
Face au désintérêt croissant pour les élections municipales, Géraldine Hennequin, fondatrice d’Idéal démocrate, défend une vision alternative et enracinée à Curepipe. Refusant l’éparpillement et les logiques de partis, elle mise sur la proximité, l’écoute et l’engagement citoyen pour enrayer le déclin urbain et redonner un sens à la démocratie locale. Dans cet entretien, elle détaille les raisons de son engagement, sa critique d’un système à bout de souffle et ses propositions concrètes pour revitaliser la ville et restaurer la confiance des Curepipiens dans la gestion municipale.
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Pourquoi avoir choisi de présenter des candidats uniquement à Curepipe et pas dans les autres villes du pays ?
Parce que nous sommes dans la constance. Depuis plusieurs années, nous avons semé les graines d’une alternative citoyenne à Curepipe. Nous avons choisi d’y rester fidèles, puisque nous connaissons profondément cette ville. Ce que nous proposons ici n’est pas un effet d’annonce, mais l’aboutissement d’un travail enraciné. Nous ne nous éparpillons pas, car nous croyons à l’ancrage, à la proximité et à la cohérence.
Quel regard portez-vous sur le taux historiquement élevé d’absentéisme lors des élections municipales à Maurice ? Pensez-vous que ce sera différent cette fois ?
Le désintérêt massif pour les municipales est un signal d’alarme dont les partis mainstream ne sont jamais préoccupés, à vrai dire. Il traduit pourtant une rupture entre les citoyens et la démocratie locale. Trop de gens ne croient plus en l’utilité de ces élections, car ils n’ont pas vu d’amélioration concrète dans leur quotidien. Ils n’y croient plus, parce qu’ils ont été trahis, oubliés, ignorés. Cette crise de confiance est profonde. Il nous appartient d’y répondre avec clarté et courage. À Curepipe, nous proposons un renouveau. Une voie sans drapeau politique, mais avec un vrai projet pour les habitants.
Selon vous, pourquoi les citadins semblent-ils si peu intéressés par les municipales ?
C’est simple : on leur a trop souvent fait croire que leur voix ne changerait rien. Et puis, ils voient leur ville se dégrader malgré les discours officiels. Il y a aussi une responsabilité de l’ancien gouvernement. Pendant des années, les élections municipales n’ont pas eu lieu, cassant ainsi l’habitude démocratique. Aujourd’hui, il faut leur redonner le pouvoir d’agir, leur montrer que leur vote peut réellement compter.
Comment comptez-vous mobiliser les Curepipiens et les inciter à aller voter le 4 mai ?
Nous interpellons chaque citoyen sur sa responsabilité envers sa ville, son lieu de vie. Ne pas voter, c’est laisser les autres choisir à sa place qui va gérer sa ville. C’est renoncer à décider de ce qui compte pour soi : les routes, les espaces verts, la propreté, la sécurité, la culture, la jeunesse, le sport, etc. Nous allons à la rencontre des habitants, dans les quartiers, les commerces, les rues, pour leur dire : Curepipe ne changera pas sans vous.
Les conseils municipaux disposent de pouvoirs très limités. Êtes-vous d’accord avec ce point de vue ?
Oui, les moyens sont insuffisants. Mais ce n’est pas une fatalité. À nous d’être inventifs, de faire mieux avec ce que nous avons, d’aller chercher des financements alternatifs, d’impliquer la population pour renforcer les projets collectifs. L’énergie citoyenne, les partenariats avec des ONG et le mécénat local peuvent compenser en partie les limites institutionnelles. Le courage politique, c’est d’agir malgré les obstacles, pas de s’en plaindre.
Pensez-vous qu’il faille une réforme des collectivités locales pour redonner du sens à ces élections ?
Évidemment. Il est urgent de redonner aux conseils municipaux de vrais leviers pour agir. Plus de budgets d’investissement, plus d’autonomie décisionnelle, et surtout, la capacité de construire des projets ambitieux à long terme. Idéal démocrate (ID) défend l’idée d’une démocratie locale participative, pas d’une gestion administrative au rabais.
Quels sont, selon vous, les principaux enjeux auxquels la ville de Curepipe fait face aujourd’hui ?
