : «Il faut revoir le cadre légal»

Le ministre veut en place des protocoles clairs pour la gestion du bullying en milieu scolaire.

Près de 500 professionnels de l’éducation se sont réunis à l’Institut Mahatma Gandhi à Moka pour un atelier national sur le harcèlement scolaire. L’objectif : poser les bases d’un guide officiel et amorcer un changement de culture dans les écoles.

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Cet atelier de travail, organisé par le ministère de l’Éducation, s’est tenu à l’auditorium du Mahatma Gandhi Institute à Moka. Il a réuni des participants issus des écoles publiques, privées et subventionnées de tout le pays, qui ont réfléchi ensemble à des pistes concrètes pour prévenir et combattre le harcèlement en milieu scolaire. Pour la première fois, un tel rassemblement vise à élaborer un guide officiel pour lutter contre ce problème qui gagne du terrain. 

Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Éducation, Dr Mahend Gungapersad a déclaré : « Nous devons garantir un environnement scolaire sûr et inclusif. Toute forme de violence envers les élèves ou les enseignants est inacceptable ». Il a ensuite parlé des lacunes du système : « Il n’existe pas encore de politique claire ni de protocole bien défini pour gérer les actes de violence en milieu scolaire ».

Le ministre a insisté sur la nécessité de former tous les acteurs : enseignants, chefs d’établissement, parents et élèves à adopter les bons réflexes en cas de gestion du harcèlement scolaire. Il a également souligné l’importance de l’empathie : « Pour comprendre le comportement agressif de certains élèves, il faut en saisir les causes sociales et émotionnelles ».

Au Parlement, le ministre avait déjà évoqué une série de 14 mesures pour gérer les cas de « bullying ». Parmi les celles évoquées, le recrutement de discipline masters reste un défi, faute de financement a fait ressortir le ministre. En attendant, les chefs d’établissement, ainsi que les enseignants, les parents et les membres du student council seront épaulés par des « Resource persons ». « C’est un travail d’équipe, un effort collectif qui doit impliquer tout le monde et les familles », a-t-il expliqué. Le Dr Gungapersad a aussi encouragé les écoles à maintenir les activités extrascolaires, même au troisième trimestre. Il a indiqué : « Ces activités permettent aux enfants de canaliser leur énergie de manière positive. Débats, pièces de théâtre, ateliers créatifs. Ce sont des espaces d’expression essentiels ».

Des outils concrets pour un vrai changement

Lors de cette journée, les participants ont mis en avant les différents problèmes auxquels ils font face. Certains participants ont évoqué l’extrême pauvreté dans laquelle vivent certains enfants. D’autres ont souligné les situations complexes liées aux familles recomposées, qui peuvent exposer les enfants à divers risques.

Les personnes présentes ont appris qu’un guide pratique (« booklet ») est en cours de préparation. Il leur proposera des outils concrets pour identifier les cas de harcèlement scolaire, soutenir les victimes, mais aussi accompagner les présumés agresseurs. 

« Souvent, ceux qui harcèlent ont eux-mêmes été harcelés. Il faut revoir le cadre légal, les encadrer, les sensibiliser, leur faire comprendre que ce comportement n’est pas acceptable. Je crois en la réhabilitation, parce que fréquemment, les présumés agresseurs ont été victimes des autres. Une personne qui a reçu un bon encadrement où il y a de l’amour ne commet pas de telles choses », a affirmé le ministre.

La question de la surveillance a aussi été abordée. Certaines écoles sont équipées de caméras, d’autres non. « Avec le soutien des PTA et d’autres associations, nous espérons que toutes les écoles pourront en être dotées. Mais même sans caméras, les enseignants peuvent jouer un rôle clé dans la gestion de l’indiscipline », a indiqué le Dr Gungapersad.

Former pour transformer

L’atelier a été animé par trois expertes. Ce sont la psychologue clinicienne pour enfants, Dr Karishma Ramdhonee ; la psychologue et universitaire Dr Anjali Boyramboli et Mme Marjorie Ayen, consultante en harcèlement scolaire.

Pour la Dr Karishma Ramdhonee, cette mobilisation est importante : « Il est très rare de voir toute la communauté éducative se réunir pour comprendre ce problème. Si nous ne trouvons pas de solutions, notre société risque une crise encore plus grave ». Elle insiste sur la complexité du phénomène : « Le harcèlement a plusieurs visages, il vient de facteurs multiples. Les chefs d’établissement ont une riche expérience, mais parfois la situation les dépasse. Il faut les équiper pour mieux gérer les cas afin qu’à leur tour, ils peuvent orienter les élèves concernés vers les professionnels ».

Pour sa part, la Dr Anjali Boyrambol appelle à la lucidité : « Il ne faut pas réinventer la roue. Le problème du harcèlement scolaire existe depuis longtemps. Il faut revoir les projets existants, analyser ce qui a marché ou non, et ajuster notre approche ». Quant à Marjorie Ayen, ancienne enseignante, elle a relaté son expérience étant elle-même victime de harcèlement scolaire. Elle soutient qu’il faut réagir au cas par cas et poser les bonnes bases pour éviter les cas au sein des écoles. 

À l’approche du troisième trimestre, le Dr Mahend Gungapersad a lancé un appel aux élèves : « Comportez-vous bien. Ne faites pas mauvais usage de vos téléphones. Respectez les enseignants, les établissements, les règles. Vous venez à l’école pour apprendre et devenir de bons citoyens ».

Cet atelier ne marque pas la fin, mais le début d’un processus. En effet, une vingtaine de sessions seront organisées dès la prochaine rentrée, cette fois à destination des élèves et des parents. L’objectif est de former 10 000 personnes pour lutter contre le harcèlement scolaire. 

 

 

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