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Didier Ramsamy, Factory Manager : «l’Angleterre est notre plus grand marché pour les sucres spéciaux»

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Accueillis à Mapou par Didier Ramsamy, le Factory Manager de l’usine de production de sucres spéciaux, nous enfilons l’équipement de sécurité réglementaire : gilet réfléchissant, casque, bouchons d’oreille et lunettes de protection. Après un briefing sur les consignes de sécurité, nous traversons l’usine et nous dirigeons vers l’endroit où les camions, avec une capacité moyenne de 30 tonnes, débarquent les récoltes de canne provenant des champs d’Agriterra ou d’autres cultivateurs. 

Au quotidien, Agriterra reçoit les récoltes manuelles des planteurs de 6 heures à 18 heures. Celles réalisées mécaniquement par Agriterra sont réceptionnées jusqu’à une heure du matin le jour suivant.

Dès leur arrivée à l’usine, les camions chargés de cannes sont pesés sur une plateforme. Pourquoi ? « Le poids net est utilisé pour le paiement des planteurs par le Mauritius Sugar Syndicate », répond Didier Ramsamy. Ensuite, des inspections visuelles sont effectuées et des échantillons de cannes sont prélevés à des fins d’analyses par le laboratoire du Control Board de la Mauritius Cane Industry Authority. Ce processus permet de déterminer la teneur en saccharose et la pureté de la canne. Une vérification de la qualité des cannes est également effectuée et un système de retour est en place si le dépaillage des cannes n’a pas été correctement réalisé. « Pendant la campagne connue comme la coupe, le contrôle de qualité est crucial pour la production de sucres spéciaux », indique-t-il.

Le cœur de l’usine bat au rythme du broyage des cannes. Le grappin alimente sans discontinuer les chaînes transporteuses qui conduisent les cannes vers un broyeur. Ce dernier aplatit les cellules pour en libérer le jus. Un système ingénieux de cinq moulins optimise l’extraction du jus de canne.

Le Factory Manager nous explique que la canne à sucre est composée à 70 % d’eau, 15 % de fibres (la bagasse) et 15 % de saccharose. « C’est le saccharose qui est utilisé pour produire les sucres spéciaux tandis que la bagasse est récupérée par Terragen pour la production d’énergie verte », précise-t-il.

Le jus de canne, une fois extrait, est chauffé à 104°C dans le moulin, puis clarifié grâce à l’ajout de lait de chaux. Ce traitement élimine les impuretés qui se déposent sous forme de boue, une boue précieuse par ailleurs, car elle est recyclée comme fertilisant pour les champs.

Le jus ainsi clarifié, d’une couleur ambrée rappelant celle du whisky, affiche une concentration de 13 à 15 degrés Brix, le reste étant principalement de l’eau. L’évaporation du jus est réalisée dans des évaporateurs centraux où il est concentré en un sirop épais à environ 65 degrés Brix. Ce processus s’effectue sous vapeur, avec des températures et des pressions spécifiques. 

Ensuite, le sirop de canne est acheminé vers des appareils à cuire. Durant ce processus, un peu de sirop est concentré à température de saturation et des noyaux de sucre très fins y sont ajoutés pour former des cristaux, qui grossissent en fonction de la granulométrie désirée. La masse cuite, un mélange de sirop et de cristaux, est centrifugée pour séparer les différentes variétés de sucres spéciaux des mélasses résiduelles. Les différents sucres spéciaux ainsi obtenus sont conditionnés en sacs de 25, 50 ou 1 000 kilos avant d’être livrés au Mauritius Sugar Syndicate.

Environ 10 000 tonnes de Fine Sugar, 35 000 tonnes de Golden Sugars et 35 000 tonnes de Demerara Sugars, soit un total de 80 000 tonnes de sucres spéciaux, sont produits par Agriterra, en fonction des rendements annuels. Sur le marché mondial chaque année, 300 000 tonnes de sucres spéciaux sont vendues, dont 140 000 tonnes proviennent de Maurice et 80 000 tonnes sont produites par Terra. 

L’Angleterre, avance Didier Ramsamy, est le plus grand marché pour les sucres spéciaux produits à Maurice, suivie de la France et des États-Unis. « Au niveau mondial, les sucres spéciaux de Maurice sont présents dans 65 pays », souligne-t-il. 

Pourquoi ces sucres sont-ils spéciaux ? Selon le Factory Manager, c’est en raison de leurs arômes et de leurs valeurs nutritives. Est-ce un travail difficile ? « Pendant la campagne de coupe, environ 300 employés sont mobilisés et travaillent en rotation de lundi à dimanche pour produire ces sucres d’exception », indique-t-il. Aime-t-il son métier ? « C’est super intéressant car il n’y a jamais deux jours qui se ressemblent », dit-il. Avec un sourire, il conclut : 

« Maintenant, vous savez combien d’efforts sont nécessaires pour produire un grain de sucre. Alors, ne le gaspillez pas. »


Sebastien Mamet, General Manager : «Constance et qualité font notre réputation dans le domaine des sucres spéciaux»

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Sebastien Mamet, le General Manager d’Agriterra.

