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Émission thématique : ce qu’il faut savoir sur le bureau de l’Ombudsperson for Children

Rita Venkatasawmy Rita Venkatasawmy était au micro de Gilbert Bablee jeudi dernier.
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L’invité de l’émission thématique du jeudi 29 août 2019 était Rita Venkatasawmy, l’Ombudsperson for Children. Cette dernière a répondu aux questions des auditeurs aux côtés de Gilbert Bablee, qui animait l’émission. 

  • Le rôle de l’Ombudsperson for Children 

Selon Rita Venkatasawmy, le bureau de l’Ombudsperson mis sur pied en 2003 a pour mission de promouvoir les droits des enfants. La communauté internationale a décidé d’adopter les droits relatifs à la Convention des droits de l’enfant. Maurice a été plutôt avant-gardiste. C’est le seul pays africain à avoir mis en place la structure de l’Ombudsperson for Children’s Office et nommé une Ombudsperson pour défendre les droits des enfants de la République de Maurice. 

Avec un cadre juridique adapté, nous devons promouvoir le droit de tous les enfants de la République, incluant ceux d’Agalega et de Rodrigues. Quand il y a violation des droits d’un enfant, l’Ombudsperson a le devoir de faire entendre la voix de celui-ci. L’Ombudsperson doit aussi promouvoir la Convention relative aux droits de l’enfant, qui est un document adopté par les Nations unies et signé par tous les pays. 

Les enfants sont considérés comme des êtres vulnérables qui ne peuvent pas s’exprimer par eux-mêmes, d’où l’importance de l’Ombudsperson for Children. Ceux qui estiment que leurs droits ont été bafoués peuvent se tourner vers le bureau de l’Ombudsperson for Children. Exemple : un enfant qui a été brutalisé dans son école doit en premier lieu se tourner vers les autorités, telles que le ministère de l’Éducation, vers le responsable de l’établissement scolaire et vers le directeur de la zone concernée. Le bureau de l’Ombudsperson entre ensuite en jeu. 

Toutefois, cela ne signifie pas que le bureau de l’Ombudsperson tourne le dos aux personnes qui arrivent dans ses locaux sans passer par ces formalités. Bien au contraire, il les conseille et essaie d’activer les choses en entrant en communication avec les personnes concernées. 

  • Les droits de l’enfant ne rendent pas les enfants méchants  

Rita Venkatasawmy est catégorique : « Ce n’est pas la promotion des droits de l’enfant qui rend les enfants incontrôlables. C’est faux de dire une telle chose. Il y a des enfants qui sont difficiles à Maurice. Les jeunes font souvent l’actualité. Soit ils sont impliqués dans des cas de vol, soit ils abusent de personnes vulnérables. Les gens adoptent alors une réflexion simpliste avançant que les enfants ont trop de droits. Quand nous parlons de droits nous parlons de valeurs. Il ne faut pas confondre la promotion des droits de l’enfant. » 

Il s’agit des valeurs de base et universelles qu’une société doit promouvoir. L’Ombudsperson et son équipe sont à pied d’œuvre dans ce but précis. Il y a au total cinq enquêteurs au bureau, un employé de soutien et une secrétaire qui permet au bureau d’amener à bien sa mission.

  • Quand l’Ombudsperson entre-t-elle en jeu ? 
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Rita Venkatasawmy rappelle que l’Unesco dit clairement qu’il faut promouvoir une éducation de paix.

C’est récurrent à Maurice d’enregistrer des cas où les enfants sont frappés. L’Education Act interdit la punition corporelle. « Lorsqu’un tel cas est enregistré, nous allons à l’école concernée et convoquons la personne qui aurait frappé l’enfant. Dans la plupart des cas, le/la principale concernée indique que c’est dans un accès de colère qu’il/elle a commis cet acte », explique Rita Venkatasawmy. 

Elle ajoute que dans la culture mauricienne, c’est commun de frapper les enfants lorsqu’ils font des bêtises. « Lors de sessions avec certains parents, ils disent que corriger un enfant fait partie de leurs méthodes d’éducation. Ils avancent qu’ils étaient eux-mêmes ‘corrigés’ par leurs parents. Nous prenons alors le temps de leur expliquer les choses au cas par cas. Il faut trouver une alternative à la punition corporelle. C’est possible de discipliner les enfants sans être violent. D’ailleurs l’Unesco explique clairement qu’il faut promouvoir une éducation de paix. C’est l’accès de colère qui provoque l’acte de frapper. Nous ne pouvons pas dire le contraire. Les mentalités changent petit à petit. »

