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Industrie de la canne: les planteurs crient au «détournement» de sucre

Alors que le taux d’extraction de sucre est à son niveau le plus bas, la production de mélasse a, elle, augmenté. Ce qui rend les planteurs suspicieux, d’autant qu’ils ne sont pas convaincus par les explications des autorités. D’un côté, le taux de sucre extrait de la canne chute drastiquement. De l’autre, le volume de mélasse produit augmente. Coïncidence ? Pour la communauté des planteurs, il y a entre les deux phénomènes un lien de cause à effet. Si le taux d’extraction est à son niveau le plus bas depuis 1960, disent-ils, c’est que le sucre est allé gonfler les cuves de mélasse. Ils s’en sont même plaints auprès du Mauritius Sugarcane Industry Research Institute (MSIRI), le jeudi 18 février. Pour chaque tonne de canne, les planteurs sont nombreux à n’avoir obtenu que 70 kilos de sucre. De son côté, Salil Roy, président de la Planters’ Reform Association (PRA), avance que « trois quarts des planteurs sont sous la barre des 70 kilos ». En temps normal, ils obtiennent aisément plus de 80 kilos. « Certains planteurs ont perdu entre 13 et 20 kilos par tonne. Dans certaines régions, ils n’ont extrait que 58 kilos », souligne-t-il. D’un autre côté, la production de mélasse a connu une hausse. « Il doit y avoir une corrélation entre les deux. On veut comprendre », affirme Salil Roy. Il soutient que les explications fournies par le MSIRI jeudi dernier, à savoir que c’est le changement climatique qui est à blâmer, ne suffit pas. C’est également ce qu’avait avancé Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture en novembre dernier. Les planteurs soupçonnent, eux, un « détournement de sucre ». Selon les chiffres que Le Défi Quotidien s’est procurés, c’est surtout dans les usines d’Omnicane et de Médine qu’on assiste à ce phénomène. À Médine, l’extraction de sucre est passée de 85 kilos en 2012 à 76,1 kilos pour 2016. Pour la mélasse, c’est le phénomène inverse : les 33,3 kilos de 2012 ont grimpé à 34,6 kilos en 2016. Chez Omnicane, le sucre est passé de 80,5 kilos à 71,3 kilos, alors que la mélasse est passée de 33,7 kilos à 36 kilos. Le MSIRI n’était pas joignable pour commenter la situation, mais un spécialiste, qui a requis l’anonymat, rejette la théorie avancée par les deux camps. « Le changement climatique produit des effets sur plusieurs années, pas sur huit ou dix mois. Quant à la thèse du détournement, le protocole d’extraction est établi et les usines ne le changent pas. Si cela changeait d’une année à l’autre, cela se saurait à Maurice », dit-il. Il soutient qu’il faudrait « un travail méticuleux » pour identifier les parcelles de terrain qui ont eu un faible rendement et quelle variété de canne y est plantée.
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