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Épidémie - Zika: Maurice pas à l’abri

Après les virus AH1N1 et Ebola, une nouvelle menace plane sur le monde. Il s’agit du Zika. L’épidémie sévit surtout en Amérique latine. Le point sur ce virus qui n’a pas encore livré tous ses secrets et face auquel Maurice n’est pas totalement à l’abri… Le virus Zika constitue une « urgence de santé publique de portée mondiale ». C’est ce qu’a décrété l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 1er février alors que l’épidémie ne cesse de se répandre en Amérique latine, surtout au Brésil et en Colombie. Selon les prévisions, plus de 4 millions de cas seront enregistrés dans les jours à venir rien que dans cette partie du monde. C’est à travers des piqûres de moustiques infectés du type Aedes Albopictus que le Zika se transmet. Or, ces insectes - qui sont également vecteurs de la dengue et du Chikungunya -, on les retrouve également chez nous. Raison pour laquelle Maurice n’est pas totalement à l’abri. Ce que confirme Dr Pramodh Munbodh, du département des maladies infectieuses au ministère de la Santé. « 65 % des personnes vivant dans les régions touchées se rendent souvent aux états-Unis ; 25 % vont en Europe et 10 % en Asie ainsi qu’en Afrique. Ce qui augmente les risques de propagation du virus à travers le monde. Et Maurice n’est pas à l’abri vu le flux migratoire », explique-t-il. Si l’état d’urgence vient d’être décrété, le virus, lui, n’est pas nouveau. Le premier cas a été signalé en 1947, en Ouganda. Il a, par la suite, été identifié chez l’homme en 1952, toujours en Ouganda mais aussi en Tanzanie. Il y a eu des flambées de l’infection qui ont été enregistrées dans certains pays d’Afrique, d’Amérique et d’Asie. Mais la première grande flambée a été notée en 2007, en Micronésie, plus précisément aux îles Yap. Des cas ont ensuite été enregistrés, en 2014, en Polynésie française et à partir d’avril 2015, au Brésil. Depuis que l’alerte a été donnée, tous les pays redoublent de vigilance et augmentent le niveau de surveillance. Ils essaient, par ailleurs, de mobiliser des fonds pour les besoins de la recherche, en vue de trouver une solution.

Gare aux symptômes

Parmi les signes avant-coureurs du Zika, l’on note des rougeurs, une petite fièvre, la conjonctivite, des maux de tête, des douleurs articulaires, des vomissements et de la diarrhée. Les symptômes peuvent durer de deux à sept jours. « En Colombie, trois décès liés au Zika ont été recensés. Tous sont dus au syndrome de Guillain-Barré de type sévère. Il s’agit de l’une des complications de la maladie qui affecte le système nerveux. La microcéphalie est une autre complication qui survient chez le fœtus. Le cerveau rapetisse suite à une malformation causée par le virus Zika, transmis par la maman », indique Dr Munbodh. Le hic, ajoute-t-il, c’est que la microcéphalie risque, par la suite, de provoquer des handicaps à vie chez le nouveau-né. « C’est pour cela que nous déconseillons vivement aux femmes enceintes de se rendre dans ces pays à risques », prévient le médecin. Depuis que le virus Zika a fait son apparition au Brésil, il y a vingt fois plus de cas de microcéphalie qui ont été recensés chez les nouveau-nés, indique notre interlocuteur.

Protocole de surveillance enclenché

Le protocole de surveillance au port et à l’aéroport en vigueur pour la dengue a été adapté au Zika. Les passagers doivent obligatoirement remplir une fiche jaune à bord de l’avion. Fiche qu’ils doivent remettre aux officiers sanitaires postés à l’aéroport. S’ils souffrent de symptômes, ils seront pris en charge par une équipe médicale. S’ils sont en bonne santé, leurs coordonnées sont notées et envoyées aux bureaux sanitaires concernés qui feront le suivi. Les Health Surveillance Officers prennent contact avec eux dans les 48 heures qui suivent pour s’enquérir de leur état de santé. Ils seront suivis pendant quatorze jours, comme dans le cas de la dengue. « Si la personne ressent des symptômes, elle est admise dans une salle d’isolement et mise sous traitement. Parallèlement, une équipe sera dépêchée dans la région où elle habite pour mener une campagne de démoustication », explique Dr Munbodh. Il précise que les membres du public qui font de fausses déclarations sur les fiches à l’aéroport sont passibles de poursuites car ils risquent de provoquer un problème de santé publique. Et si une personne ressent les symptômes du Zika mais refuse de se faire hospitaliser, la Public Health Act permet au ministère de la Santé de la faire admettre de force dans l’intérêt de la santé publique.

Cas asymptomatiques

Dans 80 % des cas, les symptômes ne se manifestent presque pas ou sont plus bénins, explique Dr Fazil Kodabaccus, du département des maladies infectieuses du ministère de la Santé. « La période d’incubation est de 3 à 12 jours. C’est-à-dire la période entre la contamination par le moustique infecté et la manifestation des symptômes. Les études ont démontré que même durant l’incubation, la personne est infectieuse », précise-t-il.

Diagnostic et traitement

Le diagnostic se fait par des tests de PCR qui seront d’ailleurs disponibles chez nous incessamment au laboratoire de virologie de Candos. Les personnes voyageant dans les 25 pays touchés par le Zika sont surveillées de près par le département sanitaire du ministère de la Santé. « De plus, des consignes sur les mesures de précaution sont données aux personnes voyageant dans les pays touchés. Quant aux femmes enceintes, on leur déconseille vivement de se rendre dans les pays à risques », insiste Dr Kodabaccus. À ce jour, il n’y a ni vaccin ni médicament contre le virus Zika. Du coup, seuls des médicaments pouvant calmer les symptômes sont prescrits. Le ministère a mis à la disposition des membres du public une hotline, de 9 à 16 heures en jour de semaine, pour qu’ils aient des informations sur le Zika. Il suffit de composer le 8924.
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