S’il y a bien un sujet où il n’y a pas de discriminations à Maurice, c’est bien celui de la drogue. Selon le constat sur le terrain, le milieu professionnel n’est pas épargné par ce fléau.
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La prolifération de la drogue à Maurice inquiète plus d’un. Diverses couches sociales sont touchées par ce véritable problème sociétal. Et les entreprises ne sont guère à l’abri de ce fléau. D’ailleurs, on fait ressortir que des employeurs ont été témoins de la présence de seringues dans leurs locaux. Hubert Gaspard, psychologue du travail, concède que la drogue, qui révèle un mal plus profond, est une réalité sociale pouvant également se voir sur les lieux de travail. « Elle s’est immiscée dans le milieu professionnel », avance Hubert Gaspard.
Cocaïne, Méthamphétamine ou autres drogues se sont, selon Ally Lazer, faufilées dans le milieu professionnel. Le travailleur social fait le sombre constat de la présence de produits illicites dépassant le cadre de drogues synthétiques parmi certains professionnels. « La drogue est bien présente dans certaines entreprises. Il y a aussi un rajeunissement et une féminisation des consommateurs de drogues. Nous accueillons des professionnels dans des centres de désintoxication. Certains préfèrent ne pas se faire soigner dans les centres pour des raisons d’honneur et d’autres optent pour des traitements à La Réunion, loin des regards familiers à Maurice. Parmi les professionnels, il y a des médecins, des avocats et des policiers, entre autres », explique Ally Lazer.
Les employés qui consomment de la drogue se détacheraient des utilisateurs lambda des produits illicites. Cette distinction serait, selon le travailleur social, traduit par le salaire perçu par les professionnels. « Ils ne vont pas se rendre dans des faubourg pour se procurer la drogue. Ces consommateurs vont à des fêtes où les drogues se vendent à des prix élevés. Il y a une fausse perception qui perdure. Certaines personnes pensent que l’utilisation de drogues augmentera leur virilité », argue Ally Lazer.
Risques
À n’en point douter, la question de la drogue inquiète et pousse les responsables, les associations, les professionnels ou encore les syndicats à une réflexion approfondie. Dans le milieu professionnel, on affirme que le sujet n’est d’ailleurs plus tabou. « Il y a une prise de conscience, mais la peur est également présente. Les récents cas liés au trafic de drogue ont contribué à ce sentiment. La presse n’est pas exempte de tout reproche dans cette frayeur qui anime la population. Cela affaiblit la lutte contre la drogue et donne de la force à des présumés coupables qui parviennent à retrouver la liberté », déplore un opérateur.
Les employeurs, dont certains staffs seraient des consommateurs de drogues, apportent à leur manière leur contribution dans cette lutte, assurant parallèlement la pérennité de leurs entreprises. Reeaz Chuttoo, porte-parole de la Confédération des Travailleurs des Secteurs Publique et Privé (CTSP), souligne que certains employeurs voulaient introduire un test d’amphétamine dans le cadre de la « Work Medical Related Surveillance ». Le syndicaliste s’est néanmoins opposé à cette demande, qui précise Reeaz Chuttoo, est illégale. Celui-ci rappelle que la loi du Travail concernant la santé indique que le droit s’arrête avec tout ce qui ne concerne pas le travail.
L’utilisation de drogues n’est pas sans conséquence sur les capacités cognitives. La productivité de l’employé concerné risque d’être impactée. Ajouté à cela, la sécurité sur le lieu du travail pourrait en pâtir, argue un opérateur.
Solutions
Le combat contre la drogue est un enjeu national. D’où la nécessité, selon Reeaz Chuttoo, que le gouvernement vienne de l’avant avec un plan structuré et une politique d’encadrement pour les victimes de drogues. Il propose une légalisation du cannabis médical afin de réduire l’attirance vers des drogues dures.
Ally Lazer rappelle, pour sa part, que cette lutte ne doit pas se faire uniquement chaque 26 juin. « La drogue est le numéro un des fléaux à Maurice. Il faudrait une politique de prévention nationale qui prend le taureau par les cornes dès l’enseignement primaire. L’objectif doit être de réduire l’offre et la demande de la drogue dans le pays », argumente le travailleur social.
Par ailleurs, l’association représentant le secteur privé est également impliquée dans la lutte contre la drogue, Business Mauritius est membre du High-Level Drugs and HIV Council présidé par le Premier ministre. « Nous soutenons les actions pour mieux comprendre et combattre le fléau. Business Mauritius a fait des recommandations pour des changements dans la loi pour permettre une meilleure compréhension des abus de substances au sein des entreprises. Ainsi, nous pourrons mettre en place des mesures pour réduire des accidents de travail liés à cette cause », a fait comprendre Kevin Ramkaloan, CEO de Business Mauritius.
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