Encadrement par SAFIRE - Enfants défavorisés : de la rue… à l’aquaponie 

L’aquaponie peut-elle aider à lutter contre la pauvreté et la malnutrition dans les communautés défavorisées ? Réponse avec l’ONG SAFIRE. Grâce au soutien de Vivo Energy Mauritius, elle utilise cette méthode pour encadrer les enfants des rues sur sa ferme pédagogique à Verdun.

Neuf heures, le mardi 21 mars. Nous bravons une allée enherbée pour nous rendre à la ferme pédagogique de SAFIRE (Service d’accompagnement, de formation, d’insertion et de réhabilitation de l’enfant). Edley Maurer, le manager de l’ONG, et Amanda Van Schellebeck, la coordinatrice, nous accueillent. Nous jetons un coup d’œil rapide autour de nous. 

Dans un enclos, des poules caquettent et des canards cancanent, tandis qu’un jeune garçon ramasse des œufs. Quelques pas plus loin, une enfant plante des légumes avec l’aide d’un jardinier. Nous marchons jusqu’à d’autres enfants qui travaillent la terre, attentifs aux consignes de leur éducateur. 

SAFIRE accompagne environ 400 enfants vivant en situation de rue à travers l’île. « Chaque jour, une douzaine d’entre eux viennent ici et nous leur enseignons la lecture, l’écriture, ainsi que les pratiques de l’agriculture raisonnée et de l’aquaponie pour cultiver des légumes frais qui seront également utilisés dans la préparation de leur repas quotidien », fait savoir Edley Maurer. 

À la suite d’un appel à projet l’année dernière, l’ONG a bénéficié du soutien de Vivo Energy, détenteur de la franchise Shell à Maurice. « Ce soutien a permis l’installation d’un système d’aquaponie sur notre ferme pédagogique », déclare Amanda Van Schellebeck. Deux des éducateurs de SAFIRE ont été formés en aquaponie pour pouvoir enseigner cette technique aux bénéficiaires, qu’ils viennent tous les jours ou pendant les week-ends.  

Comment fonctionne l’aquaponie ?

Dans la serre où le système d’aquaponie a été installé, Bernard nous fait découvrir comment cette méthode novatrice permet à SAFIRE de cultiver des légumes frais de manière durable. Éducateur formé en aquaponie, il explique que c’est un système de culture symbiotique combinant l’aquaculture (l’élevage de poissons) et l’hydroponie (la culture des plantes sans sol). « Les déchets produits par les poissons sont utilisés comme engrais naturel pour les plantes, tandis que ces dernières purifient l’eau pour les poissons. Cela crée un système fermé et durable où les deux parties bénéficient mutuellement », dit-il.

Le système d’aquaponie commence par un réservoir où les poissons sont élevés. « Les déchets des poissons sont filtrés pour enlever les matières solides, puis l’eau est pompée dans un système d’hydroponie où les plantes sont cultivées. Les racines des plantes absorbent les nutriments issus des déchets des poissons et purifient l’eau qui retourne ensuite dans le réservoir pour un nouveau cycle. »

Bernard souligne que l’aquaponie est une technique écologique et durable qui permet de produire efficacement des légumes frais tout en réduisant les déchets et en économisant l’eau. « Elle a le potentiel de résoudre certains des problèmes les plus pressants de l’agriculture moderne, notamment la pollution, l’utilisation excessive de pesticides et la dégradation des sols. »

Les avantages, selon lui, sont nombreux. Elle utilise moins d’eau que l’agriculture traditionnelle et nécessite moins d’engrais artificiels. « En utilisant la symbiose entre les poissons et les plantes, elle permet de produire des légumes frais et des poissons de qualité supérieure tout au long de l’année, sans avoir besoin d’un grand terrain ou d’une quantité importante d’eau. » 

Un outil du changement

Comment l’aquaponie aide-t-elle à changer le comportement des enfants des rues ? « Grâce à l’aquaponie, ils peuvent apprendre à cultiver les plantes et les poissons. Ce qui peut être une source de fierté et un moyen de développer des compétences pratiques pour en faire un métier », affirme Bernard. 

