Ce mardi 20 novembre marque la Journée internationale des droits de l’enfant. À l’occasion de cet évènement, nous donnons la parole aux enfants car il est important de les écouter. Tour d’horizon.
«Rien n’est plus important que de bâtir un monde dans lequel tous nos enfants auront la possibilité de réaliser pleinement leur potentiel et de grandir en bonne santé, dans la paix et dans la dignité », a dit Kofi Annan, alors qu’il était secrétaire général de l’Organisation des Nations unies. Cette Journée, créée en 1954 et célébrée chaque année le 20 novembre, a pour objectif de promouvoir le respect et les droits des enfants.
Depuis la semaine dernière, de nombreuses activités ont été organisées à travers l’île afin de sensibiliser les petits, jeunes et moins jeunes aux droits des enfants et de mettre en lumière les droits qui sont bafoués, afin que les autorités puissent y remédier et que chaque enfant puisse jouir pleinement de tous ses droits.
Samedi dernier, des animateurs de Zanfan Sourir, DRIP et ENL ont organisé un festival à Alma et dimanche dernier, Kolektif 3 Kartier et la plateforme Mangalkhan se sont réunis pour célébrer cette Journée.
Au niveau du ministère de l’Égalité des genres, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille, une célébration a eu lieu le dimanche 18 novembre au National Women’s Development Centre de Phoenix.
Le lundi 19 novembre, Terre de Paix a organisé un atelier de travail, alors que le bureau de l’Ombudsperson pour les enfants a procédé au lancement d’un livre à Réduit.
Mais, quoi de mieux que de demander aux enfants de faire, eux-mêmes, un constat en cette Journée ?
Roxanne Wang, ambassadrice des droits de l’enfant au bureau de l’Ombudsperson : «Il faut se concentrer sur les enfants des shelters»
Quel est votre rôle en tant qu’ambassadrice des droits de l’enfant ?
Je suis honorée d’être l’ambassadrice des droits de l’enfant pour la deuxième année consécutive. Je suis devenue une personne plus responsable. J’ai énormément appris. J’ai partagé tellement de belles choses avec les enfants, en particulier ceux des shelters. En tant qu’ambassadrice, je suis porteuse d’un message de paix, d’amour et de respect envers les enfants et envers mes camarades de classe au collège.
Mon rôle est avant tout de faire en sorte que je sois la première à respecter les droits des enfants, que ce soient mes amis ou d’autres enfants que je rencontre. Je véhicule aussi les droits des enfants autour de moi en incitant mon collège, ma famille et tous les adultes autour de moi à respecter les droits des enfants et à s’assurer que ces derniers sont au courant de leurs droits et de leurs responsabilités. Je participe régulièrement à des campagnes de sensibilisation.
Quel constat faites-vous des droits des enfants à Maurice ?
À Maurice, comparé à d’autres pays, nous avons fait beaucoup de progrès en matière de droits des enfants. Je pense que notre pays protège bien les enfants et que le bureau de l’Ombusperson fait un travail formidable. Cependant, il ne suffit pas d’avoir des lois et des institutions. Il faudrait qu’il y ait une responsabilité collective, que tous se sentent concernés par les droits des enfants, que chaque parent protège comme il se doit son enfant, mais aussi celui des autres. Je déplore le nombre de cas d’abus sexuels sur les enfants pour un pays aussi petit que le nôtre. Je suis aussi triste pour tous ces enfants qui se retrouvent dans les shelters. Sinon, voyons aussi le côté positif. Les enfants ont beaucoup de choix et de facilités à Maurice. Ils ont aussi l’occasion de s’exprimer.
Si vous aviez un message pour le Premier ministre en ce qui concerne les enfants, que lui diriez-vous ?
Qu’il faut continuer à protéger tous les enfants de la République. Cependant, je lui demanderais de porter une attention particulière aux enfants qui habitent dans des shelters. Ils ont besoin de plus d’opportunités, d’un meilleur encadrement… bref d’un coup de pouce car ce n’est pas facile de les soulager de ce sentiment d’abandon qu’ils ressentent. Cela doit être vraiment dur d’affronter chaque jour sans se poser des milliers de questions et quand les sentiments se bousculent dans leur tête. Il faut juste leur donner la chance de démontrer qu’ils peuvent être de meilleurs citoyens.
