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Fourniture d’électricité au CEB : 26,5 M de frais de pénalité pour les IPP

En un an, les frais de pénalité imposés par le Central Electricity Board aux producteurs d’électricité indépendants ont plus que doublé. Ce qui soulève des interrogations sur la situation énergétique à Maurice.

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Les frais de pénalité qui ont été imposés par le Central Electricity Board (CEB) aux Independent Power Producers (IPP) interpellent à plus d’un titre. D’abord au niveau du montant total, qui atteint Rs 26,5 millions pour l’année financière 2020/2021. L’année précédente, il s’élevait à Rs 10,2 millions. L’augmentation a donc été de 160 %.

Même si les raisons justifiant ces pénalités ne sont pas expliquées, une source qui connaît bien le dossier de la fourniture d’électricité au CEB explique que les contrats signés avec les IPP autorisent l’organisme public à appliquer des sanctions financières quand le quota qu’est censé fournir le producteur n’est pas atteint. Ainsi, selon cette source, si les pénalités contre les IPP ont augmenté, c’est qu’au moins certains d’entre eux n’ont pas respecté leurs engagements.

Les IPP éprouvent-ils donc des difficultés à assurer l’apport d’électricité sur le réseau public ? Le Défi Quotidien a tenté d’obtenir le point de vue de leurs différents représentants, mais soit ils sont restés injoignables, soit ils n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

Une source proche d’un IPP avance, cependant, que le prix de la matière première sur le marché mondial a beaucoup augmenté depuis quelque temps. La flambée du cours du charbon a ainsi été à l’origine d’un litige entre Terragen et le CEB. La filiale du groupe Terra a fini par mettre sa centrale à l’arrêt à la fin du mois d’avril dernier. Si elle a repris son activité depuis, elle ne produit de l’énergie qu’à partir de la bagasse, disponible en quantité suffisante pendant la période de la coupe de la canne à sucre.

Vassen Kauppaymuthoo, expert en environnement, est d’avis que les IPP sont aujourd’hui dans une situation difficile. « Le paradoxe, c’est qu’ils utilisent la bagasse et le charbon pour produire de l’électricité alors que leurs contrats sont indexés sur le prix du pétrole, qui est très volatile ces derniers temps. C’est une formule qui a bien marché par le passé mais qui ne semble plus adaptée », fait-il remarquer.

Les difficultés de certains IPP à respecter leurs engagements énergétiques n’ont pas été ressenties jusqu’ici par les abonnés, parce que le CEB dispose de solutions pour pallier les contraintes auxquelles un producteur indépendant peut faire face. « Mais l’organisme ne pourra pas toujours assurer ce rôle de back-up. Plusieurs des moteurs utilisés par le CEB pour assurer ce back-up sont vieux, sans compter qu’ils fonctionnent à l’huile lourde. Nous sommes dans une situation où il faut impérativement ouvrir le marché de l’énergie renouvelable à Maurice », ajoute Vassen Kauppaymuthoo.

Nouveaux opérateurs dans le secteur énergétique 

Au ministère des Services publics, on sait l’importance de faire entrer de nouveaux « players » dans le secteur énergétique. « Nous en sommes bien conscients. C’est pour cela que le ‘roadmap’ pour les énergies renouvelables a été revu et que nous espérons attirer plus de Rs 50 milliards d’investissements dans les prochaines années », déclare-t-on.

Ancien président du CEB et député du Parti travailliste, Patrick Assirvaden confirme que si la compagnie publique d’électricité impose des pénalités aux IPP, « c’est qu’ils n’arrivent pas à respecter leurs contrats en termes de fourniture énergétique ». Certes, indique-t-il, le CEB est en mesure d’assurer la distribution dans le pays quand un IPP est en difficulté, mais il y a un coût. « Souvent, il doit basculer sur des turbines à gaz comme celles de Nicolay. Dans cette situation, la production coûte Rs 16 le kWh, alors que cette électricité est vendue à environ Rs 4 le kWh. Le CEB produit donc à perte. »

Patrick Assirvaden se dit inquiet pour la prochaine période estivale, pendant laquelle la demande sera plus importante que maintenant. « Vers novembre, après la fin de la saison de la coupe, Terra devrait avoir épuisé la bagasse. Si cet IPP ne reprend pas la production à partir du charbon, cela pourrait poser problème », prévient-il.

Les principaux IPP

Le CEB compte actuellement sur Omnicane Thermal Energy Operations, AEL, Terragen, OTEOSA et Sotravic pour la fourniture d’électricité, en complément de l’énergie produite par les centrales de l’organisme public.

 

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