Issu d’une famille de comptables, Sebastien Mamet est le General Manager d’Agriterra, le pôle cannier de Terra, qui regroupe, depuis juillet 2024, Terragri (activités agricoles) et Terra Milling (activités industrielles). « Ce regroupement marque une avancée stratégique, favorisant une meilleure cohésion et une plus grande efficacité à travers toute la chaîne de valeur de la canne à sucre », explique-t-il. 

Le logo « From Cane to Crystal » est un hommage au processus complet de transformation de la canne à sucre, tout en reflétant un engagement fort d’Agriterra dans la production de sucres spéciaux. « Agriterra est l’une des rares usines à travers le monde à offrir une telle variété de sucres spéciaux. Grâce à notre constance et à notre souci de qualité, nous avons su nous imposer comme un leader mondial dans ce domaine. » 

Sébastien Mamet met également l’accent sur la capacité d’Agriterra à répondre aux attentes les plus pointues de ses clients, grâce à une production à grande échelle. « Notre réussite est avant tout le fruit du travail assidu de nos équipes et de notre engagement indéfectible en faveur de l’innovation. Chez Agriterra, nous ne produisons pas seulement du sucre, nous contribuons à façonner l’avenir des sucres spéciaux », souligne-t-il.

Sur le plan de la durabilité et de l’innovation, Agriterra a récemment investi dans des moissonneuses dotées de moteurs intelligents, réduisant ainsi la consommation de carburant tout en augmentant l’efficacité. « La fertilisation de précision a, par ailleurs, amélioré le suivi des rendements, et l’entreprise s’est engagée dans la diversification de ses cultures avec des produits tels que les pommes de terre et les oignons, contribuant à l’autosuffisance alimentaire », confie-t-il.

L’humain est au cœur de la stratégie d’Agriterra. « L’entreprise recrute activement de jeunes diplômés et encourage la diversité au sein de ses équipes. Une Employee Value Proposition (EVP) a été mise en place pour attirer les meilleurs talents et promouvoir l’apprentissage continu », fait-il savoir. De plus, les collaborateurs d’Agriterra bénéficient d’un Employee Assistance Program, un programme de soutien psychologique visant à améliorer la qualité de vie au travail. 

Évoquant l’initiative « Culture in Motion », il précise qu’Agriterra favorise un environnement de travail dynamique et inclusif, faisant la part belle à l’innovation culturelle et à la collaboration. « Un programme de leadership a également été instauré, visant à développer l’excellence opérationnelle à tous les niveaux, soutenant ainsi la croissance des talents internes », indique-t-il. 

En combinant innovation, durabilité et développement humain, Agriterra s’impose non seulement comme un leader dans la production de sucres spéciaux, mais aussi comme une entreprise tournée vers l’avenir où l’engagement envers l’excellence guide chaque action, conclut Sebastien Mamet.

La menace grandissante des incendies de canne

Récemment, les champs de canne autour d’Agriterra ont été confrontés à une recrudescence d’incendies. Qu’ils soient d’origine criminelle ou accidentelle, ces feux posent un défi grandissant, nécessitant une collaboration étroite entre tous les acteurs du secteur (planteurs, autorités locales et services d’urgence), soutient Jean-Marc Jauffrey. 

La pratique du brûlage de la canne, lorsqu’elle n’est pas maîtrisée, constitue un danger grave et devrait être définitivement abandonnée, estime-t-il. En effet, les incendies de canne peuvent rapidement se propager, causant des dommages matériels et environnementaux considérables. Face à cette situation préoccupante, il est impératif que tous les acteurs unissent leurs efforts pour mettre en place des mesures préventives efficaces et des protocoles d’intervention rapide. Selon lui, seule une approche collaborative permettra de protéger les ressources agricoles, l’environnement et les communautés locales contre les risques liés aux incendies non contrôlés dans les champs de canne à sucre.

En chiffres

  • 5 200 hectares de culture de canne à sucre.
  • 82 % de la récolte est mécanisée.
  • 69,7 tonnes de canne par hectare en 2023.
  • 80 tonnes de canne par hectare prévues en 2024.
  • 280 tonnes de canne broyées par heure.
  • 60 000 tonnes de sucres spéciaux produites en 2023.
  • 5 871 tonnes de paille de canne envoyées à Terragen pour la production d’énergie verte.
  • 35 hectares dédiés à la culture d’oignons et de pommes de terre.
  • 275 employés dans les champs, l’usine et les bureaux administratifs.
 

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