À l’occasion de la Fête des mères, Radio Plus a été à la rencontre de quatre détenues incarcérées à la prison des femmes. Le reportage, intitulé « Amour maternel derrière les murs : témoignages de mamans en prison », sera disponible sur www.defimedia.info à partir de 13 heures ce dimanche.
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Aisha : « On me dit souvent : ‘mam, you are one in a million’ »
Cela fait cinq ans qu’Aisha est derrière les barreaux, en détention préventive. « En prison, on se sent vraiment Mauricien, car on célèbre toutes les fêtes : Eid-ul-Fitr, Divali, la fête du Printemps, Pâques et même les anniversaires », raconte cette mère de famille auparavant domiciliée dans la capitale.
La prison, dit-elle, lui a appris la paix, le pardon et la foi. « Ma famille se compose principalement de garçons. Mais ici, j’ai trouvé une nouvelle famille, avec des détenues de toutes origines. Une des filles de la prison vient me voir quotidiennement et m’appelle affectueusement ‘mam’. Ses visites me touchent énormément. En d’autres mots, j’ai trouvé une famille en prison », partage-t-elle.
Aisha admet qu’une de ses proches lui rend visite régulièrement. « On prend très bien soin de moi ici, que ce soit les gardiennes ou le personnel médical. Je leur suis reconnaissante. Je suis comblée car j’ai reçu de nombreuses cartes lors des diverses Fêtes des mères passées. On me dit souvent : ‘mam, you are one in a million’ », exprime-t-elle.
Que souhaiterait-elle changer dans sa vie ? « Je cherchais la paix intérieure et je l’ai trouvée en prison », affirme Aisha. Quel est son message pour les mères du monde entier ? « Être maman est le plus beau cadeau. C’est précieux. Mais je vous demande d’être en paix avec vous-mêmes. Je souhaite une bonne Fête des mères à toutes les mamans de cette planète. »
Jessica : « Je souhaite revoir mes trois enfants »
Incarcérée depuis six mois, Jessica a découvert sa grossesse pendant sa détention. Enceinte de son quatrième enfant, une fille qu’elle prévoit de nommer Océane, elle révèle : « C’est la première fois que je suis en prison avec un bébé dans le ventre. Tomber enceinte a été ma plus grande surprise, et c’est mon plus beau cadeau en tant que mère », exprime-t-elle.
Ses trois autres enfants vivent avec sa mère, Marie-Ange, une ancienne détenue. Bien que son incarcération se déroule sans incident, Jessica note qu’il y a de nombreuses autres détenues enceintes, mais elle rejette catégoriquement l’idée d’accoucher en prison : « Ce serait une honte ! »
Elle constate être traitée différemment à cause de sa grossesse. Passionnée de broderie, Jessica est affectée par l’absence de visites, ce qui la fait souvent pleurer. « Mon plus grand souhait est de revoir mes trois enfants. Je les aime tant… » confie-t-elle, émue. Elle aspire à une nouvelle vie après sa sortie : « J’ai énormément de regrets. Je veux vraiment changer de vie. Quand je sortirai, je me mettrai en quête d’un emploi », partage-t-elle.
Mama Wawa, détenue d’origine angolaise : « Les gardiennes sont comme mes filles… »
« Cela fait six ans que je suis en prison. Je m’y sens bien. Toutes les gardiennes sont comme mes enfants et le commissaire des prisons par intérim est comme mon fils », partage celle que l’on appelle affectueusement « Mama Wawa ».
Originaire d’Angola, elle révèle que sa famille lui manque profondément. « Je ressens chaque jour l’absence de ma famille, ils sont très loin et n’ont pas la possibilité de venir à Maurice. Depuis mon incarcération, je ne les ai pas revus », dit-elle.
Pour la Fête des mères, son message est clair. « Ayez du courage pour affronter la vie et la société. La mère est l’épine dorsale du foyer. Elle s’occupe de la cuisine, de la vaisselle, de la lessive… et c’est elle qui donne la vie ! C’est pourquoi il est primordial de respecter toutes les mères du monde, car elles font face à tout », affirme Mama Wawa.
Valencia, détenue sud-africaine : « Maman, sois forte »
Valencia, une détenue sud-africaine, a été arrêtée en 2019. Elle était enceinte de deux mois lorsqu’elle a foulé le sol mauricien. C’est en prison qu’elle a donné naissance à une fille prénommée Angel. « Je suis peut-être loin de mon pays, mais je me console à l’idée que ma fille soit à mes côtés. Autrement dit, je ne suis pas seule malgré le fait que ma fille aille maintenant à l’école », confie la détenue qui apprend graduellement le français.
Et comment se déroule son incarcération ? « Tout se passe bien. Notre prise en charge par le personnel carcéral est sans reproche », souligne-t-elle.
Son message aux femmes et mères de ce monde ? « En Afrique du Sud, j’étais une personne qui travaillait honnêtement afin de gagner ma vie. Mais j’ai été induite en erreur. Et voilà où j’en suis. Cet épisode m’a permis de réfléchir longuement et je regrette amèrement ce que j’ai fait. Aux femmes, je leur demande de travailler afin de gagner leur vie. L’argent contribue au bonheur, mais il ne fait pas le bonheur », dit-elle.
Une fois de retour en Afrique du Sud lorsqu’elle aura purgé sa peine d’emprisonnement à Maurice, que compte-t-elle faire ? « Je veux trouver un travail dans le domaine de la sécurité. Je veux recommencer à gagner ma vie honnêtement » confie-t-elle.
Un message pour sa maman ? « Maman, sois forte… » lâche-t-elle en sanglots.
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