  • Shelter

Rita Venkatasawmy explique qu’il ne faut pas faire d’amalgame. « Ce ne sont pas tous les shelters qui ont des problèmes. Ceux qui ont fermé leurs portes avaient notamment des problèmes d’infrastructure où les conditions de vie étaient déplorables.  D’autres ont fermé parce qu’il y avait des abus verbaux. On ne peut pas prendre des enfants et les placer dans des endroits non sécurisés. »

  • Un cas d’abus sexuel par jour à Maurice 

Il y a, en moyenne, un cas d’abus sexuel sur un enfant par jour à Maurice. Pour un petit pays d’une population de seulement 1,3 million d’habitants, c’est énorme, selon Rita Venkatasawmy. « Chaque mois nous recevons des rapports de police. Certains cas ne sont pas dénoncés. Quand il y a des cas d’abus sur des enfants, il faut que les choses soient prises sérieusement. » 


Le droit à l’éducation 

Il faut le reconnaître : le pays a fait beaucoup de progrès en matière de promotion des droits de l’enfant à l’éducation et de ceux en situation de handicap. Beaucoup d’enfants en handicapés ne vont pas à l’école. 

Il y a eu un énorme travail abattu par les organisations non gouvernementales qui ont mené un combat pour permettre à ces enfants d’être scolarisés. Il y a des enseignants spécialisés qui travaillent avec ces enfants aux besoins spéciaux. D’ailleurs, au niveau du ministère, il y a beaucoup de facilités offertes. Bien entendu, tout n’est pas rose. Il y a encore beaucoup d’améliorations à apporter, indique Rita Venkatasawmy.


Mendicité

Parfois, certains enfants peuvent être aperçus en train de mendier dans les rues. L’Ombudsperson for Children fait ressortir qu’il est interdit de mendier à Maurice. « Parfois certains enfants mendient avec la complicité des parents. Quand nous constatons des cas pareils, nous allons vers le parent pour essayer de lui parler. Ce n’est pas bon d’utiliser à chaque fois la méthode dure. Nous informons dans un premier temps la Brigade pour la Protection des Mineurs puisque l’enfant est vulnérable et ce n’est pas correct. Nous essayons aussi de connaître les raisons qui poussent l’enfant à mendier. Nous découvrons dans la plupart des cas des raisons liées à la pauvreté. Nous référons aussi ce type de cas au ministère de l’Intégration sociale. » 


Questions des auditeurs

Jimmy de Sainte-Croix :« Mon fils a sept ans. Lorsqu’il est rentré de l’école la semaine dernière, sa mère a constaté qu’il avait un bleu au visage. Il a dit avoir reçu un coup de livre de son enseignante. Il dit qu’elle lui a mal parlé. Nous sommes allés à l’hôpital le même jour. Le lendemain, nous nous sommes rendus à l’école, mais nous n’avons pu rencontrer ni l’enseignante ni le maître d’école. Ce n’est pas la première fois qu’une telle chose se produit. Je me suis rendu au poste de police, à la Child Development Unit et au ministère de l’Éducation. J’attends toujours la décision des autorités. »
Réponse de Rita Venkatasawmy : C’est l’exemple d’un citoyen averti. Ce père a fait toutes les procédures qui doivent être faites afin que les droits de son enfant soient respectés. Il n’y a pas eu qu’un abus physique de la part de l’enseignante mais aussi un abus verbal. Si le parent juge qu’il n’y a rien eu dans un certain laps de temps (environ quinze jours), Jimmy doit se tourner vers le bureau de l’Ombudsperson for Children. Nous enregistrerons alors sa plainte avant d’écrire aux autorités concernées. La plainte peut aussi se faire par téléphone, mais nous préférons que la personne vienne sur place. 

Guylène de Port-Louis : « Mon fils a 15 ans mais il ne m’écoute plus. Son père l’a abandonné quand il était tout petit. Il ne va plus à l’école. Je ne sais plus quoi faire. Lorsque je lui parle, il devient violent. »
Réponse de Rita Venkatasawmy : Ce qui est triste c’est que la maman est sans soutien. Je lui conseille de venir au bureau. Nous l’aiderons à se tourner vers les institutions necéssaires. L’absence d’un parent est souvent la cause de beaucoup de problèmes. 


Coordonnées

Ombudsperson for Children 

Tél. : 454 3010/454 3020 

Le bureau de l’Ombudsperson for Children se trouve à Beau-Bassin. Le public peut s’y rendre entre 9 heures et 16 heures en semaine.

 

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