
Des jeunes partagent leur avis sur les récentes nominations dans les organismes publics. Certains estiment que les compétences passent après les liens familiaux, politiques ou générationnels. D’autres dénoncent un système fermé qui freine l’accès aux postes clés pour les jeunes diplômés et les professionnels qualifiés.
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Lushika Ramyead, 20 ans
Malgré les engagements formulés lors de la campagne électorale de 2024, les récentes nominations au sein des organismes publics mauriciens montrent que les changements concrets restent limités. Alors que les partis au pouvoir avaient promis de réformer la gouvernance et de lutter contre le favoritisme, la réalité est en décalage avec ces déclarations.
La nomination de Frédéric Curé au poste de président d’Airport Holdings Ltd, qui a ensuite refusé le poste, à compter du 8 août 2025, avait suscité de vives réactions. Si ses partisans mettent en avant son expérience dans le secteur aérien, beaucoup dénoncent le mélange des liens familiaux et des responsabilités publiques, ce qui remet en question l’engagement d’une gouvernance basée sur le mérite. Ce membre du Mouvement militant mauricien est le gendre du Premier ministre adjoint Paul Bérenger.
De même, la nomination de Nabihaah Juman, fille d’Ehsan Juman, qui a refusé le poste, à la Competition Commission a été aussi vivement critiquée. Les observateurs estiment que ses liens familiaux pourraient compromettre l’impartialité de l’organisme chargé de réguler la concurrence. C’est un autre cas qui illustre le fossé entre les promesses de transparence et la réalité des nominations.
La situation est aggravée par l’implication de Dany Marie, compagne du ministre Ashok Subron, au comité de sélection du National Empowerment Foundation. Cette décision a provoqué un tollé, certains dénonçant un conflit d’intérêts et une atteinte à l’intégrité du processus de sélection. Enfin, en décembre 2024, des employés d’Air Mauritius avaient adressé une lettre au Premier ministre pour dénoncer le favoritisme et le népotisme dans les recrutements et les promotions, réclamant un audit indépendant et des pratiques basées sur le mérite.
Le débat sur le népotisme et la gouvernance continue de mobiliser l’opinion publique, révélant un écart persistant entre discours politique et pratiques institutionnelles.
Tania Leung, 21 ans
Les politiques font des promesses de rupture et de transparence, mais ne les tiennent pas. Quand il s’agit de nommer des personnes à des postes clés, la confiance personnelle prime plus que la compétence. Le dirigeant veut s’entourer de gens fiables et on glisse facilement vers un système clientéliste, où l’entre-soi prend le dessus sur le mérite.
À 21 ans, je vois autour de moi des jeunes diplômés motivés et compétents qui restent sur la touche. Et pendant ce temps, ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent, parfois sans qualifications ou d’expériences solides. On parle de jeunesse, de méritocratie, de modernité, mais peu de choses changent.
Un système trop fermé freine le progrès, décourage les talents et mine la confiance dans les organismes. Si on veut vraiment avancer, il faut ouvrir les portes à ceux qui le méritent, pas à ceux qui connaissent les bonnes personnes.
Je suis d’avis que l’avenir ne s’impose pas, il se construit et je suis prête à relever ce défi.
William Christophe, 19 ans
Le gouvernement tend à favoriser les individus en fonction de leur génération ou de leur appartenance à un réseau politique plutôt qu’en fonction de leurs compétences. L’expérience et le savoir-faire passent après les liens familiaux, politiques ou générationnels.
Cette pratique crée un sentiment d’injustice chez les jeunes qualifiés ou les professionnels compétents qui se voient écartés malgré leurs mérites. En privilégiant la loyauté politique, les gains personnels et surtout les intérêts d’un groupe d’âge spécifique, on risque de freiner l’innovation et de décourager les talents émergents.
Cette situation a un impact sur le long terme, affaiblit la performance des organismes publics et mine la confiance de la population envers ses dirigeants. Pour moi, un système basé sur la compétence, la transparence et l’égalité des chances est plus bénéfique pour le développement du pays et privilégie les jeunes. Je suis pour l’égalité des chances.

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