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Fabien de Marassé Enouf, président du Syndicat des Sucres : «Un manque à gagner de plus de Rs 2 Md à cause des terres abandonnées»

L’Assemblée Générale Annuelle a eu lieu, le jeudi 19 septembre, l’hôtel Le Labourdonnais.
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Le Mauritius Sugar Syndicate (Syndicat des Sucres) a tenu son Assemblée Générale Annuelle à Port-Louis le jeudi 19 septembre. C’était l’occasion de faire le point sur la performance de l’industrie sucrière à Maurice, ainsi que sur les défis que rencontre le secteur.

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Le président du Syndicat des Sucres, Fabien de Marassé Enouf

Le président du Syndicat des Sucres, Fabien de Marassé Enouf, a avancé que malgré l’amélioration des revenus du secteur, la perte de terres cannières persiste. « Bien qu’il n’existe pas de chiffre officiel, nous estimons que plus de 10 000 hectares de terres ont été laissés à l’abandon ces dernières années. Si nous nous basons sur les revenus totaux obtenus pour la récolte de 2023 et les rendements moyens réalisés, le manque à gagner est estimé à plus de Rs 2 milliards », a-t-il déploré.

Selon lui, la récupération de ces terres pour la culture de la canne augmentera non seulement les revenus des producteurs, mais consolidera également la compétitivité du secteur, tout en offrant au Syndicat une flexibilité de marché supplémentaires pour rechercher la meilleure valeur de ses sucres. « Aucun effort ne devrait être épargné pour inverser cette tendance », a-t-il appuyé. 

Par ailleurs, la pénurie de la main-d’œuvre locale reste un autre principal défi. « Bien qu’environ 80 % des terres sous culture de canne soient mécanisées, les champs restants nécessitent encore une récolte manuelle. Nous espérons que la question de la main-d’œuvre sera atténuée grâce aux modifications proposées à la Loi sur les droits des travailleurs » », a dit le président du Syndicat des sucres. Un autre sujet de préoccupation est la disponibilité de l’eau pour un usage industriel et agricole. Fabien de Marassé Enouf dira que les producteurs souhaitent faire partie d’une solution durable, y compris une meilleure stockage, distribution et gestion de l’approvisionnement en eau. 

Menace d’importations 

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Devesh Dukhira, le Chief Executive Officer du Syndicat des Sucres

Devesh Dukhira, le Chief Executive Officer (CEO) du Syndicat des Sucres a, lui, mis en lumière la complexité du marché mondial du sucre et les défis auxquels l’industrie sucrière mauricienne fait face. Il a indiqué qu’en 2023, alors que la récolte de sucre était lancée, les prix mondiaux continuaient d’escalader après une chute significative en 2017/18. « L’Organisation internationale du Sucre a signalé que la production mondiale ne pourrait atteindre les niveaux d’avant cette chute qu’en 2023/24, créant ainsi un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande », a-t-il dit. 

La situation a été exacerbée par la baisse de production en Inde et en Thaïlande.  Par ailleurs, a ajouté le CEO, l’interdiction des exportations de sucre en Inde, en raison de craintes liées à la production, a accentué la pression sur les prix mondiaux, le Brésil prenant de plus en plus de place dans l’approvisionnement mondial. « En conséquence, les prix des exportations du sucre mauricien ont augmenté de 9 % par rapport à l’année précédente », a-t-il fait comprendre. 

Toutefois, Devesh Dukhira a dit que l’augmentation des prix a été contrebalancée par l’inflation et la concurrence accrue des marchés internationaux, notamment en provenance de l’UE, où la récolte de betteraves a chuté. « Cela a poussé le Syndicat à ajuster sa stratégie de vente, notamment en redirigeant une partie de sa production vers les marchés régionaux, comme le Kenya et Madagascar », a-t-il avancé. Malgré une légère amélioration de la récolte mauricienne, le CEO a averti que les prix mondiaux en baisse et la menace d’importations à bas prix, en particulier, les sucres provenant de la SADC/COMESA, mettent en péril l’industrie locale. Il a donc renouvelé son appel au gouvernement pour protéger le marché intérieur « afin de garantir la viabilité du secteur sucrier mauricien face à une concurrence jugée déloyale ».

Mahen Seeruttun : « Une production estimée à 2,8 millions de tonnes attendue » 

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Le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun.

Le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun, aussi présent a l’évènement, a fait ressortir que le secteur a connu une amélioration pour la récolte 2023, avec environ 2,5 millions de tonnes de canne broyées et 240 010 tonnes de sucre produites. « Le prix du sucre a également connu une hausse significative, atteignant Rs 30 951/tonne en 2023, soit une augmentation de 21 % par rapport à l’année précédente », a-t-il indiqué.  

Selon lui, pour 2024, une récolte encore plus prometteuse est attendue, avec une production estimée à 2,8 millions de tonnes de canne, générant au moins 250 000 tonnes de sucre. « Les conditions climatiques favorables, combinées aux soutiens gouvernementaux, sont de bon augure pour une augmentation de la productivité », a-t-il dit.  

Malgré les fluctuations mondiales des prix, le ministre Seeruttun a affirmé que le gouvernement a décidé de maintenir un prix garanti de Rs 30 000 par tonne de sucre pour la récolte 2024. Cependant, il a rappelé que la clé de la survie du secteur réside dans l’augmentation de la productivité. Il a ainsi appelé les planteurs à redoubler d’efforts pour faire face aux pressions du marché mondial.

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