Pas de répit pour la compagnie nationale d’aviation. Elle vient à peine de sortir d’une administration volontaire fin septembre 2021 qu’elle souffre aujourd’hui du prix élevé du baril de pétrole. Des mesures sont étudiées pour contenir la situation.
Le prix du baril de pétrole a atteint son niveau le plus haut depuis septembre 2014. Le jeudi 10 février 2022, il était à US$ 92,69. Ce n’est certainement pas pour arranger les affaires d’Air Mauritius. La compagnie nationale d’aviation vient à peine de sortir d’une administration volontaire fin septembre 2021, et ce grâce à un apport de Rs 12 milliards de l’État, dont Rs 9,5 milliards ont servi à payer les créanciers.
Voilà qu’elle souffre à présent fortement du prix élevé du baril, au même titre que la grande majorité des compagnies aériennes dans le monde. « Au-delà de US$ 75 à 80 le baril, aucune compagnie aérienne ne peut tenir sans faire de pertes. Nous suivons la situation de près. Nous étudions les mesures qui doivent être prises pour contenir la situation. Nous serrons partout », confie une source autorisée au niveau d’Airport Holdings Ltd (AHL), société-mère d’Air Mauritius.
Outre le prix du pétrole, la compagnie nationale d’aviation doit aussi composer avec un taux de change euro-dollar qui lui est défavorable, des marchés encore très impactés par la COVID-19 et une forte compétition. « L’environnement dans lequel nous évoluons est très tendu », confie notre source.
Serrer la vis n’est pas la seule mesure envisagée. D’autres mesures sont contemplées, comme le fait d’imposer une « fuel surcharge » sur le prix du billet d’avion afin d’amortir le prix du fioul. Cette option aura cependant un impact négatif sur le prix du billet. Le passager devra débourser davantage pour son siège.
Mais selon certains, l’impact de cette surcharge ne devrait pas avoir trop d’effets néfastes. Megh Pillay, ancien Chief Executive Officer d’Air Mauritius, estime que la hausse du coût du carburant ne devrait pas tellement affecter la compagnie car il y a beaucoup de demandes pour la destination mauricienne par rapport à l’offre de sièges.
« En ce moment, les gens veulent venir. Ceux qui le souhaitent ont souvent les moyens et ils sont prêts à payer. Contrairement à ses principaux concurrents, Air Mauritius propose des connexions directes. Elle ne devrait donc pas avoir trop peur », avance-t-il.
Le carburant, selon le dernier rapport annuel d’Air Mauritius disponible, était bon pour 30 % de son coût opérationnel (152 millions d’euros sur 502 millions d’euros). Il était de loin le poste de dépense le plus élevé.
Les autres principales dépenses étaient les salaires et celles concernant les employés (18 %), l’entretien des avions (15 %), le coût opérationnel des vols (10 %) et le Leasing des avions (10 %). À US$ 92,96 le baril, le coût du carburant devrait aujourd’hui se situer autour de 38 %.
Si, à court terme, réduire les dépenses, remplir les avions et imposer une « fuel surcharge » semblent être les seules vraies options viables pour maintenir la compagnie à flot, des initiatives sont mises en œuvre à moyen terme. Quelques mois de cela, AHL a créé plusieurs sociétés subsidiaires, dont Jet A-1 Ltd. L’objectif : en faire le fournisseur exclusif de « jet fuel » pour Air Mauritius mais aussi pour d’autres compagnies aériennes qui desservent Maurice.
Actuellement, la compagnie nationale d’aviation s’approvisionne auprès d’Indian Oil (environ 70 %) et Total (environ 30 %). Ceux-ci sont des intermédiaires et ils prélèvent donc une commission. Une fois Jet A-1 Ltd lancée en orbite, Air Mauritius pourra bénéficier de conditions plus favorables. Mais avant d’en arriver là, des investissements seront nécessaires et une équipe d’experts en achat de pétrole sur le marché international devra être constituée.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !