Interview

Hector Espitalier-Noël, président du Mauritius Sugar Syndicate: «Une compensation de Rs 2 000 par tonne de sucre est nécessair»

Hector Espitalier-Noël
Succédant à Naresh Gujadhur en tant que président du Syndicat des Sucres, Hector Espitalier-Noël, Chief Executive Officer du groupe ENL, fait un état des lieux de l’industrie cannière. Il affirme qu’avec un prix de Rs 13 000 par tonne de sucre, une compensation est requise. Vous êtes le nouveau président du Syndicat des Sucres. Quel tableau brossez-vous de l’industrie cannière ? Le prix du sucre est en baisse. Les producteurs, usiniers et petits planteurs, en souffriront. Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie, a annoncé seulement des mesures que nous sommes d’accord à prendre : débourser Rs 2 000 (par tonne de sucre) et le problème du prix de la bagasse. Ces deux aspects sont rassurants pour les planteurs. En tant que président, je partage le point de vue de tous les partenaires au sein de l’industrie cannière. Nous devons œuvrer de concert. Car nous sommes dans le même bateau, que ce soit le gouvernement, les usiniers et les petits planteurs. Nous devons en discuter. Finaliser le tout ensemble, savoir dans quelle direction nous allons. Je suis sûr que nous avons un bel avenir. Pour la récolte de 2014, le Sugar Insurance Fund Board a déboursé Rs 900 millions pour compenser les planteurs à la suite de la baisse des prix sur le marché européen. Cette compensation est-elle nécessaire aujourd’hui ? Définitivement. Au niveau du prix pour 2015, nous aurons bien besoin de reprendre Rs 2 000 la tonne, tout comme l’année dernière, pour pouvoir sortir la tête hors de l’eau. Nous aurons besoin de l’approbation du gouvernement avant de ponctionner les réserves du Sugar Insurance Fund Board. Les propos de Mahen Seeruttun, ministre de l’Agro-industrie, sont encourageants. Il comprend le problème. Et la diversification des marchés pour le sucre mauricien ? Le Syndicat des Sucres est confiant de cette possibilité. Maurice a déjà écoulé 30 000 tonnes sur le marché régional cette année, ce qui est pas mal du tout. Tous les officiers du syndicat sont conscients du fait que nous devons chercher des marchés alternatifs, hors d’Europe. Dans la région, on peut faire mieux. Le Syndicat des Sucres a-t-il son rôle à jouer sur les moyen et long termes, compte tenu du débat en cours sur son existence ? Oui. Le syndicat a une excellente réputation à l’étranger. C’est un forum où tous les producteurs peuvent s’assurer d’une distribution équitable des revenus. Maintenant, nous devons toujours remettre en question certaines choses. Que nous voulions étudier la possibilité d’avoir une autre façon de vendre du sucre qu’à travers le Syndicat des Sucres est une chose que je trouve normal. Je ne suis pas contre une révision du modèle (de fonctionnement). C’est utile, dans un monde nouveau, qu’on réexamine toutes les structures existantes. Et cela inclut le syndicat. Les principaux producteurs ont investi massivement pour baisser les coûts de production. À votre avis, les petits planteurs ont-ils suivi le rythme ? Cela ne pose-t-il pas un problème dans un contexte de baisse des prix ? C’est un problème. Il ne faut pas généraliser pour autant. Il y a des petits et moyens planteurs qui sont d’excellents producteurs de canne. Aujourd’hui, c’est vrai que nous avons une génération de petits planteurs qui le sont par héritage. Ces enfants et arrière-petits-enfants ont fait des études. Ils ne sont pas forcément des planteurs de canne. Mais les mesures comme le FORIP, le regroupement des planteurs et le Fair Trade, ont été définies pour encourager les petits planteurs à continuer à produire de la canne. Je suis réceptif à toute idée qui permettra cette pérennité. Le pays en a besoin. Maintenant, les usiniers ne peuvent pas vivre à long terme si les planteurs ne le sont pas. Puisque le volume de cannes disponible pour le broyage diminuera drastiquement. Et l’usine ne sera plus rentable. Nous sommes tous dans le même bateau. Si les usiniers tirent trop la couverture vers eux, les petits planteurs n’auront pas suffisamment de revenus pour continuer la culture. Si les petits planteurs cherchent trop d’argent pour leur rapport, les usiniers ne pourront rendre l’appel et nous ne pourrons pas produire. Pour une production optimale de canne et de sucre à Maurice, chacun doit trouver sa juste part. Autrement, le modèle est compromis. Que pensez-vous des relations industrielles au sein du secteur ? Sont-elles en train d’évoluer avec le temps ? L’industrie fonctionne dans un cadre légal différent des autres. Le moment est venu de complètement réformer. Il n’y pas le moindre doute. Il n’y a aucune raison justifiant que l’environnement de travail de l’industrie cannière sera différent des autres. Tout travail est difficile. La flexibilité avec laquelle les autres secteurs peuvent employer les travailleurs leur permettent de licencier et recruter quand c’est nécessaire. Pour l’industrie cannière, cela devrait être la même chose et laisser les forces du marché (dicter le pas), tout en ayant des organismes pour protéger les intérêts de tout un chacun. La méthodologie est archaïque.
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