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Documents déclassifiés : la CIA aurait tenté de financer le PTr pour contrer l’influence libyenne sur le MMM

Chagos

Les Américains ont essayé d’aider le gouvernement de SSR face au MMM de Paul Bérenger qu’ils craignaient d’être pro-soviétique. Pour eux, les mauves avaient le soutien financier du colonel Mouammar Khadafi.

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Le financement des partis politiques mauriciens ne cessera jamais de faire débat. Face à la montée en puissance du Mouvement militant mauricien (MMM) durant les années de braise et du risque qu’il puisse se rapprocher de l’Union Soviétique à l’issue des élections de 1982, les États-Unis ont envisagé une opération secrète pour lui couper l’herbe sous les pieds. La Central Intelligence Agence (CIA) aurait été approchée pour financer le Parti travailliste (PTr), alors dirigé par sir Seewoosagur Ramgoolam, afin de contrer le soutien de la Libye aux mauves dirigées par un Paul Bérenger qualifié de marxiste.

Plusieurs rapports secrets parmi la centaine de documents déclassifiés citant Maurice et qui ont été mis en ligne depuis la semaine dernière évoquent l’influence libyenne sur le MMM. Des articles de la presse internationale regroupés par la CIA font état d’une fuite à Washington quant à une opération qu’elle serait en train de fomenter pour s’en prendre au colonel Mouammar Kadhafi. Ils sous-entendaient que le dirigeant libyen allait être assassiné en Mauritanie...

La Mauritanie ayant réclamé des comptes à l’administration Reagan, le Washington Post a alors révélé le 15 août 1981 que ces journaux ont confondu ce pays d’Afrique avec Maurice, elle-aussi méconnu des Américains, et qu’il n’a jamais été question d’une « cloak and dagger operation ». Dans son article portant le titre « Target was Mauritius, not Mauritania… », le journaliste Michael Getler explique comment cette fuite a donné des sueurs froides à la Maison Blanche ainsi qu’à la Mauritanie.

L’opération consistait, dit-il, en un « quiet CIA effort to slip money to the government to help counteract financial aid being supplied to forces opposing the government by Libya’s radical leader ». La fuite trouve ses origines dans un article du Washington Post du 25 juillet 1981 quant à la lettre adressée au président Ronald Reagan par le comité d’élite sur les services de renseignements pour bloquer une opération secrète de la CIA en Afrique. Le magazine Newsweek a publié un article le lendemain pour soutenir que le plan consistait à renverser le colonel Kadhafi.

Quelques jours plus tard, le Washington Post est revenu à la charge pour expliquer que ce n’était pas la Libye qui était visée, mais bien la Mauritanie. Le 4 août, le Wall Street Journal fait mention de l’île Maurice et fait ressortir que le but de l’opération visait, en fait, à empêcher que Port-Louis ne soit transformée en base navale russe. Des documents déclassifiés font état du nombre de vaisseaux de la marine russe ayant mouillé à Port-Louis, d’un rapport sur l’influence russe dans l’océan Indien et même d’un accord entre SSR et Moscou quant à la construction de facilités de bunkering à Grand-Port 

Dans un registre plus politique, un document déclassifié de la CIA daté du 16 mars 1979 évoque une coalition PTr-MMM, avec un Paul Bérenger qui veut « avant tout assurer son avenir politique ». Face aux gauchistes radicaux au MMM, la CIA prévoyait qu’il allait inciter le bureau politique mauve à démissionner pour se joindre aux travaillistes. Les Américains révélaient que Paul Bérenger et SSR s’étaient rencontrés en catimini un mois plus tôt et que le leader mauve est revenu sur sa demande que le « chacha » se retire comme leader du PTr.

À l’époque, la CIA analysait que Paul Bérenger « is primarily concerned with acquiring a key position for himself rather than looking out for other members of the movement ». Il était question que sir Satcam Boolell prenne le relais à SSR, celui-ci allant alors être gouverneur général. Paul Bérenger aurait même annoncé la formation de la coalition à l’ambassadeur russe, selon les espions américains. Un autre rapport daté trois jours avant les élections de 1983 dépeint un Paul Bérenger plus pragmatique que SAJ et qui allait diriger un gouvernement de manière plus efficace si jamais il était porté au pouvoir. 

 

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