À la rencontre de Nani Coco…
Elle n’a que 17 ans et a joué, hier le lundi 19 novembre, le personnage principal de la pièce ‘Nani Coco’, un spectacle organisé par le bureau de l’Ombudsperson pour les enfants. Sonia Greedharry est en Grade 12 et c’est pour elle une nouvelle expérience et une très belle opportunité de pouvoir monter sur scène pour vulgariser les droits des enfants à travers l’art. « Cela n’aurait pas été possible sans notre prof d’art, Madame Naga, et le bureau de l’Ombudsperson. Je suis très honorée de monter sur scène avec mes camarades et les enfants de divers shelters. Les costumes ont été confectionnés par les élèves du collège Belle-Rose SSS. »
Elle nous en dit plus sur le spectacle : « ‘Nani Coco’ est un personnage typiquement mauricien. Elle parle de divers problèmes de société. Cette fois-ci, elle est très fâchée, car elle constate que le pays est sale et qu’il faut absolument faire quelque chose pour l’environnement ». Effectivement, le thème de cette Journée est ‘Zanfan divan divan, pou protez lanvironnman’. Le bureau de l’Ombudsperson en a profité pour lancer un livre sur l’histoire de ‘Nani Coco’.
Opinions
Les droits des enfants sont-ils respectés à Maurice ?
Yanis Cotte, 10 ans : «Beaucoup de sports»
« Il y a beaucoup de sports et de jeux à Maurice pour les enfants. Cependant, il y a certains endroits où l’accès coûte cher et où nous ne pouvons pas aller. Je pense que tous les enfants ont le droit de jouer, mais ils doivent aussi savoir qu’il y a un moment pour apprendre et qu’on ne peut pas passer son temps à jouer. »
Stacy Lavigilante, 9 ans : «Aucun enfant ne doit être privé de nourriture»
À son âge, elle a vu autour d’elle de nombreux enfants qui viennent à l’école sans un repas et c’est quelque chose qui l’a marquée. « Je ne sais pas grand chose sur les droits des enfants. Je sais que j’ai le droit d’aller à l’école, de manger, de jouer et d’avoir une famille. Je ne sais pas qui peut aider les enfants, mais je sais que beaucoup d’enfants viennent à l’école sans déjeuner et on ne peut pas partager avec tout le monde. Parfois, ils pleurent et ne veulent plus venir à l’école », dit-elle.
Dhuska Rajiah, 18 ans : «50 % des droits sont bafoués»
« À Maurice, malheureusement tous les droits ne sont pas respectés. Je dirai que 50 % des droits des enfants sont bafoués tout simplement parce qu’on ne leur donne pas assez d’opportunités pour connaître tous leurs droits. C’est très important d’inculquer des valeurs aux enfants, de leur apprendre leurs droits et de leur dire que ce ne sont pas que les adultes qui ont des responsabilités. Il faut en parler encore et encore et mener plus de campagnes de sensibilisation pour qu’il y ait moins d’enfants abusés, négligés, victimes de punition corporelle et privés de leurs droits de socialiser. »
Kayne Meunier, 9 ans : «Le droit à l’éducation»
« Je remercie mes enseignants et mes parents qui m’enseignent ce que veulent dire les droits des enfants. Je sais que j’ai beaucoup de droits, mais aussi des responsabilités. Heureusement qu’à Maurice, tous les enfants sont obligés d’aller à l’école. Nous avons le droit à l’éducation. Mais il faut également encourager les enfants des régions défavorisées à aller à l’école. Il faut leur donner ce dont ils ont besoin pour qu’ils ne ratent pas l’école et il ne faut pas faire de discrimination à l’école et traiter tous les enfants de la même manière. »
Soumaiyah Ahmod, 19 ans : «Il faut plus de jeunes engagés»
Elle est d’avis qu’il faut plus de jeunes pour faire entendre la voix des jeunes et des enfants. « Je pense que, de manière globale, les droits des enfants sont respectés à Maurice. Cependant, dans certains cas, il reste beaucoup d’efforts à faire. Par exemple, en ce qui concerne les enfants en situation de handicap, ceux vivant dans la pauvreté et dans des familles à problèmes. Chaque enfant a droit au respect et de vivre dans un environnement sain. Mais pour que les droits de tous les enfants soient respectés, il faudrait plus de voix. »
Shania Grace Luboo, 17 ans : «Un pays qui protège les droits des enfants»
« Je suis fière d’appartenir à un pays qui protège les droits des enfants. Je pense qu’on respecte leurs idées, on les écoute et on leur donne une attention particulière quand il le faut. Par exemple, au collège Belle-Rose SSS, quand un élève a des problèmes, on le réfère à un psychologue. Je trouve que les enfants sont très conscients de leurs droits et que ces droits sont très vulgarisés dans le pays »
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