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Disparition des policiers Sunnasy et Moorghen en mer : la douloureuse attente des familles des victimes

Le constable Sunnasy avait suivi une formation à la NCG. Le policier Vishalen Moorghen n’a jamais baissé les bras.
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C’est un véritable drame que vivent les familles Sunnasy et Moorghen. Les constables Vimal Sunnasy et Parkiyaven Moorghen, tous deux âgés de 32 ans, sont partis en mer à Poudre d’Or le lundi 27 mai avec Steeve Fortuno, 34 ans, et Naseeruddin Mudhoo, deux autres collègues. Ce qui devait être un moment de détente entre amis s’est transformé en une nuit cauchemardesque. Leur embarcation a chaviré alors qu’ils se trouvaient à proximité de la Passe Saint Géran. Les fortes houles ont séparé les policiers.

Steeve Fortuno et Naseeruddin Mudhoo disent avoir vécu le pire avant d’être finalement repérés par des pêcheurs. Cependant, leurs amis Vimal Sunnasy et Parkiyaven Moorghen ont été happés sous l’eau. Depuis, ils n’ont pas réapparu. Les éléments de la garde côtière, l’hélicoptère de police et les proches des policiers se rendent chaque jour en mer dans l’espoir de les retrouver.

Les plongeurs de la police sont de sortie tous les jours pour poursuivre les recherches.
Les plongeurs de la police sont de sortie tous les jours pour poursuivre les recherches.

Le constable Vimal Sunnasy, formé à la garde côtière

« Zordi panse kav trouv kiksoz », lâche Rajveer, l’oncle du policier Vimal Sunnasy. Depuis cette disparition en mer, avec d’autres membres de la famille, ils se rendent chaque jour à Poudre d’Or, scrutant l’horizon et espérant que les recherches vont aboutir. Cependant, jusqu’à présent, à part l’embarcation qui a chaviré et été retrouvée sur des rochers, aucun effet personnel n’a été découvert.

Une dure réalité pour la famille du jeune policier. De nature discrète, il sort rarement avec ses amis. « Vimal est un garçon timide et amical », dit son oncle. Originaire de Roches-Noires, il est le cadet de la famille. « Il a une sœur aînée. Ils ne sont que deux », ajoute-t-il. Après ses études secondaires au collège Universal de Rivière-du-Rempart, il avait postulé pour intégrer la force policière.

« Il a passé les sélections et a commencé sa formation dans la garde côtière », relate Rajveer. Le 2 avril 2015, il a officiellement rejoint les forces de l’ordre. Un moment de joie et de fierté pour ses proches. « Il pensait qu’il allait être envoyé dans une station de garde côtière dans le Nord, mais ce ne fut pas le cas. À cette époque, il y avait eu une recrudescence de la violence et c’est au poste de police de Rivière-du-Rempart qu’il s’est retrouvé, puis à Goodlands et il y a environ deux ans au centre de détention de Piton. Il voulait retourner à la garde côtière », raconte ce proche.

« Il ne connaît que le travail, sa maison, la famille et Dieu. Il est aussi très croyant. Il ne boit pas, ni ne fume », indique-t-il. Le jeune homme, encore célibataire, joue de la guitare dans une chorale. 

Rien ne pouvait les préparer à vivre une telle situation. Darsanand Sunnasy, 61 ans, le père du policier, est déboussolé. « Ma fille vit en Australie. Mercredi dernier (22 mai), c’est mon fils qui m’a accompagné à l’aéroport. Je me suis rendu en Angleterre », explique le sexagénaire. Alors que son voyage devait durer trois semaines, le drame l’a obligé à écourter ses vacances. 

« Lundi, j’ai appris que mon fils, qui ne sort presque jamais, est allé rejoindre ses amis policiers pour une partie de pêche. Chacun avait pris sa motocyclette. Avant de sortir, il a demandé à sa maman de lui préparer du thé et de le mettre dans un thermos. Elle lui a dit d’être prudent », avance son père. Toutefois, alors que le policier avait indiqué à sa mère Jaya qu’il allait revenir vers 22 heures, il n’est pas rentré.
« …zones d’ombre… »

« Elle a essayé de le contacter mais il ne répondait pas. Ce n’est que vers 2 heures, mardi, que deux policiers sont venus à la maison pour informer sa maman qu’ils avaient eu un accident en mer », poursuit l’oncle. Le père du policier a été alerté. Il est rentré au pays mercredi. Il essaie de comprendre ce qui a pu se passer. « Il y a des zones d’ombre », lâche le père meurtri.

