Élu à la présidence du Medical Council (MC), le 24 février, le Dr Kailesh Jagutpal dévoile ses priorités et annonce la couleur. Vous venez d’être désigné président du Medical Council. Vous sentez-vous prêt à relever le défi? Bien sûr. Je remercie mon équipe qui m’a fait confiance. C’est un grand défi que je m’efforcerai de relever avec l’aide de tous les membres.
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Ce sont quand même des grands défis? Effectivement. Mais nous sommes prêts à les relever. Nous avons une équipe qui est jeune, intègre et dynamique. Je n’appréhende pas de grosses difficultés, d’autant que certains membres connaissent déjà les rouages et le fonctionnement de cet organisme. Est-ce à dire que vous allez tout changer, tout de suite ? Il y aura certainement un temps de transition. Mais je ne pense pas que nous aurons besoin de beaucoup de temps pour nous mettre en selle. Nous sommes unis et c’est cela l’essentiel. Quels sont les dossiers que vous comptez aborder en priorité? Il y a plusieurs dossiers qui réclament notre attention et ils sont tous importants. Nous allons prôner la continuité. Il y a plusieurs comités dont celui qui enquête sur les cas d’allégations de négligence médicale ou encore celui de l’éducation continue. Je vais m’assurer qu’il n’y ait pas de rupture dans le travail déjà entamé. Vous contenterez-vous de gérer ce qui existe sans rien apporter de nouveau ? Nous allons certainement introduire quelques nouveautés, notamment une commission responsable de la communication. J’estime que c’est très important de savoir communiquer. Il y aura aussi un Policy Committee qui aura pour mission de définir les stratégies du conseil pour améliorer sa visibilité. Nous souhaitons aussi publier un bulletin régulièrement afin de tenir les membres de la profession au courant de nos activités. En fait, la communication sera le maître-mot de la nouvelle équipe. Est-ce que le dossier du collège médical D Y Patil est une priorité pour vous? Oui. Nous allons opérer dans la transparence. Le jour où ce dossier arrivera sur la table du conseil, nous allons trancher. Au préalable, nous allons recueillir toutes les informations y relatives. Il y a eu tellement de spéculations autour de cette question qu’il nous faudra faire très attention. Quid des allégations de négligence à l’égard des médecins? Le MC peut-il surmonter l’esprit corporatiste au moment de se prononcer sur des dossiers sensibles ? Je ne pense pas que cela soit un problème. C’est vrai que plusieurs cas attendent d’être analysés. C’est pourquoi j’ai décidé d’instituer un troisième comité pour épauler les deux qui examinent les allégations proférées contre les membres de la profession. Il faut aussi savoir que ces comités ne comptent pas uniquement des médecins employés par l’État. Outre les médecins du privé, y siègent aussi des membres nommés par le ministère de la Santé. Ils agissent comme des contrepoids et assurent la neutralité du jugement. Dans le passé, le MC a souvent été qualifié de bouledogue sans dents. Un tel qualificatif est-il justifié? Non, le MC n’est pas un bouledogue sans dents. Il faut comprendre que la mission de cet organisme n’est pas uniquement d’infliger des sanctions. Il a également la responsabilité de promouvoir le statut de la profession, d’assurer la formation. Nous évoluons dans un paramètre légal. Dans un cas allégué de négligence médicale, nous prenons en considération tous les éléments et s’il y a lieu de référer le cas au tribunal, nous le faisons.
20 ans d’expérience
Agé de 46 ans, le Dr Kailesh Jagutpal est marié et père de deux fils. Il est psychiatre à l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle. Il a exercé pendant une dizaine d’années comme généraliste avant de se spécialiser en psychiatrie. C’est la première fois qu’il s’est porté candidat aux élections du Medical Council.
Que pensez-vous des cas d’agressions envers des médecins ? Malheureusement c’est un problème qui existe. Souvent les patients sont las d’attendre, souvent ce sont les parents qui accompagnent un patient qui perdent leur sang froid. Il y a toute une éducation à faire, que ce soit pour les médecins ou pour les patients et leurs parents. Cela va changer avec le temps, nous sommes dans la bonne direction. Dans le Continuous Medical Education que le MC compte développer, nous allons prendre cet aspect en considération. Le professionnalisme des médecins formés à Maurice suscite parfois de débats. Etes-vous satisfait de leur performance? Il faut revoir et améliorer le système actuel des examens que ce soit pour les Under graduates et les Post graduates pour rendre les praticiens plus performants. L’Ordre a-t-il un droit de regard sur le recrutement des médecins? C’est la prérogative du ministère de tutelle. L’idéal serait que l’État puisse embaucher tous ceux qui sont dûment qualifiés et qui souhaitent devenir fonctionnaires, mais dans la pratique, ce n’est pas possible. Y a-t-il trop de médecins à Maurice? Le pays compte quelque 2 500 médecins. Environ un millier d’entre eux sont employés par l’État et environ 500 exercent dans le privé et le reste.... Que font-ils? Chômeurs j’imagine. Le secteur semble saturé. Ne faut-il pas déconseiller ceux qui aspirent à devenir médecin ? Je pense que le ministère devrait envisager un système de rotation pour faire de la place aux médecins au chômage. D’où puiser le budget pour les payer? De l’argent dépensé en heures supplémentaires. Il faut donner la chance à tous de pouvoir travailler. Ces jeunes sur le pavé ont besoin d’exercer pour accumuler de l’expérience.
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