Le CEB n’accepte plus les demandes de Maurice, pour ceux qui souhaitent produire de l’électricité à petit l’échelle. Car au 1er septembre 2015, l’organisme a reçu un total de 1 800 demandes (Maurice et Rodrigues compris) pour une capacité totale de 5 916 kW.
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Une capacité totale de 5 MW a été allouée aux demandeurs à Maurice et 200 kW à ceux de Rodrigues. À ce jour, la capacité allouée de 5 MW a déjà été atteinte et une liste d’attente établie. Les 5 MW à Maurice ont été alloués à deux catégories de consommateurs, dont 4 MW réservés à la catégorie de consommateurs ‘domestiques’, et 1 MW pour les Integrated Resort Schemes, Residential Estate Schemes, Three-phase Domestic Customers, et ceux ayant déclaré leur charge en dessous de 20 kVA. En ce qui concerne Rodrigues, les 200 kW ont été alloués à deux catégories de consommateurs, notamment les consommateurs ‘domestiques’ (150 kW) et les Three-phase Domestic Customers et ceux ayant déclaré leur charge en dessous de 20 kVA (50 kW).
À ce jour, le Central Electricity Board (CEB) a déjà émis plus de 1 100 lettres d’intention, ce qui permet aux demandeurs Small Scale Distributed Generation (SSDG) d’installer un générateur à petite échelle dans leurs locaux. Dans le cadre du projet SSDG, une nouvelle Green Energy SSDG Scheme pour les coopératives est en stade de préparation. Le CEB opérera ce plan sous le même principe régissant le SSDG Net Metering Scheme. Les modalités sont en cours de préparation et le plan sera lancé bientôt. Une capacité maximale de 100 kW a été allouée au secteur coopératif et une société coopérative sera autorisée à installer un système photovoltaïque d’une capacité maximale de 5 kW.
La nouvelle formule SSDG a été spécialement développée pour répondre à la stratégie énergétique à long terme du gouvernement, qui vise à atteindre 35 % ou plus, en ce qui concerne la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à l’horizon de 2025. L’objectif principal est de promouvoir l’utilisation d’une énergie propre et renouvelable. Selon le nouveau SSDG Scheme et de par le système de tarification nette, qui sera appliqué sur la quantité d’électricité produite par le système d’énergie renouvelable, le consommateur sera à l’abri de toute augmentation future des tarifs pendant une période de 20 ans.
En effet, un client peut bénéficier de la capacité de stockage d’énergie du réseau du CEB sans encourir aucun frais. Ce ne sera donc pas nécessaire d’investir dans des systèmes de stockage de l’énergie par les batteries, qui sont généralement onéreuses. De plus, une partie (15 %) de l’investissement initial pourra être récupérée à travers une réduction dans le paiement des impôts.
Autre vision
Les experts ont, eux, une toute autre vision de l’avenir de l’énergie renouvelable à Maurice. Le prix des installations et la technologie, de même que le business de l’énergie, pourrait retarder la progression de l’énergie renouvelable à l’échelle résidentielle, affirme les spécialistes. La photovoltaïque a pris de l’ampleur en 2010. Toutefois cette technologie est favorable à l’environnement au CEB, mais pas au public qui, d’un point de vue économique, gagne très peu. La solution, selon les experts, c’est d’introduire une nouvelle technologie et d’investir dans la recherche.
Vasant Jogoo, consultant en environnement et en développement durable pour le compte de la Banque mondiale, explique que le CEB a raison de ne pas ouvrir le réseau complètement à la photovoltaïque. Il souligne que le problème de connexion au réseau se pose toujours. L’intermittence de l’énergie renouvelable fait qu’on ne peut pas se fier à ces installations pour alimenter le réseau à 100 % voire 50 %. D’où la limite de connexion imposée par le CEB. Donc, ceux qui veulent profiter de la photovoltaïque devront payer cher pour des batteries de stockage, car ils ne peuvent pas se connecter. « La batterie est la composante la plus coûteuse et la problématique de la photovoltaïque, c’est comment stocker l’énergie solaire ? » Vasant Jogoo explique que certains pays, comme l’Espagne et l’Allemagne, investissent dans la recherche pour contrer la problématique du stockage.
Il déplore, toutefois, le fait que Maurice fasse des annonces et encourage les gens à se tourner vers l’énergie renouvelable sans investir dans la recherche, qui aiderait à rendre l’utilisation de la photovoltaïque plus efficace et moins coûteuse. Il affirme que Maurice a plus de chance en utilisant la biomasse. « Il vaut mieux ne pas dépasser les 35 % d’énergie renouvelable, même si la majorité de la production de ce type d’énergie doit provenir de la bagasse. » Vasant Jogoo estime quand-même qu’atteindre 30 % ou 50 % d’énergie renouvelable n’est pas impossible.
« Cela dépend de plusieurs facteurs dont le design des maisons, du prix des installations et surtout de la politique du CEB : encourager la photovoltaïque ou privilégier le business de l’électricité et faire des profits ? » Vasant Jogoo conclut que la majorité des résidences ne sont pas encore prêtes à accueillir la photovoltaïque, car les prix demeurent élevés même s’ils sont bas, comparé à ceux des années 1990.
Fiabilité
Un expert en photovoltaïque, qui est aussi un des pionniers dans le domaine du développement durable à Maurice, explique qu’un modèle de SSDG doit être fiable. L’expert souligne qu’une maison peut installer jusqu’à 2,5 kilowatts crête. Ceci équivaut à 3 875 kilowatt heure par année soit 7,9 kwh par jour. Cela ne répond pas à la demande d’une famille, car ce chiffre équivaut à quatre heures de soleil par jour.
L’expert explique que c’est le problème de la technologie la plus répandue à Maurice. « Pour rendre la photovoltaïque profitable au public, il faut adopter un système hybride qui permet à un usager de stocker son énergie et de se connecter ou de se déconnecter du réseau à sa guise. Le CEB doit aussi permettre aux abonnés d’agir de la sorte sans que le réseau ne soit affecté. C’est ça l’ouverture du réseau. » Pour notre interlocuteur cela ne jouera pas en faveur d’un organisme qui vend de l’électricité et qui réalise des profits de Rs 1 milliard.
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