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Entre soulagement et inquiétude : temps mitigé pour les marchands de plage

Les pique-niques étant de nouveau interdits depuis le 12 novembre, les marchands de plage ont moins de clients.

Ils sont un peu les frontliners du sable chaud. Sans eux, les plages n’auraient pas retrouvé toutes leurs couleurs et leurs saveurs. Après un an et demi d’inactivité, les marchands de plage ont repris du service depuis octobre. Le retour des touristes et des Mauriciens au bord de la mer a été pour eux un rayon de soleil mais les nuages de la Covid-19 ne se sont pas encore éloignés. 

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Jean-Noël Lung Yuk Sing, vendeur de bouées et calamindas : « C’est dangereux mais je n’ai pas le choix »

Jean-Noël Lung Yuk Sing, vendeur de bouées et calamindas

« Calamindas, calamindas ! » Jean-Noël Lung Yuk Sing, âgé d’une soixantaine d’années, est la superstar de la plage de Flic-en-Flac. Il y a quelque chose de distrayant à le voir trimballer ses sacs remplis de calamindas, ses bouées et ses ballons de toutes les couleurs. C’est un métier qu’il fait depuis 20 ans. Il s’est professionnalisé au point de développer sa propre stratégie de communication pour mieux vendre. Père de famille, ce marchand habite à Rose-Hill. C’est le week-end et les jours fériés que la plage de Flic-en-Flac devient son lieu de travail. Malgré la Covid-19, il se dit content du retour des touristes et des Mauriciens à la mer. Les restrictions liées à la crise sanitaire avaient mis son activité à l’arrêt pendant 18 mois.  

Dès la réouverture des frontières le 1er octobre, Jean-Noël était vacciné. Depuis, il met un point d’honneur à respecter les gestes barrières. « Il le faut bien si je veux continuer à gagner ma vie », affirme-t-il. Début novembre, il a été témoin de l’effervescence sur la plage publique à l’occasion d’une succession de jours fériés. C’était bon pour le commerce, certes. Mais le relâchement vis-à-vis des consignes sanitaires, auquel les autorités attribuent la cause de la flambée épidémique enregistrée dans les semaines suivantes, l’a aussi mis en danger. « Je me protège autant que je peux mais la nature de mon travail fait que je suis en contact avec le public. On ne sait pas qui est porteur du virus ou pas. C’est dangereux mais je n’ai pas le choix, je dois travailler pour subvenir aux besoins de ma famille. » Il estime que les gens devraient se montrer plus responsables pour empêcher la propagation du virus.


Nasser Bissessur, marchand de glaces : « L’espoir que de meilleurs jours sont à venir »

Nasser Bissessur, marchand de glaces

En suivant les notes de musique jaillissant du camion de glaces Oriana, nous avons rencontré Nasser Bissessur. Âgé de 29 ans, cet habitant de Vacoas a rejoint son père dans le métier il y a 15 ans. Depuis la réouverture des frontières le 1er octobre, il a repris le chemin de la plage de Flic-en-Flac. Il y travaille tous les jours et même jusqu’à 20 heures le week-end et les jours fériés. Nasser propose des glaces italiennes, des milkshakes et des « ice lollies » faits maison pour tous les goûts. 

« Je suis content que la Beach Authority nous ait autorisés à travailler de nouveau. L’interruption de nos activités pendant 18 mois a été très difficiles. J’ai épuisé mes économies et j’ai dû travailler la terre pour survivre. J’ai aussi été obligé de repousser mon mariage. Malgré la Covid, c’est un plaisir de revoir les touristes et les Mauriciens sur la plage. Je recommence à gagner ma vie. Ça donne l’espoir que de meilleurs jours sont à venir », dit-il. 

Nasser confie toutefois que la peur d’attraper le virus est bien présente. Son risque de contamination est élevé vu qu’il est en contact permanent avec le public. Il maintient donc les gestes barrières autant que possible. Pour lui, c’est le devoir de chaque citoyen de se protéger et de protéger les autres contre le coronavirus. « Je souhaite que tout le monde agisse de façon responsable car désormais, nous devons tous apprendre à vivre avec le virus pour pouvoir retrouver une vie normale au plus vite. »


Jean-Noël L’Aimable, gérant de Jeannot Burger : « Du gel pour les mains sur le comptoir depuis six ans ! »

Jean-Noël L’Aimable, gérant de Jeannot Burger

Pour manger de bons burgers sur la plage de Flic-en-Flac, il n’y a pas autre adresse que Jeannot Burger. Mauriciens et touristes font souvent la queue devant l’échoppe de Jean-Noël L’Aimable. Le commerçant, pleinement vacciné contre la Covid-19, indique qu’il prend toutes les précautions nécessaires pour ne pas être contaminé par le virus. « Depuis six ans que je travaille ici, j’ai toujours eu du gel désinfectant pour les mains sur mon comptoir. Ce n’est que maintenant, en raison de la pandémie, que mes clients l’utilisent », dit-il dans un éclat de rire. 

