Depuis combien de temps le variant Omicron est-il sur notre sol ? Maurice pourrait avoir été parmi les premiers pays touchés. Depuis, selon les spécialistes, le variant s’est probablement propagé dans la communauté. La crainte d’une aggravation de la crise sanitaire après les fêtes se confirme.
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L’Omicron est bel et bien présent dans la communauté à Maurice. Un communiqué du ministère de la Santé, émis ce lundi 20 décembre, indique que 10 cas du variant Omicron, dont 8 cas locaux, ont été détectés. Il s’agit des résultats du séquençage de 100 échantillons prélevés, sur des personnes positives à la Covid-19, entre le 23 et le 27 novembre dernier, soit il y a près d’un mois.
Le Dr Vasantrao Gujadhur, ancien directeur de la Santé, s’interroge. Le 30 novembre, le gouvernement savait déjà que l’Omicron était dans le pays puisque le variant a été identifié par une clinique privée dans le test d’une habitante de Tamarin. « Alors pourquoi a-t-il attendu le 20 décembre pour le confirmer après avoir envoyé des échantillons en Afrique du Sud ? »
C’est le 26 novembre que le monde a appris l’existence de l’Omicron, quand l’Afrique du Sud l’a informé de sa découverte et de sa propagation sur son territoire. Or, les nouvelles données fournies par le ministère de la Santé impliquent que le variant était présent à Maurice avant le 23 novembre. Notre pays pourrait donc avoir été l’un des premiers à avoir été concernés.
« Maintenant, il faut se demander s’il y a eu un ‘contact tracing’, car il est fort probable que ces 8 personnes en aient infecté 100 autres », poursuit le Dr Gujadhur. Si c’est le cas, aujourd’hui, au vu de la forte contagiosité de cette nouvelle forme du coronavirus, il se pourrait que des centaines, voire des milliers de personnes en soient porteuses.
« La charge virale de l’Omicron s’accumule 70 fois plus que celle du Delta dans les bronches, ce qui veut dire qu’il se propage plus vite quand les personnes infectées toussent. S’il y a eu des cas fin novembre, imaginez combien de gens sont concernés », s’inquiète le médecin.
Le Dr Gujadhur rappelle que Maurice a une densité démographique supérieure à 600 habitants par kilomètre carré, « ce qui est beaucoup ». Mais surtout, les attroupements de fin d’année n’arrangent pas les choses. La population est très mobile en cette période et des regroupements ont lieu pour les achats et pour les fêtes. Pour notre interlocuteur, il fallait imposer des mesures strictes car « nous risquons maintenant d’avoir un pic vers la fin du mois de janvier ».
Le Dr Shameem Jaumdally, virologue, pense que le nouveau variant a été importé d’Afrique du Sud par des voyageurs qui sont arrivés avant le 27 novembre. Selon lui, une flambée épidémique causée par l’Omicron pourrait débuter à la toute fin de l’année, et si elle se confirme, le pic se produirait dans la seconde moitié de janvier. « Mais nous ne sommes pas très éclairés sur la situation », tempère-t-il.
« Il faut que les gens se responsabilisent. En Europe, en voulant contester les restrictions et en faisant fi des règles sanitaires, les gens ont été contaminés en masse. Les gouvernements ont été obligés de remettre en place des mesures strictes. Il ne faut pas que nous en arrivions là. » En attendant d’en savoir plus sur ce variant, poursuit-il, on doit être prudent. Le Dr Jaumdally propose de prendre exemple sur l’Afrique du Sud qui a imposé le télétravail, limiter les rassemblements et interdit la vente d’alcool dans certaines zones fréquentées les week-ends.
Dans les hôpitaux, les services de santé se préparent. La vague de novembre, dont on attribue la cause aux rassemblements pendant les jours fériés du début du mois, avait pris le système de court. Avec les fêtes de fin d’année et la présence de l’Omicron, les responsables des hôpitaux craignent une nouvelle flambée. « Le comportement actuel d’une partie de la population laisse présager qu’ils seront des centaines à faire la queue devant les Flu Clinics si les gestes barrières ne sont pas respectés », déclare un cadre du ministère de la Santé.
Les craintes, indique-t-il, portent également sur le nombre de morts. La raison étant que Maurice a un fort taux de comorbidité comparé aux pays européens, et donc une population beaucoup plus à risque en cas de propagation rapide de l’épidémie. Au gouvernement, on précise qu’en fonction du nombre de cas d’Omicron détectés dans la société, les mesures qui s’imposent seront prises. De quoi rassurer…
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