Le premier enjeu, c’est de stopper le déclin urbain : bâtiments abandonnés, le commerce qui s’effondre, des infrastructures vieillissantes, une situation sanitaire peu reluisante. Ensuite, c’est de redonner du souffle économique à la ville, en soutenant le petit commerce, l’artisanat, les startups locales. Enfin, il faut recréer du lien : Curepipe doit être une ville dans laquelle on se sent bien, avec des espaces publics animés, des activités pour toutes les générations et un véritable plan d’action pour l’environnement.
Si vous deviez résumer la vision d’ID pour Curepipe en quelques mots, lesquels choisiriez-vous ?
Voici en trois mots notre ambition : Renouveau, proximité, ambition.
Quels projets concrets votre parti propose-t-il pour améliorer la qualité de vie dans la ville ?
D’abord, assainir les finances municipales. Plus de 70 % du budget de Curepipe est absorbé par les frais de fonctionnement, sans que l’efficacité des services suive. Il faut revoir les priorités et injecter des moyens là où cela améliore réellement la vie des habitants. Ensuite, réhabiliter les infrastructures : routes, trottoirs, marchés, bâtiments publics. Rendre les services municipaux efficaces : collecte des déchets, entretien des espaces verts, éclairage public. Et surtout, amener des projets d’investissement porteurs : zones d’activité économique, équipements culturels et sportifs, mobilité douce. Curepipe mérite mieux que la gestion de la pénurie.
Vous défendez une gouvernance alternative. En quoi votre approche serait-elle différente de celle de l’alliance gouvernementale ?
Nous voulons gouverner avec les citoyens, pas au-dessus d’eux. Chaque projet d’envergure passera par des assises publiques. De plus, nous nous engageons à publier en toute transparence les dépenses municipales, avec un rapport annuel accessible à tous.
Pourquoi est-il important, selon vous, que les conseils municipaux ne soient pas dirigés par les partis au pouvoir au niveau national ?
Parce qu’une mairie ne doit pas devenir un vivier d’agents politiques en attente de récompenses. Curepipe a besoin d’une gestion de proximité, pas d’une extension du pouvoir central. Il faut des élus ancrés dans leur ville, attachés à ses besoins, libres de défendre ses intérêts face au gouvernement si nécessaire.
Le manque de transparence et d’efficacité est souvent reproché aux conseils municipaux. Comment ID compte-t-il y remédier ?
Nous instaurerons une obligation de transparence totale : publication des budgets détaillés, mise en ligne des comptes-rendus de conseils et pourquoi pas la création d’un comité citoyen d’évaluation pour suivre les projets majeurs ? L’efficacité passera par des objectifs clairs, suivis et évalués publiquement. Il faut mettre un stop aux projets qui s’éternisent.
Quel rôle les jeunes et les femmes joueront-ils dans votre programme et dans la gestion future de Curepipe ?
Nous croyons dans une ville où chacun, quel que soit son âge ou son genre, peut être un moteur du changement. Il faut rendre la ville attractive économiquement pour que les entreprises s’y implantent et créent de l’emploi. Il faut d’autre part la sécurité dans la ville pour tous, aménager des espaces de vie adaptés aux familles. Idéal démocrate propose d’instaurer un conseil consultatif des jeunes pour leur donner la voix au chapitre. Nous voulons aussi mettre en place un hébergement d’urgence pour les femmes. Je m’appuie sur des cas concrets pour ces propositions.
Avez-vous été en contact avec des citoyens ou des commerçants locaux ? Quelles sont leurs principales préoccupations ?
Oui, tous les jours. Les commerçants dénoncent la désertification du centre-ville, l’insécurité. Les citoyens parlent du manque de loisirs, des trottoirs défoncés, de l’état des routes secondaires, du manque d’éclairage la nuit. Nous avons entendu leur colère, mais aussi leur immense espoir. C’est pour eux que nous nous battons.
En cas de faible participation ou de non-élection, quelle suite ID compte-t-il donner à son engagement municipal ?
Nous ne disparaîtrons pas après le 4 mai. Quelle que soit l’issue, nous continuerons à nous battre pour Curepipe. Parce que notre engagement est sincère : il dépasse les échéances électorales. Curepipe mérite qu’on s’engage pour elle sur le long terme.
Patrick Hilbert

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