Enseignement supérieur : Maurice ouvre la porte aux diplômes africains

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L’île Maurice a ratifié la convention d’Addis Abeba sur la reconnaissance des diplômes des pays africains. Une décision qui vise à ouvrir les frontières aux étudiants, universitaires et chercheurs du continent. L’université de Maurice (UoM) pourrait bien en profiter, mais devra prendre quelques mesures supplémentaires.

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Après quatre ans, Maurice a ratifié la convention d’Addis Abeba sur la reconnaissance des études, certificats, diplômes, grades et autres titres de l’enseignement supérieur des États africains. Une décision annoncée à l’issue du Conseil des ministres, tenu ce vendredi 13 avril.

Cette convention change la donne dans le secteur de l’enseignement supérieur, Maurice reconnaissant automatiquement les diplômes des autres membres signataires. Maurice rejoint les 19 États signataires originels, avec pour objectif de permettre la libre circulation des étudiants et des universitaires sur le continent. Ceux qui connaissent le secteur préviennent, toutefois, qu’il ne s’agit pas d’une carte blanche à tous les diplômes et qu’il reste d’autres défis à relever avant que la libre circulation ne devienne une réalité.

Un long travail

Le professeur Goolam Mohamedbhai, ex-secrétaire général de l’Association des universités africaines, explique que cet accord est le résultat d’un long travail qui remonte aux années 70. « Cela s’appelait, à l’époque, la convention d’Arusha, mais le problème, c’est qu’on n’avait pas réussi à réunir le nombre de signataires requis », explique l’ex-universitaire. Face à cet échec, deux universitaires ont, en 2007, été dépêchés, l’un auprès des pays anglophones, l’autre auprès des francophones, pour savoir ce qui clochait et comment l’accord pourrait être modifié pour susciter plus d’intérêt. Goolam Mohamedbhai était celui chargé de cette mission auprès des pays anglophones.

« On a proposé une nouvelle convention, qui prenait en considération les développements accomplis entre-temps », explique-t-il. « Il faut préciser que l’accord n’implique pas une reconnaissance automatique. L’université de Maurice (UoM), par exemple, peut rejeter la demande d’inscription d’un étudiant africain, si ce dernier ne répond pas aux critères pour un cours donné, même s’il a un diplôme reconnu. » L’accord remodelé a introduit ce nouvel élément de flexibilité au niveau des institutions d’enseignement supérieur, ainsi que la reconnaissance des cours à distance, contrairement à la convention des années 70.

Dans l’ensemble, le professeur Mohamedbhai estime que l’accord favorisera  effectivement la mobilité des étudiants et que « c’est une bonne décision prise par le gouvernement ». Selon lui, si la tentative avait échoué dans les années 70, c’était surtout pour des raisons politiques. « Aujourd’hui, il y a plus de contrôle, plus de diplomatie et les pays se connaissent mieux », explique-t-il.

Pour le professeur Surendra Bissoondoyal, président du conseil d’administration de la Tertiary Education Commission (TEC), la convention d’Addis Abeba ne fera qu’étendre, à un plus vaste territoire, un travail que la TEC entame déjà.

Relations étroites

« Nous avons déjà des diplômes africains reconnus », explique-t-il. « Nous avons beaucoup d’étudiants en Afrique du Sud, à Cape Town surtout. Nous avons aussi des relations étroites avec la Namibie et le Rwanda. Nous travaillons avec eux dans le domaine de la Quality Assurance. » Cependant, selon le président de la TEC, cet accord pourrait permettre d’avoir un système d’équivalence continental, ce qui n’existe pas à ce jour.

Le professeur Dhanjaye Jhurry, Vice chancelier de l’université de Maurice (UoM) lance toutefois un avertissement : « Dans le principe, c’est très bien. La mobilité, cela se fait partout, comme avec Erasmus en Europe, qui permet aux étudiants de bouger de pays en pays. Mais peut-on réellement circuler librement en Afrique ? » Pour le numéro un de l’UoM, il faut des mesures d’accompagnement pour s’assurer que les frontières entre pays africains s’ouvrent réellement afin de permettre la libre circulation des cerveaux. « Les visas, les passeports, il faut régler tout cela, même si cette convention est un premier pas », explique-t-il.

Selon le professeur Dhanjaye Jhurry, si cette convention atteint l’objectif visé, l’apport des chercheurs africains à l’UoM pourrait être non négligeable. Sauf qu’il faudrait pour cela que la convention d’Addis Abeba soit appliquée dans toute sa rigueur.

 

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