
La National Agency for Drug Control mise sur une coordination centralisée pour renforcer la lutte antidrogue. Une approche saluée par les acteurs de terrain, mais confrontée à des défis urgents.
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L’émission Au Cœur de l’Info, diffusée mardi 8 juillet sur Radio Plus, a été consacrée à la National Agency for Drug Control (NADC), nouvel organe chargé de coordonner les actions liées à la lutte contre la drogue à Maurice. Le Dr Fayzal Sulliman, directeur général de l’agence, et Imran Dhannoo, travailleur social actif sur le terrain, ont exposé les ambitions, les limites et les urgences du chantier en cours.
Au cœur des échanges : la structure de gouvernance de la NADC. Selon le Dr Sulliman, l’agence repose sur plusieurs comités techniques regroupés par thématiques, eux-mêmes placés sous l’autorité d’un conseil d’administration intégrant les ministères concernés et les ONG. Ce conseil, précise-t-il, peut prendre des décisions à portée opérationnelle, tandis que les grandes orientations doivent être avalisées par une Commission de contrôle antidrogue, présidée par le Premier ministre et composée de seize ministres. « C’est une sorte de mini-Cabinet qui permet d’ancrer cette lutte au plus haut niveau décisionnel », a-t-il expliqué.
Le directeur général a souligné que la mission de la NADC n’est pas d’exécuter les actions sur le terrain, mais de coordonner, superviser et garantir une cohérence nationale. « Chaque structure – ministère, service de santé, ADSU – conserve ses prérogatives. La NADC agit comme un levier de gouvernance pour éviter les doublons, harmoniser les interventions et assurer un suivi rigoureux », a-t-il précisée.
Fonctionnement cloisonné
Il pointe du doigt le fonctionnement cloisonné de ces dernières années, où ministères et ONG agissaient souvent de manière isolée : « Il est arrivé que des campagnes de sensibilisation soient menées dans des écoles sans même que les autorités éducatives en soient informées. Ce genre de situation montre pourquoi une coordination centrale est indispensable. »
Imran Dhannoo a abondé dans le même sens, évoquant un travail de longue haleine qui commence à prendre forme. « Il y a encore beaucoup à faire, mais nous sommes en train de construire ces fondations. Ce qui est important, c’est que des moyens sont mis à disposition, notamment financiers. Le reste, c’est de l’organisation, de l’ajustement administratif », a-t-il fait comprendre.
Les deux intervenants se sont également penchés sur la question du Buvidal, médicament injecté utilisé à l’international dans les traitements de substitution pour les personnes dépendantes à l’héroïne. S’il revient de plus en plus souvent dans les débats sur la prise en charge des usagers de drogues, sa pertinence dans le contexte mauricien est remise en question.
Pour le Dr Sulliman, « Buvidal n’est pas une solution miracle. Il a prouvé son efficacité clinique pour les patients dépendants aux opiacés, principalement l’héroïne. Or, à Maurice, le problème principal aujourd’hui, c’est la drogue de synthèse, dont la nature évolue rapidement et échappe souvent aux traitements conventionnels. » Il rappelle également que cette injection, coûteuse, n’est pas disponible localement. Avant toute introduction, dit-il, il faudrait mener des études approfondies et définir un cadre réglementaire clair.
Imran Dhannoo, tout en reconnaissant que des outils comme Buvidal peuvent être utiles dans des cas spécifiques, estime qu’il est urgent de penser à des alternatives plus accessibles, adaptées aux réalités locales. « Si on veut que le traitement et la réhabilitation marchent, il faut que les structures puissent répondre à la diversité des cas. On a besoin de techniques innovantes, de recommandations ciblées et d’un suivi efficace », a-t-il soutenu.
La question de la rechute a également été évoquée. Si le taux de rechute semble relativement contenu à Maurice par rapport à d’autres pays de la région, le nombre de nouveaux consommateurs est, lui, en augmentation. Une tendance qui alarme les acteurs sociaux. « Il est impératif que les autorités mettent en place un fast-track pour les recommandations et l’implémentation des programmes. On ne peut plus attendre. »

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