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Écosystème marin : les récifs coralliens en danger

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Nos récifs coralliens sont en danger. Si rien n’est fait, ils vont finir par disparaître et les conséquences pourraient être plus graves en ce qu’il s’agit de nos plages. C’est le constat que font Vassen Kauppaymuthoo et Nadeem Nazurally, deux passionnés de la mer qui déplorent avec force l’état dans lequel se trouvent les coraux.

Les récifs coralliens autour de Maurice sont menacés. Dans certains endroits, la dégradation varie entre 70 à 80 %, ce qui est un vrai désastre, selon Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe, et Nadeem Nazurally, Senior Lecturer à l’Université de Maurice et président d’EcoMode Society. Pour eux, si rien n’est fait maintenant, la détérioration va se perpétuer et nous perdrons encore plus de plages. Et là, il s’agit non seulement de restaurer, mais aussi de protéger l’environnement marin de toutes les sources de pollution et limiter ou contrôler les activités nautiques.

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Nadeem Nazurally.

Il est important de prendre des mesures, car notre pays est dépendant des coraux pour la stabilisation de sa zone côtière, explique Vassen Kauppaymuthoo.

« Les coraux contribuent à casser l’énergie des vagues qui viennent des hautes mers avant qu’elles n’arrivent sur les côtes. En l’absence de barrières de corail, des vagues plus déferlantes vont entrer dans le lagon. De ce fait, cela occasionnera des problèmes d’érosion des plages plus importants », prévient-il. Avec le niveau de la mer qui monte, nos plages vont finir par disparaître. L’écosystème marin va être bouleversé et il n’y aura plus de poissons. Ce qui ne sera pas sans incidence pour les pêcheurs et le secteur touristique. D’où l’importance de préserver les coraux et les restaurer, insiste-t-il.

Mais la dégradation est telle qu’il sera difficile de tout réhabiliter, fait comprendre Nadeem Nazurally. « Sur certains sites, on a perdu entre 70 à 80 % de coraux », précise-t-il. Il explique qu’un travail de restauration a commencé à travers le ministère de l’Économie bleue, avec la plantation de boutures de coraux sur des structures en béton. Le président d’EcoMode society indique que la culture de coraux marche bien dans plusieurs régions telles que Pointe-aux-Feuilles, Flic-en-Flac, Trou-aux-Biches et Bel-Ombre. « Dans certains endroits, il y a des coraux qui sont venus se poser naturellement sur les structures qui ont été installées », se réjouit-il.

Or, seule la réhabilitation ne va pas suffire. Il faut en amont changer de mode de consommation et de production afin de diminuer l’impact des activités humaines sur les coraux. Il déplore une surutilisation d’huile lourde qui contribue au rehaussement de la température et du niveau de la mer, et le déversement de divers déchets dans l’océan. Vassen Kauppaymuthoo plaide pour une plus grande utilisation des énergies renouvelables : solaire, éolienne, des vagues et des courants. « Outre les coraux, c’est tout l’écosystème qui est menacé, car tout est interdépendant », ajoute Nadeem Nazurally. Selon lui, les arbres jouent également un rôle important dans la protection des coraux, en aidant à faire baisser la température de l’eau de mer la nuit.

Sélection de coraux

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 Vassen Kauppaymuthoo.

Il faut aller vers une sélection de coraux qui sont plus résistants à la chaleur, l’acidification et la pollution, recommande Vassen Kauppaymuthoo. Selon lui, les coraux corne de cerf (Acropora cervicornis) sont résistants hors de l’eau et poussent de 7 cm par an. Il y a une sélection naturelle qui doit se faire et certains coraux vont sans doute disparaître. Il faut essayer de propager naturellement dans le lagon ceux qui sont résistants en faisant des plantations. Il faut aussi régler le problème de traitement des eaux usées. La plupart des zones côtières ne sont pas couvertes par le réseau de tout-à-l’égout et tout va dans la mer, explique l’ingénieur en environnement. Le président d’EcoMode ajoute qu’il y a un projet à l’UoM pour lutter contre l’érosion et favoriser la culture de coraux, financé par la Higher Education Commission. Divers projets ont aussi été soumis pour sauvegarder les coraux, comme la lutte contre les prédateurs qui mangent les coraux, tels que la « Couronne d’épines » (acanthaster pourpre), une espèce d’étoile de mer qui se nourrit exclusivement de coraux. Nos deux interlocuteurs plaident également pour la délimitation des activités nautiques, afin d’avoir des zones marines bien définies et protégées où les bateaux ne pénètrent pas. Il faudrait aussi permettre à la mer de se régénérer pendant un certain temps. La période de confinement a permis de démontrer à quel point cela a été bénéfique, souligne Vassen Kauppaymuthoo.


Réduire les émissions de gaz à effet de serre

L’Organisation des nations unies a tiré la sonnette d’alarme à la fin de l’année dernière. Selon l’organisme, les récifs coralliens pourraient disparaître d’ici la fin du siècle en raison du blanchiment qu’ils subissent tous. Le salut pourrait cependant venir d’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, a notifié le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) dans un nouveau rapport. 

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