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Diabète juvénile : l’obésité est le facteur principal chez les enfants

Le rajeunissement de la maladie s’explique par le changement de mode de vie.
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Les diabétiques sont de plus en plus jeunes. Le style de vie accentue le risque de développer la maladie. Il y a la mauvaise alimentation, le surpoids et le manque d’activités physiques. Le point avec le Dr Anjuli Gunness, diabétologue et endocrinologue et Yashnee Chunnoo, Pharmaceutical Operations Lead au centre international de développement pharmaceutique.

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Dr Anjuli Gunness, diabétologue et endocrinologue.

Le diabète ne touche plus que les adultes et les seniors. Il est devenu une maladie redoutable qui affecte les enfants et les adolescents. Et, un des facteurs déterminants de son inquiétante augmentation est la prévalence accrue de l’obésité infantile. D’ailleurs, selon une étude menée en 2012 dans 23 écoles primaires locales à Maurice, 20 % des garçons et 24 % des filles étaient en surpoids ou obèses.

En vue de trouver des solutions à cette situation, le centre international de développement pharmaceutique (CIDP) axe ses recherches sur les maladies non transmissibles. Le diabète en fait partie et il sensibilise les parents et les enfants sur l’importance d’adopter de bonnes habitudes alimentaires et de pratiquer une activité physique régulière. Une première journée portes ouvertes a eu lieu le samedi 19 février et deux autres sont prévues en mars et en avril (voir hors-texte).

Pour le Dr Anjuli Gunness, il faut être plus proactif dans le dépistage des enfants, dans toutes les écoles. Il faut commencer par ceux à haut risque, avec un indice de masse corporelle (IMC) élevé ou des antécédents médicaux familiaux importants. 

« Ce qui permettrait d’identifier les enfants qui présentent un risque élevé de développer le diabète et d’intervenir sur leur mode de vie. Il faut noter que 50 % des enfants qui ont le diabète ne présentent aucun symptôme. D’autres peuvent présenter des symptômes typiques tels qu’une soif accrue et un besoin plus fréquent d’uriner. De plus, si le taux de sucre est très élevé, les enfants peuvent commencer à perdre du poids et se plaindre d’une vision floue. Parfois, les symptômes peuvent être plus subtils : des infections urinaires ou génitales récurrentes. Les filles peuvent avoir des règles irrégulières. Des plaies ne guérissent pas ou s’estompent lentement », poursuit la diabétologue et endocrinologue.

Traitement

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Yashnee Chunnoo, Pharmaceutical Operations Lead au CIDP.

Il n’existe actuellement aucun traitement curatif du diabète. Il est conseillé aux patients en surpoids qui ont le diabète de type 2 de perdre du poids et d’améliorer leur régime alimentaire. Ce qui peut mettre leur diabète en rémission pendant un certain nombre d’années. Et ils peuvent avoir besoin de moins de médicaments ou ne pas en avoir besoin pour traiter leur diabète. Cependant, depuis quelques années, le CIDP mène des essais pédiatriques pour le diabète de type 2, afin d’accélérer la mise sur le marché de nouvelles thérapies.

« Celui en cours se concentre sur l’évaluation de l’utilisation d’un médicament expérimental chez des patients âgés de 10 à 17 ans atteints du diabète de type 2. Ce médicament est déjà approuvé pour une utilisation chez les adultes et son efficacité est maintenant évaluée pour la population pédiatrique. Les patients sont bien encadrés pendant toute la durée de leur participation à l’étude et bénéficient d’une évaluation complète. Ils sont suivis par des diabétologues et, le cas échéant, des traitements sont préconisés », fait ressortir Yashnee Chunnoo, Pharmaceutical Operations Lead au CIDP.

Toutefois, l’alimentation et le mode de vie peuvent avoir un impact majeur sur l’évolution de la maladie et restent les éléments clés du traitement. Les parents doivent de ce fait donner l’exemple si leurs enfants ont le diabète de type 2. « Il est difficile de dire à un enfant de prendre son diabète au sérieux, de manger moins de glucides ou de faire plus d’exercices, si les adultes ne le font pas eux-mêmes. Ces bonnes habitudes profiteront à toute la famille. Le suivi avec des professionnels – diabétologues, diététiciens, psychologues et ophtalmologues si nécessaire – est aussi primordial. Le diabète est une maladie difficile à vivre et à supporter. Et il est important que les parents et les enfants bénéficient du meilleur soutien possible », avance le Dr Anjuli Gunness.

Deux journées portes ouvertes centrées sur la sensibilisation

Les prochains rendez-vous sont le 5 mars et 9 avril au siège du CIDP à Phoenix. Ces deux journées portes ouvertes s’adressent aux parents qui sont inquiets du surpoids et de l’alimentation de leurs enfants âgés de 10 à 17 ans. Une consultation gratuite avec un médecin est prévue et il y aura plusieurs examens, dont le calcul de l’indice de masse corporelle et la vérification de la tension artérielle. Sur place, il sera aussi possible de connaître le risque de diabète et un test de glycémie gratuit sera effectué. Puisque la nutrition joue un rôle crucial, des conseils sur une alimentation saine seront prodigués. Il y aura également des activités pour les enfants tout au long de ces deux journées. Ces deux portes ouvertes sont de 9 heures à 15 heures.

La nutrition des enfants : là où le bât blesse !

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Nuzhah Dhookhun.

Trop sucrée, trop salée et bien trop grasse, l’alimentation des enfants devient un vrai problème de santé publique avec le rajeunissement du diabète. « L’obésité chez les enfants est très présente, ce qui entraîne une résistance à l’insuline et augmente le risque de diabète », explique Nuzhah Dhookhun, nutritionniste et collaboratrice auprès de Diabetes Prevention & Care Mauritius.

De plus, avec la Covid-19, le surpoids est devenu encore plus commun, puisque les jeunes sont souvent à la maison, devant la télévision, avec la tablette ou sur le téléphone portable. Le manque d’activités physiques couplé avec une mauvaise alimentation augmente les facteurs de risque.

En effet, les enfants sont habitués aux aliments transformés dès leurs jeunes âges : burgers, saucisses et frites qui ont une forte teneur en matière grasse et qui sont riches en glucides, ce qui favorise une digestion rapide. 

« Ces aliments augmentent rapidement le taux de sucre dans le sang », précise la nutritionniste. Elle alerte sur la qualité des aliments qu’on donne aux enfants. « Ils développent le goût pour des aliments avec beaucoup de calories et moins de nutriments. Et il devient difficile avec le temps de les habituer aux aliments plus naturels », ajoute-t-elle.

C’est donc aux parents de donner le bon exemple en évitant les aliments transformés et en proposant des aliments sains. Il s’agit de plus de fruits et de légumes qui sont riches en vitamines, minéraux et antioxydants. « Les légumes colorés contribuent au bon fonctionnement du corps. Ils protègent des radicaux libres et aident à rester en bonne santé », fait-elle observer. 

Pour elle, le changement s’opèrera si les parents sont plus impliqués à la maison. Elle souhaite aussi que les enseignants s’engagent à mettre en avant l’importance de bien manger.

Finalement, la nutritionniste aborde le volet législatif. Elle estime qu’il est important de revoir les messages concernant les fast-foods. Elle juge nécessaire d’envisager une subvention pour certains consommateurs, car les aliments naturels deviennent de plus en plus chers.

 

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