Se défendant d’être une « fille de », Joanna Bérenger, dans son premier entretien de presse, dit être disposée à servir à n’importe quel poste au sein du MMM et que le leadership du parti n’est pas d’actualité pour elle.
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Jean-claude dedans Après les Ramgoolam, les Duval, les Jugnauth, voici la fille du leader du MMM qui pointe le bout de son nez dans l’arène politique. Cela vous fait quoi d’être surnommée « fille de » ?
On ne peut pas mettre tous les enfants de leaders dans le même panier. Chaque cas est spécifique. Le plus important est qu’un processus démocratique soit respecté pour accéder à un poste. Nous connaissons tous la polémique autour de l’accession de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre.
Même en ce qui concerne l’accession au poste de leader de parti, il me semble qu’il n’y ait que le Mouvement militant mauricien (MMM) qui ait recours à des élections internes.
Quid d’être « la fille de » ?
Pour ce qui est du qualificatif « fille de », il n’y a pas eu besoin que je pointe mon nez en politique pour être surnommée ainsi. C’est le cas depuis toujours. Mais j’ai la chance d’avoir un papa qui n’a rien à se reprocher et dont je peux être fière. Il reste un modèle, de par son intégrité, ainsi que son sens du devoir et de la justice.
Ceci dit, je ne suis pas uniquement « la fille de ». Je suis Joanna. J’ai ma propre personnalité et ma propre conception de la chose politique. Pour mes camarades de la régionale 16, je ne suis pas « fille du leader » mais une militante. Le patronyme ne fait pas tout et j’espère que les Mauriciens me jugeront surtout sur mes actions.
Vous serez candidate aux élections du comité central au niveau national. Une chance de passer la rampe ?
J’ai la même opportunité que tous mes camarades militants qui sont aussi les 103 candidats, ni plus ni moins. Après plusieurs années comme membre de la régionale 16, puis comme présidente de l’aile jeune de cette circonscription, je pense avoir maintenant les acquis nécessaires pour intégrer le comité central.
J’ai la motivation qu’il faut pour apporter ma part, pour contribuer à l’avancement de mon parti. D’où ma décision de me porter candidate à l’élection de cette instance. En le faisant, j’exerce mon droit comme tout militant.
Ce sont les militants/délégués qui décideront en leur âme et conscience si je fais partie des personnes qui ont leur place dans cette instance.
Ces élections sont contestées par une bonne frange des membres du MMM, affirmant qu’elles sont pipées d’avance. Des commentaires ?
Je ne suis pas d’accord avec les termes « bonne frange », car une écrasante majorité au comité central a confirmé que ces élections sont totalement légitimes. Les élections du comité central se font aujourd’hui selon les mêmes règles auxquelles ces quelques personnes réticentes avaient adhéré en 2015.
Le nombre élevé de candidats est aussi une preuve de la crédibilité accordée à ces élections, de même que le nombre de candidats totalement nouveaux, qui démontre une adhésion des jeunes du parti.
Par ailleurs, le comité central du 5 mai avait discuté d’un éventuel renvoi de ces élections mais uniquement cinq personnes sur un total d’environ 80 se sont prononcées en faveur d’un report. Notre constitution prévoit la tenue de ces élections tous les trois ans. Le délai étant arrivé à échéance, la démocratie voudrait donc que ces élections aient lieu.
Ces élections ne seront-elles pas pipées, selon vous ?
Ce serait insulter l’intelligence des 1 600 délégués qui voteront que de dire que les élections sont pipées. Ils sont suffisamment responsables et informés pour pouvoir voter en leur âme et conscience, d’autant que le vote se fait à bulletin secret.
Depuis les législatives de 2014, il y a de grands remous au sein du MMM. Pourquoi ?
Il existe plusieurs raisons, mais celle qui me vient à l’esprit en premier est le fait que ce soit toujours plus compliqué quand on est dans l’opposition. Bien qu’une opposition forte soit très importante pour la bonne santé de notre démocratie, il y a forcément moins de « dissidences » dans un parti lorsque celui-ci est au gouvernement.