De plus, l’aquaponie peut être une source de revenus pour les familles défavorisées. « Travailler ensemble pour cultiver et entretenir le système peut renforcer leur confiance en eux et leur capacité à travailler en équipe. La production alimentaire peut également être utilisée pour renforcer les liens sociaux et encourager la solidarité. L’aquaponie peut améliorer la vie des enfants et de leurs parents dans les communautés défavorisées en leur offrant une source de nourriture fraîche et nutritive, une source de revenus, et une opportunité d’apprentissage et de développement de compétences. » Selon Bernard, il est important de promouvoir cette technique durable pour aider à résoudre les problèmes sociaux et économiques auxquels sont confrontées les communautés défavorisées.

Ce que confirme Amanda Van Schellebeck. Elle ajoute que cela permet également à l’ONG de vendre le surplus de légumes et ainsi avoir des revenus afin de financer ses activités, et aux enfants d’en ramener chez eux. 

« Sans encadrement, ces enfants risquent la criminalité, la toxicomanie et la prostitution. Tandis que des programmes éducatifs, de réadaptation, d’accueil et de formation professionnelle peuvent les aider à sortir de la rue et à devenir des membres productifs de la société », fait-elle comprendre. 

De plus, d’un point de vue éthique et moral, renchérit Edley Maurer, « soutenir et promouvoir ces programmes est notre responsabilité envers les enfants vulnérables. »

Matthias de Larminat, de Vivo Energy Mauritius : «Notre priorité est de sensibiliser la communauté aux défis de l’autosuffisance alimentaire»

Vivo Energy Mauritius est engagée dans des initiatives en faveur de l’environnement, guidées par une politique de développement durable claire. « Nous avons pour priorité de sensibiliser la communauté aux défis de l’autosuffisance alimentaire et à l’importance d’une agriculture raisonnée », affirme Matthias de Larminat, le Managing Director. 

En ligne avec ses initiatives citoyennes en matière de développement durable, Vivo Energy Mauritius mise sur l’agroécologie. Cette nouvelle orientation dans son engagement communautaire est menée sous le label désormais bien établi dans le système scolaire mauricien : Cité Zen.  

Campagne de sensibilisation à la sécurité routière financée par Vivo Energy Mauritius, Cité Zen existe depuis 10 ans. Elle intègre la composante agroécologique sous le slogan « Les petites paumes de terre ». Elle a été repensée pour porter une ambition beaucoup plus large et englober le thème de l’agriculture durable, qui applique des concepts écologiques à l’agriculture. 

Un des objectifs de ce projet est de sensibiliser la jeune génération à l’idée qu’elle peut grandir de manière saine. Un autre est d’encourager le jardinage biologique chez les jeunes qui pourront apprendre et enseigner aux aînés une façon plus intelligente de produire et de consommer des légumes. « Nous sommes fiers de soutenir, à travers la Vivo Energy Foundation, ceux qui croient qu’une alimentation saine permet d’améliorer leur qualité de vie », dit-il. 

Comme l’indique son slogan « Les petites paumes de terre », le volet agroécologie de la campagne Cité Zen est une invitation aux enfants à être au contact de la nature. Le but est de stimuler leur créativité autour de la biologie végétale dont les premières notions sont déjà inscrites dans leur programme d’étude. Le projet bénéficie du soutien du ministère de l’Éducation, mais aussi de celui de l’Agro-Industrie à travers le Food and Agricultural Research and Extension Institute. 

Après l’installation de système aquaponique dans les ONG Mahébourg Espoir Education Centre, Chrysalide Ti Rayons Soleil et SAFIRE et cinq écoles primaires à Maurice et Rodrigues, d’autres projets agroécologiques sont prévus en 2023 au niveau de la communauté.