Les derniers chiffres indiquent qu’environ 229 personnes sont décédées de la COVID-19 depuis janvier 2021. Des cas connus, on relève 53 décès de personnes de moins de 60 ans. Environ 40 personnes souffraient de comorbidités. Au moins, 27 des 53 victimes n’étaient pas vaccinées. Seize défunts avaient moins de 50 ans et 13 moins de 40 ans. Ce rajeunissement des victimes est toutefois loin de ne concerner que Maurice.
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On ne tient plus les comptes. Les patients de la COVID-19 décèdent dans leurs maisons ou à l’hôpital. Certains meurent sans que leurs proches ne sachent qu’ils étaient positifs au virus. Dans bien des cas, les familles montrent du doigt la prise en charge, alors que dans d’autres, les maladies non transmissibles s’assoient sur le banc des accusés. Les derniers chiffres que nous avons pu réunir indiquent qu’environ 229 personnes sont décédées de la COVID-19 depuis janvier 2021. Des cas connus, on relève environ 53 décès de personnes âgées de moins de 60 ans. À ce jour, nous savons qu’environ 40 de ces défunts souffraient de comorbidités. 27 de ces 53 victimes n’étaient pas vaccinées contre la COVID-19. Cependant, les chiffres collectés indiquent aussi que 16 défunts étaient âgés de moins de 50 ans et que 13 avaient moins de 40 ans.
Ne pas banaliser la maladie
Le Dr Irfan Daureeawoo, spécialiste en gériatrie à l’hôpital universitaire de Mid-Essex, en Angleterre, explique qu’il ne faut pas banaliser la maladie car les jeunes touchés peuvent aussi subir des conséquences très graves. Il ajoute que plusieurs facteurs doivent être considérés quand on parle du rajeunissement des victimes. « Les personnes âgées sont beaucoup plus consciencieuses sur le fait que la maladie a une incidence très élevée sur la mortalité. Les précautions sont donc plus respectées par ceux se trouvant dans cette catégorie d’âge », affirme le spécialiste. Il précise qu’il y a également un abandon du respect des gestes barrières par les jeunes. Il l’impute à l’assouplissement des règles sanitaires. « J’ai vu des patients de 80 ans être hospitalisés, suivre leur traitement et sortir de l’hôpital, mais j’ai aussi vu des patients de 30 ans admis, intubés et qui malheureusement sont décédés par la suite. Cette maladie est imprévisible », conclut le Dr Irfan Daureeawoo.
Interventions tardiveset cafouillages
Les médecins de la Domiciliary Monitoring Unit (DMU) et le SAMU sont accusés de ne pas être intervenus à temps. Nous avons interrogé plusieurs malades qui sont concernés par le système DMU. Sur cinq personnes interrogées, trois expliquent que l’entretien avec un médecin s’est fait par téléphone uniquement, aucun test du taux d’oxygène, aucune question sur l’état de santé. « On m’a demandé de donner les noms de mes proches qui vivent avec moi et on m’a conseillée de prendre les médicaments obtenus de l’hôpital », affirme Aline, une jeune femme qui a été contaminée, il y a deux semaines. Du côté du SAMU un médecin explique qu’il est déjà tombé sur un cas où le médecin de la DMU a appelé pour qu’un malade soit récupéré au domicile de ce dernier. « Le médecin ne s’était même pas déplacé. Il a demandé au SAMU d’intervenir», affirme l’urgentiste. Dans un autre cas, Lise, une patiente affirme qu’elle s’est rendue à l’hôpital pour confirmer son test antigène, mais qu’on lui a demandé de rentrer chez elle et d’appeler la hotline. Lorsqu’elle a appelé la hotline, on lui a demandé de se rendre à l’hôpital pour confirmer le test. « Je ne comprends pas, ils sont eux-mêmes confus », explique Lise. Comme elle, beaucoup doivent se tourner vers des médecins du privé pour obtenir des soins.
La vaccination
Elle protège le malade de la forme grave de la maladie. Cependant, les chiffres officiels estiment le nombre de défunts en dessous de 60 ans qui n’étaient pas vaccinés à, au moins, 27. Là encore, tous les dossiers n’ont pas été épluchés pour connaître la totalité. On estime que le nombre pourrait avoir dépassé la trentaine au 10 novembre.
Une prise en charge problématique
Tous les dossiers n’ont pas été examinés pour connaître les dessous des décès, affirme-t-on au ministère de la Santé. À ce jour, l’unité de coordination nationale de la COVID-19 est en présence d’au moins une demi-douzaine de cas, parmi ceux des malades de moins de 60 ans qui sont décédés, de patients n’ayant pas intégré le système de prise en charge. Les victimes ne savaient pas quoi faire en cas de contamination.
De nombreuses personnes ignorent le protocole. En cas de détection d’un cas positif par voie de test antigène rapide, une personne doit se rendre dans une Flu Clinic pour confirmer le résultat par un test PCR. Le patient entre alors dans le système et il pourra être ausculté par les médecins de la Domiciliary Monitoring Unit (DMU). C’est ce qu’explique le Dr Soobaraj Sok Appadu, National COVID-19 Coordinator. Il ajoute que de nombreuses personnes ne se sont pas rendues dans les Flu Clinics. Ce n’est que lorsqu’elles se sont retrouvées en détresse que leurs proches ont contacté la hotline. À l’arrivée des DMU, ils étaient déjà à un stade avancé de la maladie. « Il faut confirmer les tests rapides par un examen PCR à l’hôpital ou dans une clinique pour entrer dans le système afin que la prise en charge soit rapide et continuelle », avance le Dr Soobaraj Sok Appadu. Certains étaient, même, sous automédication, dit-il.
Les comorbidités ne concernent pas les personnes âgées seulement
La plus meurtrière des causes reste les maladies non transmissibles. Le diabète, l’obésité et les maladies cardiovasculaires touchent beaucoup de personnes atteintes de la COVID-19. Sur les 50 victimes âgées de moins de 60 ans, au moins 40 souffraient de comorbidités. Selon le ministère de la Santé, les maladies ou les caractéristiques les plus communes chez les victimes âgées de moins de 60 ans sont les suivantes : asthme ; obésité ; maladies cardiovasculaires ; besoin de dialyses ; diabète ; certaines étaient des fumeurs. Un responsable du ministère affirme toutefois que le diabète est fortement responsable de l’aggravation des cas chez les patients atteints de la COVID-19. À savoir que Maurice a un taux de prévalence du diabète de 22 % de sa population.
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