Le MMM est aussi quelque part un peu victime de sa démocratie. Certains sont partis, mais fort heureusement, beaucoup d’autres sont arrivés. Je constate aussi sur le terrain avec satisfaction que beaucoup de militants qui nous avaient tourné le dos en 2014 reviennent vers nous et reprennent confiance en leur parti. Le MMM est l’alternative crédible pour redresser le pays.
Vous avez gravi petit à petit les échelons au sein du MMM. Dans quelques années, si les militants vous plébiscitent pour prendre le leadership du parti, accepterez-vous ?
Je n’y pense pas du tout. Ce qui m’intéresse c’est d’intégrer le comité central. Pour cela, je suis prête. Pour le reste, j’ai encore tout à apprendre. Je servirai mon parti à n’importe quel poste. Le leadership du MMM n’est pas d’actualité pour moi.
Le Budget se tiendra dans quelques jours. Vos attentes ?
J’espère voir plus d’audace et d’imagination, avec des mesures surtout pour les enfants qui sont souvent les grands oubliés du Budget. Pourtant, ce sont eux notre avenir. Investir dans la formation des officiers de la Child Development Unit (CDU), dans les shelters, renforcer les équipes, réaménager les locaux de la CDU pour qu’ils soient plus adaptés aux enfants et mettre en place un tribunal pour enfants sont là quelques dispositions qui peuvent être prises. Puis je souhaiterais voir une remise en question de notre modèle de développement foncier et touristique.
Les prix des carburants ont flambé. Était-ce inévitable ?
La situation géopolitique dans la région du Moyen-Orient, notamment en Iran, ne jouait pas en faveur de Maurice. Le prix des carburants sur le marché international a pris la courbe ascendante depuis mars. Mais rien ne justifiait cette décision, ou du moins des alternatives pouvaient être trouvées, comme revoir la méthode de calcul du prix des carburants et revoir à la baisse les taxes imposées.
Le prix de l’essence est passé à Rs 52 le litre et celui du diesel à Rs 41,90. Ce qui fait monter le prix du carburant ce sont les huit différentes taxes dont chaque Mauricien s’acquitte en passant à la pompe. Le MMM réclame au moins l'abolition du prélèvement de ces Rs 4.
On a dénombré plusieurs cas de violence domestique. Comment l’expliquer ?
Il y a eu 2 077 cas de violences domestiques chez les femmes en 2016 et ce ne sont que les cas rapportés. Si les femmes sont plus à même d’être victimes de violence domestique, le nombre d’hommes battus est aussi en hausse. En 2016, 207 hommes ont dit être victimes de violence conjugale.
L’émancipation de la femme pourrait aussi avoir causé cette recrudescence. Certains hommes arrivent mal à assimiler le fait que les femmes soient plus indépendantes aujourd’hui. Il y a aussi l’inactivité économique chez les femmes qui les rend dépendantes.
Le MMM est en faveur d’un amendement à la Protection from Domestic Violence Act pour y rajouter le terme financial abuse, ainsi qu’une définition plus large d’une associated person afin de protéger davantage les victimes de violence domestique.
Finalement, Shamila Sonah-Ori s’est désistée pour siéger au sein deux importantes institutions. Est-ce la pression politique de l’opposition qui l’a poussée à se rétracter ?
Non, c’est simplement la Constitution du pays qui a disqualifié cette dame. Il faut que ce soit clair : ses compétences ne sont pas mises en doute. C’est sur un point de constitutionnalité, en tout cas, que le MMM a fait pression pour bloquer cette nomination. Cela démontre en même temps l’importance d’avoir une opposition forte pour faire barrière à toutes sortes d’abus.
L’opposition crie au loup quant aux diverses nominations, mais elle n’est pas en reste, vous conviendrez…
Je suppose que vous parlez des autres partis de l’opposition… Donnez la chance au MMM en 2019 et vous verrez que toutes les nominations seront faites sur la base du mérite et de la compétence.
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