Le Medical Council n’a plus sa raison d’être, selon son vice-président. Il estime que l’institution n’est pas aussi indépendante qu’elle devrait l’être.
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« Le MC aurait dû être une instance indépendante et solide et doit pouvoir dire non quand il le faut »
Dr Ishaq Jowahir, avec plus de 35 ans de carrière en tant que médecin généraliste dans les services public et privé, quelle a été votre réaction à la suite des résultats du Pre-Registration Entry Examination (PREE) destiné aux aspirants médecins ? Sur 134 candidats le taux de réussite est de 42 %.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces résultats et les torts doivent être partagés entre le ministère de la Santé, le Medical Council (MC) et les candidats eux-mêmes. Il aurait d’abord fallu trouver un consensus concernant la mise en place d’un examen avant l’internat. Le ministère aurait dû avoir l’accord de tout le monde à ce sujet avant de l’imposer à travers le MC. Ces examens auraient dû être transparents, ce qui n’est pas le cas, à notre avis.
En ce qu’il s’agit du MC, l’instance ne peut être le béni oui-oui du ministère. Le MC aurait dû solliciter l’approbation de tout le monde et avoir le dernier mot en ce qu’il s’agit du choix de l’institution qui devait conduire les examens et non le ministère de la Santé.
Remettez-vous en question le choix du National Board of Examinations of India (NBEI) pour la préparation du questionnaire ?
Il ne s’agit pas que de cela. Quand on vient avec de nouveaux examens, il faut chercher une adhésion dans la façon de conduire ces examens. Et le consensus doit être trouvé du côté des médecins du privé, du service public, des candidats eux-mêmes et du MC.
Personne ne sait pourquoi c’est une institution indienne qui a été choisie pour conduire ces épreuves et non pas une autre ou encore celle d’un autre pays. Si les examens avaient dégagé l’unanimité, il n’y aurait pas eu de contestations. Ce n’est pas normal que des aspirants-médecins remettent en question un examen en disant qu’ils n’ont pas fait tel ‘syllabus’. Après plusieurs années d’études, ils auraient dû tout connaître.
Mais d’un autre côté, à la lumière des résultats que les candidats ont obtenus au PREE, est-ce que cela ne vient pas donner raison au MC et au ministère de la Santé d’avoir institué ces examens ?
Je suis parfaitement d’accord avec vous. Je suis parmi ceux qui ont milité en faveur de ce type d’examen avant de pouvoir entamer l’internat. À Maurice, nous avons des candidats qui ont fait leurs études dans diverses universités à travers le monde. Il était impératif de mettre en place un standard que auquel tout le monde doit satisfaire afin d’atteindre le niveau requis en tant que médecin.
La médecine n’est pas un métier qu’on peut exercer au petit bonheur et se dire qu’on va apprendre sur le tas. L’adage qui dit que c’est en forgeant qu’on devient forgeron ne s’applique pas à cette profession.
Avez-vous des craintes quand à la relève de médecins à Maurice ?
J’ai peur que oui. Auparavant même quand on venait d’entrer dans le service et qu’un collègue était malade c’était avec assurance qu’il venait nous voir car il savait qu’il était entre de bonnes mains. Aujourd’hui si je suis malade et que je dois aller à l’hôpital, j’aurais peur si c’est un de ces jeunes médecins qui s’occupe de moi. Mais je précise que je ne dis pas que tout le monde n’est pas compétent.
Le Medical Council avait décidé de revoir la liste des universités afin que les étudiants se dirigent vers celles qui sont, à son avis, parmi les meilleures. Est-ce que c’était la solution ?
Une université ne fait pas un étudiant. Dans de nombreux cas, même ceux qui ont fait leurs études en Grande-Bretagne ont été un flop alors que ceux qui sont revenus de la Chine ont brillé. Tout dépend de l’étudiant.
Ce qui revient à dire que revoir la liste des universités ne va rien changer ?
Un médecin doit avoir une vocation. Mais il se trouve que nombreux sont ceux qui sont allés faire des études pour le prestige et sans réelle vocation. Combien ont la base importante de chimie, physique et mathématiques ou chimie, physique et biologie ? Certains n’avaient aucun sujet scientifique mais ils sont partis étudier la médecine malgré tout. Que peut-on espérer de tels candidats ?
Mais comment ont-ils pu accéder à ces universités, ne doivent-ils pas avoir un minimum requis de qualifications pour le faire ?
Il y a de nombreuses universités qui font de la publicité pour faire croire qu’on peut devenir médecin pour un montant dérisoire. Pour ces institutions, leur mission est seulement de vous faire réussir à tout prix. Mais peut-on vraiment se considérer comme médecin à l’issue de telles études ?
Et qu’en est-il des étudiants, que leur reprochez-vous ?
Pour n’importe quel examen, vous n’avez pas besoin d’être brillant pour réussir. Dans de nombreux cas, même ceux considérés comme les plus brillants ont échoué. Cela arrive. Parmi ceux qui n’ont pas été reçus au PREE, il faut voir quels étaient leurs résultats avant leur départ, dans quelles universités ils ont étudié. Il faut aussi prendre en considération le taux de réussite de ces institutions. Pour avoir le vrai standard, il faut mettre des examens qui prennent en considération les différents types d’examens qu’il y a dans le monde et l’uniformiser.
Quand le président du MC dit qu’il est choqué et trouve les résultats inquiétants, il donc a raison ?
Définitivement. Il faut voir à la base le niveau des étudiants. Quels étaient leurs résultats. S’ils avaient étudié des matières scientifiques. Les études en médecine exigent tout cela.
Que pensez-vous des étudiants qui se sont plaints de la structure du questionnaire ?
Je trouve cela drôle qu’un étudiant qui a fait des études en médecine pendant cinq ans et qui a besoin d’avoir 50 % pour réussir, arrive quand même à échouer. Dans certains pays, il faut avoir au moins 80 à 90 % pour être reçu. Dans la médecine vous êtes supposé tout savoir. Vous ne pouvez pas, face à un patient, dire que vous n’avez pas étudié tel ou tel chapitre. Donc il y a un problème quelque part surtout si certains ont passé cet examen pour la deuxième fois et qu’ils ont échoué à nouveau, malgré tout.
Des conflits internes ont secoué le MC ces dernières semaines et cinq nominés du ministère de la Santé ont été évincés de cette instance. Faut-il revoir la structure du MC ?
Oui, complètement. Nous avons fait plusieurs suggestions mais cela n’a pas été pris en considération. Ils font ce qu’ils veulent ou ce que le ministère décide.
À la base, les élections même du MC sont faussées. Il y a des médecins du service public et ceux du privé. Avant, le nombre était équitable. Puis, on a trouvé qu’il fallait augmenter le nombre des médecins du public. Alors que les médecins du service public votent en masse, tel n’est pas le cas dans le privé. Les médecins du privé auraient dû avoir la possibilité de voter exclusivement pour leurs représentants, cela aurait été mieux.
Croyez-vous en l’indépendance du MC ?
J’ai tout le temps dit que c’est un bouledogue sans dents. De la façon dont les choses se déroulent il est facile de comprendre comment il opère. Le MC aurait dû être une instance indépendante et solide et doit pouvoir dire non quand il le faut.
Faut-il dissoudre le MC ?
Le ministre aurait dû le faire, de par la façon dont les choses se sont déroulées depuis ces derniers temps. Le ministre a tous les droits, bien que nous contestons sa mainmise sur une instance qui aurait dû être indépendante.
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