Sur un ton plus sérieux, le gérant de Jeannot Burger explique que pour travailler et gagner leur vie, tous les marchands de plage doivent prendre des précautions. C’est valable aussi pour les clients : « Nous avons toujours des réfractaires. Mais je pense que personne ne veut contracter le virus et en mourir ou être admis à l’hôpital. Comme la vie est précieuse, il est de la responsabilité de chacun de respecter les consignes sanitaires. »


Christelle Duval, marchande de mines et boulettes : « Les affaires ont repris timidement »

Christelle Duval, marchande de mines et boulettes

Depuis 12 ans, « Chez Christelle » est un des snacks les plus populaires de la plage de Flic-en-Flac. Il faut dire que ses mines et boulettes ont du goût. Depuis le 1er octobre, confie Christelle Duval, « les affaires ont repris timidement ». Seule la forte affluence pendant le week-end prolongé de début novembre lui a permis de réaliser un bon chiffre d’affaires. Maintenant que les pique-niques sont de nouveau interdits, il y a moins de monde. 

La commerçante déplore par ailleurs que beaucoup de gens ne respectent pas les mesures sanitaires : « Un changement de comportement s’impose. Nous, les marchands, nous prenons toutes les précautions nécessaires. Malgré cela, nous sommes à risque. Je pense que tout le monde doit faire un effort. » 


Stella Sauterelle, vendeuse de vêtements de plage : « Je dois remonter la pente financièrement »

Stella Sauterelle, vendeuse de vêtements de plage

Mère de deux enfants, Stella Sauterelle est couturière et entrepreneure. Cela fait neuf ans qu’elle vend des bikinis, des shorts, des tuniques et des bouées dans son échoppe installée sur la plage de Flic-en-Flac. Masquée, elle accueille les touristes qui jettent un coup d’œil sur ses produits. Retrouver la clientèle étrangère a été un soulagement pour elle car la longue période de fermeture des frontières lui a coûté cher. « Maintenant, je dois remonter la pente financièrement en plus de nourrir ma famille. Alors Covid ou pas, je dois travailler. »

Pour pouvoir rouvrir son commerce sur la plage, Stella a suivi une formation sur le protocole sanitaire dispensée par l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice. Forte des connaissances qu’elle a acquises, elle peut mieux protéger sa santé et celle de ses clients.

Malheureusement, elle observe que le respect des gestes barrières n’est pas général : « Certaines personnes se comportent de manière insouciante. Elles ne semblent pas conscientes du danger que cela représente pour les autres. Si on veut vaincre cette épidémie, tout le monde doit y mettre du sien. » 


Jean-Marie Anthony, gérant de Blonde Boulettes : « Il faudra encore être patient »

Jean-Marie Anthony, gérant de Blonde Boulettes

Petit détour par la plage de Tamarin pour rencontrer Jean-Marie Anthony. Cela fait 12 ans que cet habitant d’Albion y vend toute une variété de boulettes et des « minn bwi ». L’échoppe Blonde Boulettes, comme les autres, a rouvert début octobre mais son gérant estime qu’il faudra faire preuve de patience avant de retrouver la clientèle d’avant la crise. « Mo demann mwa kan bondie pou fer sa viris la ale enn fwa », dit-il. Lui qui porte toujours son masque et observe les gestes barrières quand il sert ses clients, déplore qu’il y ait encore des réfractaires à la loi. « Avec le nombre de nouveaux cas recensés au quotidien, je pense que nous devons tous agir de façon responsable pour éviter plus de contaminations. Nous devons apprendre à vivre avec le virus. C’est ce qui nous permettra d’avancer vers des meilleurs jours. »


Bhagwantee Ramsing, marchande de cocos et fruits confits : « Ena plis ki gete ki aste »

Bhagwantee Ramsing, marchande  de cocos et fruits confits

Elle est peut-être la doyenne des marchands de plage de Flic-en-Flac. Bhagwantee Ramsing vend ses fruits confits et des noix de coco ici depuis 42 ans ! Et elle a connu de meilleures époques. Les touristes sont revenus, oui, mais les affaires vont toujours mal : « Ena plis ki gete ki aste », se désole-t-elle. Vaccinée contre la Covid-19, elle applique les dispositions du protocole sanitaire comme elle a appris à le faire lors d’une formation dispensée par l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice. De fait, elle sait de quoi elle parle quand elle affirme que les consignes sanitaires ne sont pas bien respectées. « Pa tou dimoun ki pran prekosion. Pourtan li inportan kan zot vinn aste kitsoz kot nou. Nou pe travay pou nouri nou fami mem si nou konsian ki nou lavi an danze avek sa viris la. Sirtou ki nou travay ek piblik. » Elle espère donc vivement une prise de conscience de tous.


Sahtuda Samynaden, propriétaire de Roti Aka Vinoda : « Apprendre à vivre avec le virus »

Sahtuda Samynaden, propriétaire  de Roti Aka Vinoda

Propriétaire de l’enseigne Roti Aka Vinoda, Sahtuda Samynaden est sur la plage de Flic-en-Flac tous les jours de 9 à 18 heures pour vendre ses « roti kari ». Depuis le 1er octobre, « je commence petit à petit à regagner ma vie », confie-t-il. Les confinements et la fermeture des frontières ont sévèrement impacté son commerce. « Ça a fait un bien fou de retrouver nos clients mauriciens et les touristes après autant de temps. » S’il prend ses précautions contre la Covid-19, il trouve que contrairement aux touristes, bon nombre de Mauriciens n’observent pas les gestes barrières à la plage : « Zot pa kas latet. Kan ou demann zot kot zot mask, zot dir zot inn blye prann. » Il déplore ainsi que l’insouciance de quelques-uns risque de mettre en péril la santé de tous. « Nou bizin aprann viv ek viris la ek pa dir ariv seki ariv. Nous bizin responsab », conclut-il.

 

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