Le policier Vishalen Moorghen, n’abandonne jamais

Parkiyaven Moorghen est l’autre policier porté disparu. Il est lui aussi posté au centre de détention de Piton. Son frère, également policier, et ses cousins sillonnent les parages de la Passe Saint Géran en bateau, bravant des conditions difficiles, à leur recherche. « Il n’abandonne jamais. Nous aussi, nous gardons espoir », confie Varusha, la cousine du constable Moorghen.

Le policier a longtemps vécu à Piton avant de venir s’installer à Goodlands. Parkiyaven (Vishalen), a rejoint les forces de l’ordre le 6 juin 2011. Il a fait partie de la Special Mobile Force. Il y a quelques années, il a perdu son père, emporté par la maladie. Il n’a jamais baissé les bras. Vishalen a toujours fait preuve d’une grande force de caractère. Il a aussi le cœur sur la main. 

Ramen et Vinaden Moorghen, les deux oncles du policier, expliquent que Vishalen est doté d’une force incroyable. « Il a beaucoup de force. Il aimait son métier de policier. Il y a deux ans, il s’est marié », partage Ramen. Mais alors que tout lui souriait, lundi, le malheur a frappé. Les quatre amis avaient tous fait leur service du jour et dans l’après-midi, ils étaient déjà chez eux, se préparant pour se rendre à une partie de pêche. Vishalen n’est plus réapparu.

« Nou pe touzour gard lespwar », confie sa cousine. 

Une partie de pêche qui vire au drame

Lundi 27 mai, les constables Steeve Fortuno, 34 ans, Naseeruddin Mudhoo, 39 ans, Vimal Sunnasy et Parkiyaven Moorghen, tous deux âgés de 32 ans, ont pris place à bord d’une embarcation appartenant à Steeve Fortuno à Pointe des Lascars pour une partie de pêche. Mais vers 19 h 45, le drame a surgi. L’embarcation a été renversée par une forte houle. Les policiers se sont retrouvés à l’eau. Steeve Fortuno et Naseeruddin Mudhoo ont réussi à s’en sortir grâce à des pêcheurs qui les ont vus aux petites heures de mardi. Ils ont été admis à l’hôpital. Mais pour les deux autres amis, ils sont portés disparus. Une série d’opérations en mer a alors commencé par des garde-côtes, des proches et des volontaires pour les retrouver. À vendredi, les recherches se poursuivaient.

Les recherches étendues en haute mer et aux îles avoisinantes

Dès l’alerte donnée, la garde côtière, l’hélicoptère de police et d’autres unités se sont mobilisés pour retrouver les deux victimes. L’Helicopter Squadron, le Dhruv et l’Alouette sortent tous les jours pour survoler la région. Le Dhruv poursuit les recherches en haute mer tandis que l’Alouette à l’intérieur du lagon. De Poste La Fayette, les équipes ne veulent rien laisser au hasard. Les îles se trouvant à proximité sont aussi survolées. Trois vols de deux heures sont programmés chaque jour afin de couvrir le maximum de surface pour retrouver les deux amis policiers. Une douzaine de vols avaient déjà été effectués à vendredi. En mer, la garde côtière, les plongeurs, les éléments du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne et les commandos de la NCG continuent de patrouiller. Toutefois, les conditions météorologiques rendent ces opérations difficiles.

« Mo pe sagrin mo de koleg, mo espere trouv zot vivan »

Les policiers Fortuno et Mudhoo sont les deux rescapés de cette sortie dramatique. Ils ont été admis en salle d’observation à l’hôpital SSRN de Pamplemousses. Les deux hommes disent avoir frôlé la mort et espèrent revoir leurs deux amis. « Mo pa sagrin pou mo moter ou mo baton, mo pe sagrin mo de koleg, mo espere trouv zot vivan », lâche Steeve Fortuno sur son lit d’hôpital. Il dit avoir tout fait pour sortir ses amis de l’eau, mais ils ont été surpris par les fortes houles et ont été séparés. Le constable Mudhoo dit aussi avoir une pensée pour ses amis. « Mo espere trouv zot », soupire-t-il. Il souligne également avoir tenté de secourir ses amis, mais les vagues étaient trop fortes et, à un moment, il s’est retrouvé seul. Durant trois heures, ils disent être restés dans l’eau avant que des pêcheurs ne les aperçoivent et n’alertent la garde côtière.

 

 

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