Interview

Devesh Dukhira, CEO du Syndicat des Sucres: «Le prix du sucre a grimpé de 25 % depuis octobre»

Devesh Dukhira, CEO du Syndicat des Sucres

Bonne nouvelle pour les opérateurs de l’industrie sucrière. En effet, le prix du sucre à l’échelle mondiale a grimpé de 25 % depuis le mois d’octobre, indique Devesh Dukhira, CEO du Syndicat des Sucres. La situation s’est-elle améliorée sur le marché international ? Après cinq années de surplus sur le marché du sucre, nous entamons le cycle déficitaire. Des signaux étaient là pour confirmer nos estimations. Au Brésil,  on a noté une croissance du prix de l’éthanol. Résultat, une transition vers la production de l’éthanol au détriment de la production du sucre. Aujourd’hui, c’est la demande qui dépasse l’offre. Depuis le mois d’octobre, le prix du sucre a grimpé de 25 % sur le marché mondial. D’ailleurs, le prix du sucre roux est passé de  $ 250 la tonne à $ 350 la tonne durant cette période. Donc, on pourrait s’attendre à plus de profits ? Disons que c’est une bouffée d’air frais pour l’industrie. Malheureusement, les contrats de vente étaient déjà rédigés durant les mois de juillet et d’août. Ce n’est que pour la prochaine coupe que l’on pourra tirer le maximum de profits de cette hausse du prix du sucre, qui devrait se croître davantage. On est quasi certain que les prix ne chuteront pas, car, cela marque le début du cycle déficitaire qui s’étendra sur plusieurs années. Quel a été l’impact de la baisse du taux d’extraction ? Il y a un véritable manque à gagner pour l’industrie avec la baisse du taux d’extraction. Au départ, la production était estimée à 410 000 tonnes, mais ce chiffre a été revu à la baisse à seulement 370 000 tonnes. Cela pèse lourd dans la balance pour les opérateurs, surtout en tenant compte du prix auquel nous commercialisons actuellement notre sucre. L’Europe demeure notre marché principal, d’autant que c’est notre marché le plus rémunérateur. Étant donné que nous entrons dans le cycle déficitaire, j’encourage les planteurs à investir davantage dans la culture de la canne à sucre, qui leur sera plus profitable. Quel regard portez-vous sur l’avenir de l’industrie cannière à Maurice ? Il y a constamment des hauts et des bas dans un cycle. Il faut s’adapter au dynamisme du marché afin de connaître un développement soutenu dans l’industrie. La fin du protocole sucre ne nous protège plus face aux fluctuations  de prix sur le marché mondial. Il nous faut donc revoir notre stratégie pour être flexible et être prêts à des alternatives lorsque le prix du sucre est bas, comme c’est le cas au Brésil. Nous avons déjà bâti une solide réputation en tant que producteur fiable. Avec 6 500 planteurs certifiés à Maurice, environ 40 000 tonnes de sucre sont commercialisées sous la bannière ‘Fair Trade’. Ce qui nous permet de cibler des marchés niches. Cela permet aux planteurs de gagner une prime de $60 la tonne, qui peut alors être réinvesti dans leurs champs pour opter pour de meilleures cultures. Qu’en est-il de la commercialisation ? Écoutez, le marché mondial est estimé à 180 millions de tonnes annuellement. L’Afrique représente un énorme potentiel, avec une hausse du niveau de vie et un nombre croissant de consommateurs. L’Europe demeure notre marché principal, mais si le dollar continue de grimper, il se peut que les pays d’Afrique et d’Asie se révèlent plus rémunérateurs vu qu’ils paient en devise américaine. Enfin, il faut fidéliser nos clients et  avoir une marge de manœuvre pour nous adapter aux fluctuations des prix sur le marché international.

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