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Incivisme : une vague de pollution sur nos îlots interpelle

Le Premier ministre a mis sur pied un comité pour gérer une campagne de nettoyage dans le pays. Pravind Jugnauth a même déclaré que le niveau de pollution est choquant, d’où la nécessité d’une campagne nationale de nettoyage. Mais qu’en est-il de nos îlots ?

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Des lieux protégés par des lois sont graduellement devenus les poubelles du pays. La République de Maurice compte 49 îlots dont sept sont classés comme réserve naturelle et huit comme parc national. Certains sont fréquentés quotidiennement par le public, notamment des touristes, des pêcheurs et des campeurs, entre autres. Toutefois, tous n’adhèrent pas aux mêmes principes.

La majeure partie des visiteurs pollue ces îlots avec leurs bouteilles, sacs en plastique et autres débris. L’île aux Bernaches, l’île Plate et l’îlot Gabriel sont connus pour recevoir le plus de pollueurs. Par contre, l’îlot Vacoas (au sud-est) est victime des caprices du courant marin et les déchets provenant des rivières du Sud-est y sont déversés.

Comment gérer le phénomène de pollution sur ces îlots ? Jean-Hugues Gardenne, Fund raising and Communication Manager de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF), explique que le libre accès aux îlots en est la cause. « L’île Ronde et l’île aux Aigrettes sont prises en charge par l’organisation et la technique utilisée pour protéger ces îlots fonctionne », assure-t-il.

À titre d’exemple, l’île aux Aigrettes n’est pas accessible au public sauf si la MWF y organise des visites. Des guides accompagnent les visiteurs et s’assurent qu’aucun déchet ne reste sur l’île. « Ces derniers doivent obligatoirement repartir avec leurs déchets. » Après le départ des visiteurs, des « rangers » effectuent des patrouilles pour récupérer et ramasser des déchets qui seraient tombés « par inadvertance ».

Dépotoir

Des déchets laissés aux creux d’un arbre.

Pour Jean-Hugues Gardenne, il faudrait un changement de mentalité dans la société. « Ce n’est pas parce qu’on est éloigné de la terre que tout est permis. Il faut responsabiliser les gens », martèle notre interlocuteur. Le Fund raising and Communication Manager de la MWF déplore aussi la situation à Saint-Brandon, où les îlots se transforment en poubelles.

Une source du service des bois et forêts du ministère de l’Agro-industrie affirme que le maximum est fait pour éliminer la pollution sur les îlots. Il ajoute toutefois qu’il est onéreux de placer des fonctionnaires sur des îlots très fréquentés, durant le week-end, pour pallier le problème. « Nous y avons songé mais pour cela, il faudra payer des heures supplémentaires. »

Il est plus simple, dit-il, de procéder au nettoyage des îlots chaque lundi et vendredi. Les fonctionnaires du service ramassent les déchets dans des sacs et un bateau les achemine vers des poubelles pour que les éboueurs puissent les collecter. « Si nous ne le faisons pas sur une base hebdomadaire, il faudra moins d’une semaine pour que certains îlots ressemblent à un dépotoir », affirme notre source.

Il fait ressortir que les plaisanciers ont été sensibilisés. « Leur devoir est donc d’expliquer aux visiteurs comment se comporter sur les îlots. » Yannick Quevauvilliers, membre de l’organisation Ecoguards, ne mâche pas ses mots : « Les îlots sont devenus des dépotoirs, surtout l’île aux Bernaches. Il y a des scinques sur cet îlot. Certains visiteurs n’ont aucun respect pour la biodiversité de ces lieux. »

Il explique que même le débarcadère est pollué par des campeurs et autres visiteurs. Yannick Quevauvilliers fait une campagne sur les réseaux sociaux pour dénoncer la pollution sur l’île aux Bernaches et d’autres îlots entourant le pays. Il publie régulièrement des photographies de l’état de ces lieux qui abritent des animaux et des plantes endémiques.

La MWF a, pour sa part, trouvé une solution pour protéger les îlots : la prévention et une surveillance accrue. Toutefois, du côté des organismes gouvernementaux, il est plus facile de nettoyer que de surveiller. Pendant ce temps, les Organisations non gouvernementales et les écologistes ne cessent d’attirer l’attention sur une pratique qui risque de détruire l’écosystème de nos îlots.

 

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