De plus en plus, le pays n’a d’autre choix que de miser sur une professionnalisation accrue des services dans tous les domaines. D’où l’importance de la formation continue tant dans les secteurs public que privé.
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« Il faut considérer la formation comme un investissement pour améliorer les services d’une organisation », dit d’emblée Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees’ Association (GSEA). Car le temps n’est plus à l’amateurisme pour un pays qui veut être une référence dans cette partie du monde. Estimant que la fonction publique est la vitrine du pays, il insiste pour une formation des fonctionnaires à tous les niveaux afin qu’ils puissent offrir les meilleurs services à la population.
Pour le dirigeant syndical, l’accent doit être mis sur le service clientèle. À cet égard, il estime que ceux qui sont en contact direct avec le public doivent pouvoir faire face à n’importe quelle situation. « Un fonctionnaire doit toujours garder en tête qu’il est au service de la population. De ce fait, il doit toujours agir en toute impartialité qu'elle que soit l’origine sociale de la personne. »
Roland Dubois, consultant en formation au ministère du Travail, des Relations industrielles, de l’Emploi et de la Formation et ancien directeur de l’Industrial & Vocational Training Board (IVTB), plaide pour la formation professionnelle et technique des jeunes. « Je n’ignore pas l’importance des sujets académiques, mais il nous faut aussi des compétences dans d’autres domaines », fait-il valoir. Et d’expliquer que Maurice aura toujours besoin de bons électriciens, mécaniciens automobiles, maçons, informaticiens et autres.
Éviter le mismatch
« Il faut impérativement encourager de plus en plus de jeunes à poursuivre une formation technique et professionnelle pour qu’ils puissent répondre à la demande des industries », poursuit-il. À cet égard, selon lui, il faut encourager davantage de jeunes vers la formation auprès du Mauritius Institute of Training and Development (MITD) pour qu’ils puissent avoir un diplôme.
Toutefois, pour éviter des problèmes de mismatch, le consultant invite les entreprises à faire connaître leurs besoins spécifiques en main-d’œuvre afin que les institutions de formation puissent les satisfaire.
Outre la formation technique, Roland Dubois prône une formation visant au développement de la personnalité. « Il faut que les jeunes soient suffisamment formés pour être employables », dit-il. Ce qui exige d’autres qualités comme la maîtrise de la communication, la discipline au travail, la capacité de travailler en équipe, et de prendre des initiatives, être disponible, l’envie de persévérer et la connaissance du marché de travail. Roland Dubois attire l’attention sur le fait que des opportunités pour épanouir leurs talents en plus d'améliorer leurs compétences et des diplômes.
Réticence de certains ministères
Radhakrishna Sadien, président de la GSEA, regrette que certains ministères sous-estiment l’importance de la formation bien que le Pay Research Bureau (PRB) ait recommandé 40 et 60 heures de formation par an et qu’ils reçoivent un budget du gouvernement pour ce faire. « Je vois mal comment ils peuvent refuser de libérer leurs employés pour des cours de formation en s’appuyant sur les exigencies of service », s’insurge-t-il.
Il critique le fait que d’autres ministères rendent aux Finances, à la fin de l’année, leurs allocations budgétaires pour la formation. Et de dénoncer ceux qui, selon lui, organisent des séances de team building à l’intention de certains fonctionnaires à la fin de l’année. Pour Radhakrishna Sadien, il ne s’agit que d’un moyen de montrer qu'on a bien organisé des cours.
Desk pour la formation
Le président de la GSEA souhaite la mise sur pied d’un desk dédié à la formation des fonctionnaires et qui compterait en son sein des professionnels.
Selon lui, l’actuel comité n’est pas à la hauteur des attentes car ses membres qui sont, des cadres de l'administration et des ressources humaines sont eux-mêmes débordés de travail. Il n’est pas contre l’idée d’une collaboration étroite entre les secteurs privé et public pour les besoins de la formation. Il peut y avoir partage de connaissances pour le bien de tous. Il est aussi d’avis que chaque ministère doit préparer son programme de formation pour tous les fonctionnaires indistinctement et le soumettre au Civil Service College.
Mais pour Radhakrishna Sadien, on ne doit pas se contenter des cours de formation. Il faut aussi qu’il y ait un suivi pour s'assurer que les fonctionnaires mettent en pratique ce qu’ils ont appris.
Témoignages
Henri : « J’ai suivi des cours en Allemagne »
Mécanicien automobile de formation, Henri a d’abord travaillé dans un petit atelier avant d’intégrer le garage d’un important concessionnaire. Par la suite, il s’est mis à son propre compte. « Les jeunes aujourd’hui, ont la chance de bénéficier de cours de formation technique. À mon époque, on apprenait sur le tas et la vie des apprentis n’était vraiment pas facile. » Et de poursuivre qu’au début, on ne lui donnait que très peu d’argent pour qu’il puisse acheter du savon pour laver ses vêtements noirs de suie.
« Avec patience, j’ai appris le travail et finalement je suis devenu ouvrier. J’ai pris de l’emploi dans une importante firme de la capitale où j’ai travaillé pendant plus d’une trentaine d’années. » Durant sa carrière, il a eu l’occasion de suivre des cours en Allemagne qui lui ont permis de maîtriser des techniques. Celles-ci, dit-il, lui ont été d’une grande aide.
Christelle : « Un plus dans ma carrière »
Christelle, elle, doit beaucoup à la formation que lui a donnée la firme où elle travaille. « J’ai certes étudié les ressources humaines à l’université, mais je dois avouer que les cours de formation internes ont été un plus dans ma carrière professionnelle », dit-elle.
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